@Flamm : Pas grand-chose à ajouter à ce qu’a dit iakin, si ce n’est peut-être cet extrait du "Génocide voilé" de Tidiane N’Diaye (2008), qui permet d’illustrer le propos.
"On
sait que l’homme fut de tout temps soumis "au joug de l’Homme"
(saint Augustin) : esclavage, servage, voire, de nos jours,
prostitution et exploitation des enfants... Ce fut le lot des
civilisations, aucune n’y a échappé. Aussi, proclamer
que telle société fut "esclavagiste" ou eut
telle ou telle pratique immorale est, en quelque sorte, s’ériger
en juge d’une tare probablement universelle. Car Africains, Européens
(Grecs, Romains, etc.), Arabes, Persans, Chinois, Indiens du Mexique
et des Andes, tous, peu ou prou, se sont employés, sous
diverses formes, à la pratique d’un système que notre
éthique moderne réprouve. La force ou les religions
furent les armes qui permirent de l’imposer en toute tranquillité
d’esprit. Chrétiens et musulmans en abusèrent.
Il
est vrai que le combat politique ou juridique remplace aujourd’hui la
morale. Chacun y va de son couplet, et c’est à qui fera le
mieux entendre sa voix, quelquefois dans une sorte de concurrence des
Mémoires. Loin de nous l’idée de vouloir
communautariser l’histoire ou les Mémoires, ce qui serait la
porte ouverte à une hiérarchisation victimaire. Mais
force est de reconnaître que la dimension prise par la traite
et l’esclavage qu’ont subis les peuples noirs dépasse en
nombre de victimes, en durée et en horreurs tout ce qui avait
précédé. Et dans la genèse de ces
malheurs, historiquement la traite négrière est une
invention du monde arabo-musulman.
L’ampleur
de cette tragédie inaugurée par les Arabes est en cela
unique : elle correspond à une forme inédite
d’esclavage, de par son intensité, sa justification, sa nature
mais surtout sa durée – treize siècles – et le
nombre de sociétés qui l’ont pratiqué. Cette
entreprise gigantesque aurait pu conduire à la disparition
totale des peuples noirs sur le continent africain. Tout cela pour
satisfaire les besoins expansionnistes, marchands et «
domestiques » des nations arabo-musulmanes."