Vous ne vous rendez même plus comte de la défaite que vous vous auto-infligez en renonçant à être le sujet de votre histoire et en vous désignant comme de pur produit de votre "environnement social".
Votre point de vue consiste à penser que l’on naîtrait écrivain ou artiste et que la société et l’histoire ensuite viendraient vous brimer et étouffer votre vocation. C’est une perversion absolue des idées de Rousseau, une culture de l’excuse.
Des exemples d’écrivain ayant triomphé de l’adversité, et d’une forme d’adversité bien plus grande que celle que vous pensez subir, à tort ou à raison, il y en a des tas. Lisez la biographie de Jack London, adolescent jeté sur les routes à 15 ans et qui a exercé les métiers les plus ignobles pour survivre. Autodidacte génial qui s’est éduqué tout seul en lisant les livres que votre "écrivain français" s’arroge apparemment le droit de mépriser. Il y a quand même quelques traits universels qui dénotent un écrivain : l’amour de la lecture, du langage, la curiosité...
Typiquement, les écrivains issus de milieux modestes passent toujours par une fringale de lecture et de connaissance quand ils arrivent à l’âge adulte. La culture est souvent l’élément qui les émancipe. Mais vous, formidables, vous venez nous expliquer que la culture française, si tant est qu’elle existe, est une charge, une horreur qui pèse sur vos destins, vous empêchant de vous réaliser...