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Commentaire de Guit’z

sur Le planning familial incite à l'avortement, même à l'étranger quand le délai légal est passé


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Guit’z 4 juillet 2013 15:03

@ Jean Robin,

 

Quand je parlais de militantisme borné...

 

Pantareï, disaient les Grecs : Tout change... Comment vous faire comprendre que le libéralisme est un processus historique et non seulement une doctrine, comme toutes les doctrines, pertinente dans la mesure même de son abstraction ? Que la main invisible d’Adam Smith dispense indifféremment friandises et paires de gifles ? Que ses vertus comme ses défauts dépendent d’un contexte lui-même essentiellement déterminé par ce processus cumulatif qu’est la technique ? Et que, vu de Paris en 2013, le libéralisme n’est pas tant "mon" ennemi métaphysique qu’une menace historique, celle de la méga-machine dont il est devenu la superstructure ?

 

D’abord, admettons que votre libéralisme à vous ne tue pas les fœtus... en revanche, c’est bien votre libéralisme qui, en Allemagne, se propose par exemple d’obliger certaines jeunes femmes à accepter un boulot d’hôtesse de charme sous peine de se voir supprimer leurs indemnités de chômage... Voilà pour l’éthique. S’agissant d’économie politique, vous raisonnez - et ce n’est pas indigne, au contraire - en patron de PME : soit aux antipodes du monde des multinationales et de la finance, avant-gardes de la technocratie et visage actuel du capitalisme libéral devenu totalitaire : ayant d’ores et déjà entrepris de reconfigurer les mentalités et se proposant même de reconfigurer la biologie humaine.

 

Que je sache, ce sont bien des libéraux qui rackettent les peuples pour renflouer les banques ? Je pourrais vous citer moi-même une collection étourdissante, infinie, de faits quant aux ravages du libéralisme contemporain : mais contrairement à vous, je ne me navrerai pas de votre refus de les constater, sachant depuis toujours qu’un idéologue - se réclamât-il du pragmatisme - n’a cure de ce qui le réfute peu ou prou. Or vous n’êtes pas moins un idéologue que vos adversaires, et que toutes les sous-merdes gauchistes qui vous accablent de leurs pitoyables injures à chacune de vos publications.

 

Jean, une société libre se compose de petits patrons et de petits propriétaires, c’est certain. Et les vertus de l’entrepreneur individuel, ainsi que son niveau de conscience, dépassent de loin celles du salarié bureaucrate irresponsable dont le petit fonctionnaire est souvent la caricature insupportable. Sur ce chapitre-là, inutile de vous mettre en peine : le marxiste cohérent, c’est-à-dire honnête et critique que je me targue d’être, pour avoir tiré les conséquences de la tragédie soviétique, est aussi convaincu que vous.

 

Mais le tort des idéologues libéraux est de croire que la liberté (politique, économique, culturelle) nait avec le libéralisme, et s’arrête à ses déclarations d’intention, ses préceptes miraculeux. Il est certain que les 30 Glorieuses, par exemple, ont essentiellement profité aux masses populaires ; le Capital ayant dû lâcher du lest pour garder la main face au chant des sirènes de l’Est. L’Est qui, pour autant, n’offrait pas une alternative à l’Ouest, seulement un modèle rival dans la course à l’économisme technicien. Car l’idéologie cesse où commence la technique. La technique est le nerf de la guerre Est/Ouest et de la prospérité : le niveau de vie à l’est (abstraction faite de sa qualité, en partie subjective d’ailleurs) aura fortement bondi au 20ème siècle, tout comme à l’ouest. Rien ne ressemble tant à un capitalisme technicien libéral qu’un capitalisme technicien d’Etat, de même que rien ne ressemble plus à la vie d’un OS américain que celle d’un OS soviétique : la méga-machine s’accommode indifféremment de toutes les religions utilitaristes et productivistes.

 

C’est pourquoi le débat contemporain n’oppose pas tant libéralisme et anti-libéralisme, que technocratie et démocratie, ou, plus précisément, humanisme et post-humanisme. La mise hors jeu de l’économisme soviétique n’a fait que précipiter la suprématie de l’économisme libéral ; la méga-machine libérale n’est devenue folle en tant que libérale, mais en tant que méga-machine. (Même si, je vous le concède, l’agencement libéral s’est avéré plus efficace à servir la méga-machine que l’agencement rival ; l’oligarchie libérale étant manifestement plus habile que son homologue bolchévique.)

 

Le capitalisme, parvenu à ce stade historique de suprématie globale, est sans conteste le plus grand péril pesant sur le monde, champ de bataille antidémocratique et bulldozer sans égards envers ses bocages traditionnels. C’est un péril objectif, qui s’accroit encore d’un péril politique : l’ultra-violence de l’Hyperclasse (comme dit l’aède Jacques Attali) maitresse du Capital, laquelle se montre profondément fasciste et même satanique. Façonnée par la méga-machine, allouée à la valorisation du seul Capital, l’Oligarchie est l’ennemi absolu du genre humain, prête à toutes les violences pour le soumettre, comme naguère le Parti – à ceci près qu’elle dispose d’un arsenal de moyens coercitifs dont aucun Pouvoir autrefois n’aurait seulement rêvé. La méga-machine a suscité l’hyperclasse qui la perfectionne pour son seul bénéfice.

 

Sortir de la méga-machine implique donc de critiquer le libéralisme - certes falsifié par la l’Oligarchie - qui en constitue désormais l’armature politique exclusive.

 

Pour finir, je sais que votre doctrine est faite, mais je crois sincèrement que vous gagneriez à lire Michéa, et particulièrement L’Empire du moindre mal.

 

Bref, ni Internationale, ni globalization  !

 

Cordialement,

 


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