C’est donc assez tardif et, au vue de l’énormité des retrocom du contrat Al Yamamah entre les british et les saoud’s ("épées des wahabites" dixit l’historien Jacques Benoist-Méchin), presque anecdotique.
Plus important (et contre l’anti-americanisme primaire), les british n’ont jamais eu d’autres valeur à proposer que le malthusianisme aux pays musulmans. Les USA eux sont issue historiquement d’une culture anti-impérialisme via le développement productif. Ce principe fondamentale des USA revient périodiquement (livraison de locomotive à la Chine par Lincoln, fin de la doctrine Monroe par roosevelt,...). Bien que les USA n’y font plus appelle depuis Kennedy, il y a véritablement une autre vision des intérêts géostratégiques que celle de la rareté organisé d’après Solidaritéetprogrès. As tu lu leur position sur la vision de Roosevelt, Eisenhower et Kennedy pour le moyen orient ? C’est très détaillé.
http://www.solidariteetprogres.org/documents-de-fond-7/histoire/article/terrorisme-islamiste-les.html
...
Après sa rencontre avec Ibn Saoud, qu’il avait trouvé complètement désabusé (par les british), Roosevelt confia à Frances Perkins,
sa secrétaire au Travail et l’une de ses plus proches collaboratrices :
« Pourquoi le Proche-Orient est-il si instable ? Parce que les gens y
sont pauvres. Ils n’ont pas de quoi manger. Ils n’ont pas de quoi
s’occuper de façon normale. Ils ont besoin de ravitaillement, et ils ont
besoin d’en trouver chez eux. Cela seul, à mon avis, ferait plus que
tout le reste pour diminuer les risques d’explosion dans ces régions.
Voyez ce que les Juifs font en Palestine. Ils ne cessent d’inventer de
nouveaux procédés pour exploiter le désert. (…) Quand je ne serai plus
Président et que cette sacrée guerre sera finie, je crois que nous irons
au Proche-Orient avec Eleanor [sa femme, Nda], pour voir si l’on peut y
monter une entreprise comme le système du bassin du Tennessee et faire
vraiment quelque chose de ce pays ; ça m’intéresserait beaucoup. »
...
C’est la crise du canal de Suez, en 1956, qui fit entrer sur la scène
mondiale le panislamisme britannico-saoudien. Lorsque le Président
américain Dwight Eisenhower insista pour que cesse l’agression anglo-franco-israélienne contre Nasser
en Égypte, les Frères musulmans et d’autres mouvements religieux
devinrent clés pour la déstabilisation de l’Égypte et de toute autre
nation musulmane qui aspirait à la décolonisation.
...
Les choses s’empirèrent encore pour les Britanniques lorsque des
officiers républicains renversèrent le sultan du Yémen en 1962. Les
républicains étaient soutenus par Nasser, et l’administration Kennedy
reconnut la république du Yémen immédiatement après le coup. Le sultan
s’enfuit en Arabie Saoudite et engagea le combat depuis la frontière
avec l’aide des Saoudiens et d’armes importées de Grande-Bretagne par le
trafiquant Adnan Khashoggi, qui ferait encore parler de lui par la suite.
La
principale faille de la politique américaine envers les forces
anti-britanniques était l’idéologie de la Guerre froide, qui faisait de
chaque anti-impérialiste un « communiste ». C’était là une partie de la
politique du rideau de fer instiguée par Churchill qui, avec l’aide de présidents américains anglophiles tels que Harry Truman, et de conseillers présidentiels comme John Foster Dulles, George Schultz et Henry Kissinger,
tourna les États-Unis du côté des monarchies féodales soutenues par les
Britanniques dans les pays non-développés, et contre le Mouvement des
pays non-alignés.
Les Frères musulmans devinrent une épine dans le pied du président égyptien Nasser
et de tout gouvernement arabe nationaliste, notamment en Syrie et en
Tunisie. La Syrie avait forgé une alliance avec l’Égypte de Nasser,
donnant naissance à la République arabe unie ; les royaumes saoudien,
irakien et jordanien avaient formé une alliance pour contrer ce front
égypto-syrien. En 1958, le roi Saoud ben Abdel Aziz donna deux millions de livres sterling à des terroristes pour assassiner le président syrien Shukri al-Kuwatli et le président égyptien Nasser,
et mener un coup d’état dans les deux pays à la fois. La tentative
échoua, mais divisa le monde arabe pour les décennies à venir.
Selon
des fuites parmi certains dirigeants des Frères musulmans, les
Saoudiens soutinrent plusieurs autres tentatives d’assassinat contre Nasser,
faisant entrer clandestinement des armes du Soudan vers l’Égypte.
L’Arabie Saoudite était devenue le principal appui des Frères musulmans,
qui firent des ravages avant d’être démantelés en Égypte, en Syrie et
en Tunisie. Il est intéressant de noter que les dirigeants de
l’organisation dans ces trois pays sont aujourd’hui réfugiés à Londres :
Ali al-Bayanouni (Syrie), Rashid al-Ghannoushi (Tunisie) et Kamal al-Halbawi (Égypte). Ils sont encore actifs politiquement et mènent des activités de subversion contre leurs gouvernements respectifs.
