Je n’ai effectivement surement pas conscience de toute l’étendu de la question.
En Chine, du moins à l’époque du Zhuangzi, on compte deux visions bien distinctes du corps. L’une "supplantera" l’autre avec l’avènement de l’Empire.
- L’une c’est le corps réceptacle, l’idée que le corps est un réceptacle dans lequel le corps est habité par un esprit. Probable que ce soit lié au culte des ancêtres. Un membre de la famille habité par un ancêtre. Peut-être d’autres pratiques (shamanique ?).
- L’autre conception importante du corps. Conception circulatoire. des fluides, considérant le corps comme un système où des fluides circulent.
Exemples (du Zhuangzi) :
Première vision : " Rentre ton intelligence (au pied !), unifie ta posture et l’activité (shen divinité) se logera en toi. Ton ascendant resplendira, en toi la voie résideras. Tu auras l’air effaré du veau nouveau-né, et tu ne chercheras pas à comprendre".
Deuxième vision : " Les hommes vrais d’autrefois avaient un sommeil sans rêve, une veille sans souci, ils n’étaient pas gourmand, et respiraient profondément. L’homme vrai respirait par les talons. Les autres hommes respirent par la gorge."
Bon, il y aurait des tonnes de choses à dire. La deuxième citation n’est pas vraiment caractéristique, mais je pense que vous voyez ce que c’est, alors j’en ai mise une plus fun...
(pour plus de détails, voir Billeter, Zhuangzi, Taoisme et philosophie, cours n° 22 environ (je ne sais plus trop)
Vous faites sûrement référence au shen ?/qi ?/ jing ?
Je reprends un schéma (il ne sert un peu à rien ici, mais j’ai quand même envie de le mettre) :
• Le Dan Tian inférieur ( ???, Xia Dan Tian) : localisé sous le nombril au niveau du 6VC (Vaisseau conception, ou Ren Mai), 3 doigts de distance sous l’ombilic et 2 doigts vers l’intérieur. Point d’acupuncture : QIHAI // (Jing)
• Le Dan Tian médian ( ???, Zhong Dan Tian) : localisé au niveau du coeur, entre les deux seins, sur le sternum au niveau du 17VC (Vaisseau conception, ou RenMai). Point d’acupuncture : TANZHONG // (Qi)
Le Dan Tian supérieur ( ???, Shang Dan Tian) : entre les 2 yeux au niveau du front, le "3ème oeil". Point d’acupuncture : YINTANG // (Shen)
Alors est-ce que c’est le Shen (esprit) qui précède le Jing (essence, corps) ou inverse ? Honnêtement ce n’est pas clair à mes yeux. Ce qui est cherché il me semble dans la pratique alchimique c’est la production de Jing, mais cette discipline ne prend-elle pas à rebours le cours de la nature ?
Bref...
Ce que vous dites est très intéressant.
Toutefois
cette possibilité du vide est VOYEZ vous le grand écart qui sépare la pensée occidentale contemporaine de la pensée chinoise ou si vous préférez la pensée moderne de la pensée ancienne qui est commune au monde entier
Vous me semblez un peu entre deux eau.
Je me permets de vous reproduire un passage (une note) de ma traduction annotée des "Six Lignées" (écoles philosophiques) écrit par Sima Tan, le père de Sima Qian.
Le terme de « vacuité » ici traduisant le terme de xu ?, probablement tiré du vocable venant duLaozi, demande une explication afin d’être plus intelligible pour le lecteur. Harold D. Roth remarque que les notions de wuwei et de xu sont absentes de L’œuvre intérieur (neiye ? ?), un des chapitres duGuanzi ??, que l’auteur identifie à la suite de A. C. Graham comme possiblement le texte mystique du taoïsme le plus ancien qui nous ait été transmis, datant le texte des environs du IVème siècle avant notre ère. Ce texte emploie une métaphore spécifique : ????, [ ????] « Nettoie soigneusement sa demeure, [Et l’Essence arrivera d’elle-même] » Traduction de Romain GRAZIANI : Écrits de maître Guan, Les Quatre traités de l’Art de l’esprit, Paris, Les Belles Lettres, 2011, p. 12. Le pronom personnel « sa » revoie ici à l’Esprit shen ?. Harold D. Roth souligne que cette métaphore peut être associée au xu ?. Elle suggère l’extérieur d’un temple qui doit être nettoyé en guise de préparation pour la descente de divinités venues recevoir un sacrifice, ou peut-être la purification du shaman se préparant à servir de médium pour recevoir des divinités. L’auteur argumente cette hypothèse en faveur des origines possiblement chamaniques du taoïsme (Voir op.cit. Original Tao, p. 189). Nous notons donc l’idée d’une purification, d’un nettoyage que l’on pourrait associer au terme de xu, plutôt que l’idée d’un vide spatial ex-nihilo. Il convient de ne pas non plus établir d’équivalence, ces deux textes sont disjoints dans leur vocable, ce qui peut suggérer une différence de tradition, et donc une différence — même sensible — du sens que les auteurs ont voulu suggérer par le choix de leur terme pour décrire leurs pratiques.
Pour finir sur ce vaaaaste sujet, un petit poème, issu de la première strophe de L’oeuvre intérieur :
De tout temps, l’Essence
En survenant génère la vie.
Quand elle descend, elle fait croître les céréales
Et quand elle monte, produit les rangées d’étoiles.
Quand elle circule entre Ciel et Terre,
On lui donne les noms d’esprits et mânes.
Elle s’amasse dans le sein
De celui qu’on nomme sage.
traduction de : Romain Graziani, Les Quatre traités de l’Art de l’Esprit