Ce brave guerrier du néant, dont la panoplie martiale se résume à "shit-basket-casquette", pour remplir son vide existentiel, s’exhibe dans une mise en scène égocentrique et caricaturale où l’anecdotique prend le dessus sur l’événementiel. Effectivement, aujourd’hui, il n’y a plus de gloire à s’évader. A Bobigny, Un dealer pris avec 50kg de cannabis est relâché après 5 jours. 

Le manque de recul qu’ont ces jeunes par rapport à eux-même disparait dans la restauration collective de la fierté en bande. Comme disait l’autre, c’est plus confortable d’être imbécile à plusieurs qu’être intelligent tout seul, ce qui permet de se passer de raisonner. Nous avons là une inversion tragique du sens des valeurs comme il est aisé de le voir dans ce ballet de niaiseries où l’on fête surtout la présence du vide, l’absence de son propre devenir et l’effacement de soi dans une société qui est déjà quasi en ruines et dont tous les codes se sont effondré. Et dans une société où il n’y a plus de combats ni de possibilités d’illusion, il ne reste alors que l’exhibition de soi. C’est ce que - je l’ai déjà mentionné ailleurs - le génie de Philippe Muray a su mettre en exergue dans un éclair de lucidité prémonitoire, et dans ce qu’il appellait la "pride" : gay-pride, catho-pride, islam-pride, black-pride, bio-pride, racaille-pride, etc. Signes évidents d’une société décadente. Un autre moyen envisageable contre la sensation permanente de manque de désir est l’attrait irrésistible pour une organisation en troupeau. Ou encore, comme le dit Nietzsche, « L’éveil du sentiment de puissance dans la communauté, et sa conséquence, l’étouffement du dégoût individuel de soi dans le plaisir de la prospérité commune. »

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