Les pratiques coloniales européennes,exemple allemand :
"le massacre des Hereros (1904-1908)
En janvier 1894, sont découverts de fantastiques gisements de diamants en Namibie. Au cours de la même année, une politique de déplacement et de confiscation systématique des terres est mise en oeuvre dans le Hereroland (Région centrale namibienne où vivent les Hereros). Les colons développent de vastes plantations en employant les indigènes à des travaux forcés, en volant leur bétail et à l’occasion leurs femmes (d’où l’apparition, rapidement, d’une communauté métissée). Violences, exécutions sommaires ...
Le 12 janvier 1904, éclate la révolte des Hereros. Un groupe de guerriers conduit par le chef Samuel Maharero attaque les colons du poste d’Okahandja. En trois jours de sang et de fureur, près de deux cents civils allemands sont massacrés.
La riposte allemande est terrible.
Le 11 août 1904, les troupes allemandes conduites par Lothar von Trotha encerclent 7500 Hereros et leur chef Maharero sur le plateau de Waterberg. Leurs armes puissantes ont facilement raison des assiégés. Les survivants sont chassés vers le désert d’Omeheke (l’actuel désert de Khalahari) [3].
Le 11 décembre de la même année, le chancelier allemand Bülow ordonne d’enfermer les Hereros survivants dans des camps de travail forcé - des Konzentrationslagern - et, peu après, les dernières terres indigènes sont confisquées et mises à la disposition des colons allemands.
Au cours des trois années qui suivent, des dizaines de milliers de Hereros succombent à la répression, aux combats, à la famine et aux camps. De près d’une centaine de milliers, leur population tombe à 15.000.(1)
Ce massacre d’un peuple reflète les horreurs dont a été entachée l’expansion coloniale européenne à la fin du XIX-ème siècle.
Il donne aussi un avant-goût des génocides du siècle suivant.
On y trouve les éléments constitutifs de certains génocides du XX-ème siècle :
• la volonté politique délibérée : il ne s’agit pas d’un accident,
• les critères raciaux ou ethniques choisis : éliminer les Hereros, afin de libérer les terres pour les colons allemands,
• le nombre massif des victimes, civiles pour l’essentiel, avec femmes et enfants,
• l’organisation « rationnelle » et planifiée du massacre,
• la documentation disponible en archives, par le biais des compte-rendus détaillés des opérations, rédigés par von Trotha, et ses subordonnés."
(1) Ils étaient 80 000 avant le génocide