Excellent argumentaire de machiavel. J’ajoute que voir dans le Parlement ou même le gouvernement actuels des instances délibératives, franchement on se marre ! Certes, on a pu délibérer activement au Parlement durant la première phase du gouvernement représentatif, que Bernard Manin dénomme "parlementarisme" dans ses Principes du Gouvernement représentatif. Mais depuis l’avènement des partis politiques, cette délibération parlementaire est réduite à peau de chagrin : les députés reçoivent des consignes de vote impératives, et surtout sont peu nombreux à délibérer pour chacune des lois (très couramment, une vingtaine ou une trentaine sur 577). Non seulement la délibération est devenue inexistante en volume d’échanges, mais quand elle a lieu, elle n’a pas la moindre importance puisque tout est décidé à l’avance !
Le peuple a mille fois plus délibéré durant le dernier référendum de 2005, que le Parlement ne délibère depuis maintenant plus d’un siècle !
Quant au peuple en colère qui fait tant frémir M. Rousseau, je ne saurais trop conseiller la lecture de
cet excellent entretien avec l’historienne Sophie Wahnich. Un extrait :
"Loin de confondre toutes les pratiques violentes, une approche pertinente des faits de violence doit distinguer classiquement entre violence exécutive, réprimante – en Révolution, en 1791-1792, l’usage par exemple de la loi martiale, de la violence législative qui fabrique une violence symbolique. Mais il s’agit aussi de distinguer l’émeute nouée à la revendication de résistance à l’oppression, du massacre noué au « silence des lois », et à l’ouverture d’un cycle de la vengeance. Cette vengeance, les anthropologues la considèrent comme la forme que prend la justice quand la société n’est pas unifiée mais qu’elle vise à le redevenir. Elle n’est pas une forme dégradée de la justice pénale, mais la forme de justice à l’œuvre dans des sociétés scindées en deux groupes vindicatoires. Si la guerre est, dans sa forme défensive, une troisième institution de justice, elle ne vise que l’anéantissement du groupe ennemi. La vengeance publique vise, elle, la réconciliation sociale avec le groupe vindicatoire antagoniste dont la dette d’honneur et de sang doit être réduite pour pouvoir réunifier la société. La vengeance n’est pas une loi martiale."