franchement, je n’ai pas aimé comment notre discussion a commencé.
Mais je vais te répondre parce que je pense que le débat doit toujours rester ouvert...avec ceux qui veulent bien débattre. ET parce que tu es le premier à poser ces questions.
1) Je suis bien syrien, qu’on le veuille ou pas. Et je vais te dire, malgré l’amour fou que j’ai pour mon pays, j’ai regretté, parfois, d’être syrien.
En particulier le fait de vivre loin de mes poches et de la ville de Homs dont je suis amoureux.
Ma venue en France est liée aux événements des années 1980. La politique d’alors était, entre autre, d’emprisonner toute personne potentiellement dangereuse pour le régime. De nombreux proches ont été arrêtés, torturés, certains ne sont jamais sortis. Inutile de préciser qu’ils n’avaient rien fait, qu’ils n’étaient pas des frères musulmans, et encore moins qu’ils faisaient parti de la branche armée des FM. Pourquoi ? parce que quand tu es recherché, mieux vaut partir.
2) Cette question est plus difficile à répondre :
Je ne pense pas qu’il y a des rebelles enSyrie. Je ne pense pas non plus qu’il y aient des gens armés.
En revanche, il y les défectionnaires, qui racontent qu’ils ne veulent pas tirer sur les manifestants pacifiques. Eux se sont chargés de défendre les manifestants. Il y a eu des attaques de leur part également. Dernièrement, il semblerait qu’ils s’en tiennent à protéger les civils. Mais les informations circulent mal, et il y a beaucoup de rumeurs, parfois infondées (comme l’attaque à Damas)
Sinon, la question est de savoir si ceux qui souhaitent le départ de Bachar ne sont qu’une minorité. Tant que le régime tirera sur les manifestants, comment le savoir ? Pourquoi ne pas organiser un référendum si le pouvoir est si sûr de lui.
J’ai une atre question pour toi.
Si 70% d’un peuple veulent qu’un dirigeant reste, mais que ce dernier se permet de tuer et torturer une partie des 30% restants (j’ai bien dit une partie), qu’en penses tu ?
Ce qu’il faut comprendre, c’est que les antiBachar ne peuvent accepter que le régime réprime à ce point, et sans raison, les civils.
Maintenant, je ne pense pas que la majorité soit Bachar. Je pense qu ele majorité est contre. Là où c’est plus nuancé, c’est sur le comment et l’après Bachar. La Syrie est un pays hautement stratégique et il est certain que beaucoup de grandes puissances vont chercher (cherchent déjà en fait) à se placer.
Une intervention étrangère ? justement, c’est une grande question qui est posé aux syriens. Certains ne veulent pas en entendre parler, c’est mon cas.
D’autres oui, mais que ce soit une solution arabe ou turque.
A ma connaissance, personne ne veut d’intervention terrestre de l’OTAN. Je n’ai entendu cela que de la part de BHL, et du régime syrien qui dit que c’est le but du complot contre lui.
C’est résumé ce que je te dis, en fait c’est plus nuancé que ça.
3) Non, je ne déplore pas que ce ne soit pas aussi rapide qu’en Libye, mais je constate que quand l’OTAn voulait y aller, ça se voit. Je dis que l’OTAN n’a aucune envie d’aller en Syrie. Je pense qu’Israël s’accomode très bien du régime de Bachar, ce qui a expliqué son silence pendant de nombreux mois. Dernièrement Ehud Barak a dit que Bachar connaîtrait le même sort que Kadhafi : ce qui signifie que les US ont convaincu Israël de la fin de Bachar. Ceci signifie aussi qu’il y a quelque chose de pas beau qui se prépare.
Voilà en gros, ça sera un point que je traiterait dans ma prochaine vidéo.
Car ici, il s’agissait de porter la voix de syriens qui existent et qui ont un message à faire passer, ces syriens que le régime nie ou traite de traîtres qui veulent faire un émirat islamique.
Pour répondre à ta question sur la Libye : je constate que cette histoire est loin d’être clair. La rapidité avec laquelle tout a été préparé, comment ça s’est fait et surtout les liens de certains membres du CNT avec les E.U.
Pour autant, je ne fait pas de Kadhafi un héros.
Et surtout, j’essaie d’être rigoureux, et je ne connais pas bien la Libye, donc j’évites de trop en parler. Je constate que c’est louche et j’attends de voir la suite. J’aurais aimé avoir plus de certitudes, mais bon, il faut savoir rester modeste devant son ignorance.
Et c’est pas Meyssan qui va me servir de référence, Meyssan qui, pour la petite histoire, est un proche du régime syrien.
a plus.