@ Micnet
Concernant le fond du débat sur
le libéralisme, je suis bien d’accord : seul le gauchiste imbécile et/ou
manipulateur ose assimiler le bourgeois puritain d’hier au bourgeois
narcissique d’aujourd’hui. En effet, certains « bourgeois » (terme
devenu flou) ont bien pris le coche de l’économisme global ; d’autres pas
(je suis moi-même issu d’un tel milieu, aisé et catholique… mais intellectuel plutôt
qu’hédoniste).
Tout ce que vous dites est
juste, mes quelques contributions sur ce fil vous convaincront de notre commune
perception des choses, quels que soient nos prismes analytiques. Ce que vous
appelez une « société individualiste et antilibérale à la fois », c’est
ce que moi j’appelle une société (pré)fasciste : « le fascisme, c’est la fusion de l’Etat et
des corporations », dit Mussolini, inventeur du concept et qu’il faut donc
croire sur parole. Soit une société qui ne parle plus que d’argent, et où la
classe au pouvoir garde la liberté pour elle. Pour y avoir un peu réfléchi,
comme vous m’invitez à le faire, je dirais que c’est par le fascisme qu’est
levé le paradoxe que vous pointez : le fascisme est la synthèse de l’enculisme
comme science et de la médiocrité comme morale… En somme : les peuples
moribonds font dans le petit caporal à slip cradingue… (L’historien allemand du
nazisme Ernst Nolte insiste sur la « médiocrité morale » des
Allemands dans les années 20/30 – et de façon autrement plus convaincante –
sociologiquement étayée – qu’Annah Arrendt décrivant, sous les traits d’Eichmann
à Jérusalem, la « banalité du mal »).
Un petit commentaire perso :
je suis chaque jour plus étonné de constater combien Michel Clouscard, depuis qu’il
est mort, sort peu à peu d’un injuste anonymat eu égard à son génie
prophétique. Tout le monde le cite chez les anti-systèmes, de Michéa à l’Action
Française ! Figurez-vous que j’ai été très lié d’amitié avec lui (qui m’a
été présenté par Alain Soral en 2003), presque jusqu’à sa mort survenue en août
2008 je crois. J’ai passionnément aimé cet homme remarquable, drôle et
chaleureux, sorte de Socrate inconnu, de vieillard poétique inaltéré, que j’ai
vu pleurer sur la tombe de « mon pauvre frère », dans un ravissant
petit cimetière ensoleillé du Tarn. Quand j’allais chez lui, à Gaillac, rue
Delga, je dormais dans la chambre de sa mère, avec le pape au-dessus de ma tête
et Tristan et Iseult sur la table de nuit… Et j’éclatais de rire en songeant à
l’actualité du péril rouge. Je ne peux que recommander cette œuvre dont j’ai
tant appris, aujourd’hui rééditée par les Editions Delga de l’excellent Aymeric
Monville – le seul héritier de Clouscard, n’en déplaise à Soral – et qui reste
ouverte à tous les passants de bonne volonté…
Cdlt