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Commentaire de rastapopulo

sur Comment le Qatar aux ordres de Washington a manipulé le printemps arabe


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rastapopulo rastapopulo 14 janvier 2013 18:14

C’est donc assez tardif et, au vue de l’énormité des retrocom du contrat Al Yamamah entre les british et les saoud’s ("épées des wahabites" dixit l’historien Jacques Benoist-Méchin), presque anecdotique.
 
Plus important (et contre l’anti-americanisme primaire), les british n’ont jamais eu d’autres valeur à proposer que le malthusianisme aux pays musulmans. Les USA eux sont issue historiquement d’une culture anti-impérialisme via le développement productif. Ce principe fondamentale des USA revient périodiquement (livraison de locomotive à la Chine par Lincoln, fin de la doctrine Monroe par roosevelt,...). Bien que les USA n’y font plus appelle depuis Kennedy, il y a véritablement une autre vision des intérêts géostratégiques que celle de la rareté organisé d’après Solidaritéetprogrès. As tu lu leur position sur la vision de Roosevelt, Eisenhower et Kennedy pour le moyen orient ? C’est très détaillé.

http://www.solidariteetprogres.org/documents-de-fond-7/histoire/article/terrorisme-islamiste-les.html

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Après sa rencontre avec Ibn Saoud, qu’il avait trouvé complètement désabusé (par les british), Roosevelt confia à Frances Perkins, sa secrétaire au Travail et l’une de ses plus proches collaboratrices : « Pourquoi le Proche-Orient est-il si instable ? Parce que les gens y sont pauvres. Ils n’ont pas de quoi manger. Ils n’ont pas de quoi s’occuper de façon normale. Ils ont besoin de ravitaillement, et ils ont besoin d’en trouver chez eux. Cela seul, à mon avis, ferait plus que tout le reste pour diminuer les risques d’explosion dans ces régions. Voyez ce que les Juifs font en Palestine. Ils ne cessent d’inventer de nouveaux procédés pour exploiter le désert. (…) Quand je ne serai plus Président et que cette sacrée guerre sera finie, je crois que nous irons au Proche-Orient avec Eleanor [sa femme, Nda], pour voir si l’on peut y monter une entreprise comme le système du bassin du Tennessee et faire vraiment quelque chose de ce pays ; ça m’intéresserait beaucoup. »
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C’est la crise du canal de Suez, en 1956, qui fit entrer sur la scène mondiale le panislamisme britannico-saoudien. Lorsque le Président américain Dwight Eisenhower insista pour que cesse l’agression anglo-franco-israélienne contre Nasser en Égypte, les Frères musulmans et d’autres mouvements religieux devinrent clés pour la déstabilisation de l’Égypte et de toute autre nation musulmane qui aspirait à la décolonisation.
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Les choses s’empirèrent encore pour les Britanniques lorsque des officiers républicains renversèrent le sultan du Yémen en 1962. Les républicains étaient soutenus par Nasser, et l’administration Kennedy reconnut la république du Yémen immédiatement après le coup. Le sultan s’enfuit en Arabie Saoudite et engagea le combat depuis la frontière avec l’aide des Saoudiens et d’armes importées de Grande-Bretagne par le trafiquant Adnan Khashoggi, qui ferait encore parler de lui par la suite.

La principale faille de la politique américaine envers les forces anti-britanniques était l’idéologie de la Guerre froide, qui faisait de chaque anti-impérialiste un « communiste ». C’était là une partie de la politique du rideau de fer instiguée par Churchill qui, avec l’aide de présidents américains anglophiles tels que Harry Truman, et de conseillers présidentiels comme John Foster Dulles, George Schultz et Henry Kissinger, tourna les États-Unis du côté des monarchies féodales soutenues par les Britanniques dans les pays non-développés, et contre le Mouvement des pays non-alignés.

Les Frères musulmans devinrent une épine dans le pied du président égyptien Nasser et de tout gouvernement arabe nationaliste, notamment en Syrie et en Tunisie. La Syrie avait forgé une alliance avec l’Égypte de Nasser, donnant naissance à la République arabe unie ; les royaumes saoudien, irakien et jordanien avaient formé une alliance pour contrer ce front égypto-syrien. En 1958, le roi Saoud ben Abdel Aziz donna deux millions de livres sterling à des terroristes pour assassiner le président syrien Shukri al-Kuwatli et le président égyptien Nasser, et mener un coup d’état dans les deux pays à la fois. La tentative échoua, mais divisa le monde arabe pour les décennies à venir.

Selon des fuites parmi certains dirigeants des Frères musulmans, les Saoudiens soutinrent plusieurs autres tentatives d’assassinat contre Nasser, faisant entrer clandestinement des armes du Soudan vers l’Égypte. L’Arabie Saoudite était devenue le principal appui des Frères musulmans, qui firent des ravages avant d’être démantelés en Égypte, en Syrie et en Tunisie. Il est intéressant de noter que les dirigeants de l’organisation dans ces trois pays sont aujourd’hui réfugiés à Londres : Ali al-Bayanouni (Syrie), Rashid al-Ghannoushi (Tunisie) et Kamal al-Halbawi (Égypte). Ils sont encore actifs politiquement et mènent des activités de subversion contre leurs gouvernements respectifs.

