Conversation avec le Président syrien Bachar al-Assad
Foreign Affairs Magazine [Texte intégral]
Le 20 janvier 2015, à Damas, le
Président syrien Bachar al-Assad a accordé une entrevue à M. Jonathan
Tepperman, Rédacteur en chef du Foreign Affairs Magazine. Voici le texte
intégral publié simultanément le lundi 26 janvier 2015, en anglais et
en arabe, par le magazine newyorkais, le site de la Présidence syrienne
et l’Agence Arabe Syrienne d’Information SANA. Nous l’avons traduit à
partir de la version anglaise. [NdT].
[...]
3. Votre pays est de plus en plus divisé. On pourrait parler
de trois mini-états : l’un contrôlé par le gouvernement, l’autre
contrôlé par l’EIIL et Jabhat al-Nousra, puis un autre contrôlé par
l’opposition sunnite et kurde plus laïque. Comment allez-vous faire pour
rassembler et réunifier la Syrie ?
Tout d’abord, cette image n’est pas
exacte, parce que vous ne pouvez parler de mini-états sans parler des
gens qui y vivent. Le peuple syrien est toujours pour l’unité de la
Syrie et soutient toujours son gouvernement. Les factions que vous avez
citées contrôlent certaines régions, mais se déplacent d’une région à
une autre. Elles sont instables, sans lignes de démarcation claires
entre les différentes forces. Parfois, elles s’associent avant de se
déplacer. La question principale concerne la population. Et la
population soutient toujours l’État indépendamment de son soutien, ou
non, à sa politique. Je veux dire que la population soutient l’État en
tant que représentant de l’unité de la Syrie. Donc, tant que le peuple
syrien croit en l’unité, tout gouvernement et tout représentant officiel
peut unifier la Syrie. En revanche, si le peuple est divisé en deux,
trois ou quatre groupes, nul ne peut unifier le pays. Voilà comment nous
voyons les choses
4. Vous pensez vraiment que les sunnites et les Kurdes croient encore en une Syrie unifiée ?
Si vous vous rendiez à Damas
aujourd’hui, vous constateriez que les différentes couleurs de notre
société -disons le-ainsi- vivent ensemble. En Syrie, les divisions ne se
fondent pas sur des bases confessionnelles ou ethniques. Même dans la
région kurde dont vous parlez, nous avons deux couleurs différentes :
les Arabes étant plus nombreux que les Kurdes. Il ne s’agit donc pas
d’une question d’ordre ethnique, mais de factions qui contrôlent,
militairement, certaines zones du pays.
[...]
Dr Bachar al-Assad
Président de la République arabe syrienne
26/01/2015
Texte traduit de l’anglais par Mouna Alno-Nakhal
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