D’où l’inévitable question : pourquoi la FED, qui avait sauvé
Bear Sterns et qui, par la suite, sauva le système dans son ensemble,
a-t-elle laissé tomber Lehman Brothers ?
A cette question, la réponse officielle est que Lehman ne pouvait
fournir, à côté de ses actifs pourris à reprendre par un sauveteur
quelconque, d’actifs sains permettant de garantir la viabilité finale
de son bilan. Mouais. Vu ce que nous savons par ailleurs (...), il ne
semble pas que les autres banques d’affaires américaines aient pu, de
leur côté, présenter des comptes "sains" renvoyant "l’image fidèle"
d’une structure de bilan solide.
Alors pourquoi Lehman Brothers ?
Je n’ai pas la preuve de ce que je vais avancer ici, mais
voici ma thèse : l’oligarchie financière a décidé de créer un choc pour
conditionner l’opinion, en vue de débloquer ensuite les "plans de
sauvetage" bancaires qui ont permis, en toute simplicité, de reporter
les dettes sur les Etats, et donc en dernière analyse vers les
contribuables. La faillite de Lehman, en provoquant une énorme onde
de choc à travers le système financier mondial, a placé les dirigeants
politiques devant un choix cornélien : ou bien laisser tomber les
banques, et voir l’ensemble du système de l’argent s’effondrer (et avec
lui toute la structure sociale), ou sauver les banques, coûte que
coûte. Lehman Brothers, la plus petite des banques d’affaires US, a
donc été pour l’oligarchie financière un pion sacrifié. Et l’on
remarquera au passage que le Secrétaire au Trésor qui a décidé ce
sacrifice, Henri Paulson, est un ancien employé d’une concurrente de
Lehman, Goldman Sachs."
(...)
"En 2000, cependant, ces mêmes
dirigeants se rendent à l’évidence : l’Asie monte en puissance plus
vite qu’ils ne le pensaient, et leur propre économie productive menace
d’imploser sous l’effet même de la domination qu’ils exercent.
A partir de cette date, les dirigeants de l’anglosphère
s’organisent donc pour remodeler leur zone d’influence sur de nouveaux
schémas, plus inégalitaires (...) et donc plus favorables à la
concentration maximale du capital : un ajustement de la structure de
classes est en préparation, qui alignera plus ou moins l’Occident sur
un modèle comparable à celui de la Chine (main d’oeuvre corvéable,
oligarchie unifiée et structurée).
Ce remodelage de la structure
de classe a été préparé par une fausse reprise, orchestrée pour rendre
possible, en sortie de crise, un coup d’Etat déguisé".
(...)
La première conséquence de la crise , c’est la contamination de
la crise aux finances publiques. Depuis septembre 2008, profitant de
l’état de choc créé par la faillite de Lehman Brothers, l’oligarchie
financière a contrainte les Etats à un soutient financier massif, tel
qu’aucune industrie en difficulté n’en a jamais eu."
MICHEL DRAC dans "Crise ou coup d’Etat ?"
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/interview-de-michel-drac-auteur-de-65625
"L’option "intégration
impériale" impliquerait du point de vue des classes dirigeantes
européennes une double révolution mentale : un enterrement de la nation
et un mariage impérial ; d’une part, une renonciation à défendre
l’indépendance de leurs peuples, mais en contrepartie, pour ce qui les
concerne, une intégration de plein droit à la classe dirigeante
américaine."
EMMANUEL TODD dans "Après l’Empire".
(...) Dominique Strauss-Kahn, vient d’émettre une proposition très
rationnelle, qui peut conduire au meilleur comme au pire, selon la
façon dont elle sera mise en oeuvre. Il vient en effet de demander
que soit donné à l’institution qu’il dirige un mandat de supervision du
système financier international, avec droit d’intervention dans les
affaires budgétaires des nations, pour éviter que les pays continuent à
s’endetter sans contrôle, promettant en échange d’ouvrir aux Etats dont
le comportement budgétaire deviendrait raisonnable des lignes de crédit
à court terme en complément de celles que leur accordent déjà, de façon
presque illimitée, les marchés financiers et les banques centrales. (...)
(...) la
mise en oeuvre de cette proposition déboucherait sur la transformation
du FMI en banque centrale planétaire, assurant la liquidité de tout le
système financier international avec une monnaie unique mondiale.
JACQUES ATTALI dans l’Express.