En août 1969, de soi-disant terroristes israéliens brûlèrent la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, ouvrant la voie aux premiers cris panislamiques. Le roi saoudien Fayçal appela à l’établissement d’un mouvement panislamique qui donna naissance à l’Organisation de la conférence islamique, dont le siège est à Djeddah, en Arabie Saoudite ; le but étant de remplacer le nationalisme anti-colonial par le panislamisme.

En 1973, durant la guerre israélo-arabe du Kippour, l’Arabie Saoudite et l’Iran entrèrent dans le jeu d’Henry Kissinger en retirant le pétrole du marché pour protester contre le soutien occidental envers Israël, faisant quadrupler les prix [6]

Le 6 octobre 1973, l’Égypte et la Syrie envahirent Israël, déclenchant la guerre du Kippour. Henry Kissinger, qui était déjà conseiller national à la Sécurité de Nixon (on le surnommait le « tsar » du renseignement américain), s’était arrangé pour être également nommé secrétaire d’État dans les semaines qui avaient précédé l’attaque. Étant un intime de l’ambassadeur israélien à Washington et assurant la liaison avec le camp égypto-syrien, il sema le trouble dans les relations entre les deux parties pour s’assurer d’une réponse israélienne musclée.

À la mi-octobre, le gouvernement allemand avisa les États-Unis qu’ils resteraient neutres dans le conflit israélo-arabe et ne permettrait pas aux américains de réapprovisionner Israël à partir des bases militaires allemandes. Nixon, conseillé par Kissinger, répondit sèchement que l’impartialité allemande était inenvisageable. Par contre, le Royaume-Uni fut autorisé à déclarer tranquillement sa neutralité.

Le 16 octobre, l’OPEP procéda à une augmentation de 70 % du prix du baril de pétrole (le baril passant de 3 à 5 dollars). Le même jour, les membres des pays arabes de l’OPEP, arguant du soutien américain à Israël dans la guerre du Golfe, déclarèrent un embargo sur toutes les ventes destinées aux États-Unis et à la Hollande, Rotterdam étant le principal port pétrolier d’Europe de l’Ouest. Le premier choc pétrolier mondial était déclenché. Le Royaume-Uni, qui avait pu affirmé sa neutralité, évita l’embargo.


Henry Kissinger.

Le 1er janvier 1974, le shah d’Iran, obéissant à Kissinger (dont le département d’État ne connaissait même pas les manœuvres, surprit tout le monde en exigeant une deuxième augmentation du prix du pétrole de plus de 100 %, amenant le prix du baril de pétrole de l’OPEP à 11,65 dollars. L’augmentation de 400 % « prévue » par le groupe de Bilderberg à Saltsjöbaden devenait ainsi un fait accompli.

Cette envolée du prix du pétrole de l’OPEP eut pour conséquence de rendre rentables les centaines de millions de dollars investis notamment par British Petroleum et Royal Dutch Shell en mer du Nord, dont l’exploitation était difficile. De plus, l’Agence monétaire saoudienne fut directement conseillée par un jeune banquier de Wall Street, David Mulford, pour guider les pétrodollars saoudiens vers les banques londoniennes et new-yorkaises.

Le plan du groupe de Bilderberg, qui avait été de ramener vers les cartels financiers anglo-américains un dollar en chute libre après le démantèlement des accords de Bretton Woods, avait ainsi réussi. Henry Kissinger, qui faisait lui-même partie du groupe de Bilderberg, fut une pièce maîtresse de l’échiquier. Il était à la fois conseiller national à la Sécurité et secrétaire d’État, une double casquette que personne avant lui et personne après lui n’obtint jamais. Son influence à la Maison Blanche se trouva encore renforcée lorsque le scandale du Watergate prit toute son ampleur fin 1973, braquant les projecteurs sur Nixon. Cerise sur le gâteau, Kissinger obtint le prix Nobel de la paix dans le courant de l’année 1973.

Le 10 mai 1982, dans un discours au Royal Institute of International Affairs de Londres, Henry Kissinger reconnu publiquement que lorsqu’il était secrétaire d’Etat, les britanniques participaient directement aux délibérations internes de la diplomatie américaine et qu’il entretenait des liens plus étroit avec le Foreign office britannique qu’avec son propre département d’Etat ! ]]. Le roi Fayçal devint ainsi à son tour le héros du monde musulman ; les États-Unis et Israël devinrent le nouvel ennemi, en lieu et place des Britanniques qui gardaient profil bas en se concentrant sur leurs bénéfices financiers réalisés grâce aux pétrodollars générés par la crise.


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