C’est curieux, les changements de considération d’une époque à l’autre.
Je suis originaire du Berry, j’ai grandi dans une exploitation de 80 hectares. Quand j’étais en primaire, sur une classe d’environ 30 élèves, nous étions que deux à être les enfants d’exploitants agricole et je peux dire qu’il y avait un certain manque de considération à notre égard vis à vis des autres élèves. Je me souviens aussi du "foutage de gueule" que devait supporter le fils d’exploitants d’une ferme voisine, lorsque le car du collège s’arrêtait devant chez lui, et que le tas de fumier trônait bien imposant dans sa cour. J’étais alors bien content des 250 mètres qui séparait notre exploitation de l’arrêt du car. Mais bon, tout ça, c’est du passé et c’était une époque ou l’agriculture conventionnelle était déjà bien implantée et ou personne ne trouvait encore rien à en dire. C’était le tout début des années 80s et le monde urbain avait déjà pris de belles distances par rapport au monde rural. 30 ans après, c’est l’heure des prises de conscience. Aujourd’hui, pour ma part, je vis dans le 20ème à Paris, je suis salarié dans un milieu qui n’a rien à voir avec d’où je viens.
Je trouve que c’est bien ce rapprochement entre le monde urbain et le monde rural et j’espère que ça permettra à la longue de diminuer le décalage qui n’a fait que prendre de l’ampleur avec l’installation galopante de l’agriculture conventionnelle après guerre. J’ai l’impression en vous lisant que ce décalage est déjà bien différent.