@Éric Guéguen
Je comprends votre point de vue élitiste, qu’on pourrais résumer en disant que la société doit permettre de faire ou de laisser grandir ceux qui ont capacité à grandir.
Je ne m’y oppose pas mais je ne me situe pas dans ce registre.
Reprenons la problématique du vol : on voit bien que l’intérêt social est que personne ne vole. Personne signifiant ici tout le monde. Il ne s’agit pas d’obtenir une élite qui s’abstiendrait de voler pendant que la plèbe, elle, continuerait de vivre selon la loi de la jungle. Vous pensez remédier au problème au moyen de l’instruction, je vous montrerai que ce n’est pas la solution : la solution n’est qu’éducative : des gens très instruit volent, montrant ainsi qu’ils sont mal éduqués.
Quoiqu’il en soi, ce que l’on voit ici, si l’on admet que le but de la religion est d’organiser le substrat social, ici en inculquant la loi fondamentale "tu ne voleras pas" que le problème n’est pas un problème d’élite mais bien un problème global et que ce qui pose davantage problème, ce ne sont pas les plus forts mais bien les plus faibles.
On peut penser que la solution du problème sera dans la répression : s’il y en a qui ne comprennent pas qu’il ne faut pas voler, il suffit de leur taper dessus jusqu’à ce qu’ils arrêtent, mais l’on comprend ici, même confusément, que cette solution n’est que le constat d’un échec du processus éducatif.
Donc la religion doit s’occuper en premier lieu des plus faibles. Les plus faibles économiquement : il vaut mieux donner à manger à un pauvre que de le laisser à la nécessité de voler ; les plus faibles psychologiquement, en leur donnant la possibilité de grandir. A tout age.
Il ne faut pas, en quelque sorte, laisser quelques uns au bord de la route.
Un problème que vous évoquez, et qui est évident, est celui de la libre adhésion. S’il y a une nécessité toute religieuse à ce que les gens adhèrent au projet éducatif, il y a deux voies contradictoires et complémentaires : celles de la coercition et celle de la conviction. On conviendra que convaincre est préférable à contraindre. le Coran ne dit-il pas "Nulle contrainte en religion, la vérité se distingue suffisamment de l’erreur". Il faut pour cela que le discours religieux soit fort : fort en terme de vérité, fort en terme d’exemplarité.
Je ne pense pas que ce projet s’oppose à la pluralité des aptitudes, des volontés, des caractères, bien qu’il s’adresse à l’homme en raison non de sa force mais de sa faiblesse, puisque je crois que le processus éducatif est individualisant.
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