J’ai encore un peu continué la vidéo. Le résumé de la philosophie de l’histoire de Hegel est un morceau d’anthologie : "l’Esprit, avec un grand E. Quand Hegel considère que quelque chose est important, il met une majuscule". Le conférencier, malgré son nom à consonance germanique, n’a visiblement aucune notion d’allemand. En allemand, on met des majuscules à TOUS les noms, importants ou pas. Il semble qu’il y ait ici une confusion entre Hegel et ses traducteurs.
Plus excusable est le contresens concernant le jugement porté par Hegel sur le matérialisme. Hegel avait en fait le plus grand respect pour Démocrite et Epicure. Seulement, pour lui, toute philosophie est un idéalisme - conscient ou inconscient. Le matérialisme est un idéalisme qui s’ignore. Cela peut paraître absurde, bien sûr, mais si on y réfléchit, c’est à l’aide de la pensée que nous déterminons les caractéristiques de la matière : espace, figure, masse, etc. Cela ne signifie pas que les choses matérielles, pour Hegel, n’aient aucune réalité objective. Son idéalisme n’est pas celui de Berkeley. Seulement, il n’y a pas pour Hegel de séparation radicale entre l’être et la pensée : tout ce qui est, même ce qui ne pense pas, est pensable et trouve sa vérité, son accomplissement dans la pensée. Sans doute mon résumé est-il approximatif. Tout ce que je voulais dire, c’est qu’il est facile de ridiculiser une pensée difficile : il suffit pour cela de ne pas la comprendre et de lui faire dire ce qu’elle ne dit pas.