Bonjour.
Ce qui m’amène à critiquer l’"indignation" telle que l’a initiée Hessel, c’est la posture que cela implique. On peut très bien se dire "c’est déjà ça, c’est un début, et un bon début", mais j’y vois souvent - autour de moi également - une bonne conscience à l’œuvre plus qu’autre chose. Aucune réelle réflexion subséquente.
Si l’on vous tend l’image de deux flics en tenue qui tentent de maintenir un homme au sol, sans plus de détails sur le pourquoi du comment, vous vous indignez. Mais cela ne veut pas dire que vous soyez dans le vrai, vous vous soumettez surtout à un réflexe de type pavlovien tout en vous offrant la stature du redresseur de tort. Or le type en question peut très bien être un tueur qui vient de passer à l’acte en public.
L’indignation telle que je la conçois, c’est davantage l’indignation inaugurale vis-à-vis de soi-même, de nos propres comportements brouillons, de notre incapacité récurrente à comprendre certaines choses et de notre réflexe à ne voir que du blanc ou du noir devant des nuances de gris.
Bien heureux soient les scrupuleux.