En
août 1969, de soi-disant terroristes israéliens brûlèrent la mosquée
Al-Aqsa à Jérusalem, ouvrant la voie aux premiers cris panislamiques. Le
roi saoudien Fayçal appela à l’établissement d’un
mouvement panislamique qui donna naissance à l’Organisation de la
conférence islamique, dont le siège est à Djeddah, en Arabie Saoudite ;
le but étant de remplacer le nationalisme anti-colonial par le
panislamisme.
En 1973, durant la guerre israélo-arabe du Kippour, l’Arabie Saoudite et l’Iran entrèrent dans le jeu d’Henry Kissinger en retirant le pétrole du marché pour protester contre le soutien occidental envers Israël, faisant quadrupler les prix [6]
Le 6 octobre 1973, l’Égypte et la Syrie envahirent Israël, déclenchant la guerre du Kippour. Henry Kissinger, qui était déjà conseiller national à la Sécurité de Nixon
(on le surnommait le « tsar » du renseignement américain), s’était
arrangé pour être également nommé secrétaire d’État dans les semaines
qui avaient précédé l’attaque. Étant un intime de l’ambassadeur
israélien à Washington et assurant la liaison avec le camp
égypto-syrien, il sema le trouble dans les relations entre les deux
parties pour s’assurer d’une réponse israélienne musclée.
À la
mi-octobre, le gouvernement allemand avisa les États-Unis qu’ils
resteraient neutres dans le conflit israélo-arabe et ne permettrait pas
aux américains de réapprovisionner Israël à partir des bases militaires
allemandes. Nixon, conseillé par Kissinger,
répondit sèchement que l’impartialité allemande était inenvisageable.
Par contre, le Royaume-Uni fut autorisé à déclarer tranquillement sa
neutralité.
Le 16 octobre, l’OPEP procéda à une augmentation de
70 % du prix du baril de pétrole (le baril passant de 3 à 5 dollars). Le
même jour, les membres des pays arabes de l’OPEP, arguant du soutien
américain à Israël dans la guerre du Golfe, déclarèrent un embargo sur
toutes les ventes destinées aux États-Unis et à la Hollande, Rotterdam
étant le principal port pétrolier d’Europe de l’Ouest. Le premier choc
pétrolier mondial était déclenché. Le Royaume-Uni, qui avait pu affirmé
sa neutralité, évita l’embargo.
Henry Kissinger.
Le 1er janvier 1974, le shah d’Iran, obéissant à Kissinger (dont
le département d’État ne connaissait même pas les manœuvres, surprit
tout le monde en exigeant une deuxième augmentation du prix du pétrole
de plus de 100 %, amenant le prix du baril de pétrole de l’OPEP à 11,65
dollars. L’augmentation de 400 % « prévue » par le groupe de Bilderberg à
Saltsjöbaden devenait ainsi un fait accompli.
Cette envolée du
prix du pétrole de l’OPEP eut pour conséquence de rendre rentables les
centaines de millions de dollars investis notamment par British
Petroleum et Royal Dutch Shell en mer du Nord, dont l’exploitation était
difficile. De plus, l’Agence monétaire saoudienne fut directement
conseillée par un jeune banquier de Wall Street, David Mulford, pour guider les pétrodollars saoudiens vers les banques londoniennes et new-yorkaises.
Le
plan du groupe de Bilderberg, qui avait été de ramener vers les cartels
financiers anglo-américains un dollar en chute libre après le
démantèlement des accords de Bretton Woods, avait ainsi réussi. Henry Kissinger,
qui faisait lui-même partie du groupe de Bilderberg, fut une pièce
maîtresse de l’échiquier. Il était à la fois conseiller national à la
Sécurité et secrétaire d’État, une double casquette que personne avant
lui et personne après lui n’obtint jamais. Son influence à la Maison
Blanche se trouva encore renforcée lorsque le scandale du Watergate prit
toute son ampleur fin 1973, braquant les projecteurs sur Nixon. Cerise sur le gâteau, Kissinger obtint le prix Nobel de la paix dans le courant de l’année 1973.
Le 10 mai 1982, dans un discours au Royal Institute of International Affairs de Londres, Henry
Kissinger reconnu publiquement que lorsqu’il était secrétaire d’Etat,
les britanniques participaient directement aux délibérations internes de
la diplomatie américaine et qu’il entretenait des liens plus étroit
avec le Foreign office britannique qu’avec son propre département
d’Etat ! ]]. Le roi Fayçal devint ainsi à son tour le
héros du monde musulman ; les États-Unis et Israël devinrent le nouvel
ennemi, en lieu et place des Britanniques qui gardaient profil bas en se
concentrant sur leurs bénéfices financiers réalisés grâce aux
pétrodollars générés par la crise.