Une opération spéciale pour défendre le Donbass : sauf
que Kiev n’est pas dans le Donbass... Elle n’est pas très intéressante cette interview,
mais c’est difficile pour Lavrov d’expliquer que la Russie a déclenché une
guerre aux objectifs incertains et changeants. Celui qui était peut-être le
plus fin diplomate du monde a triste figure maintenant.
Finalement, le Donbass passe d’un conflit gelé à un autre :
des insurgés contre les gouvernements issus du Maïdan à la Russie contre les pays
otaniques. Zelenski a été élu à 73% des voix, le plus haut score présidentiel
depuis la chute de l’empire soviétique. Il proposait de sortir du dilemme entre
justifier les ukronazis avec une Ukraine russophobe ou donner raison aux insurgés
et déchirer le pays. Il n’a pas réussi à changer l’agenda issu du Maïdan.
C’est maintenant une guerre d’attrition à celui qui saura
épuiser les forces de l’adversaire. Ni les USA, ni la Russie ne voudront
renoncer donc elle va pourrir et durer. A moins que la Russie tombe, mais on n’en
voit pas les signes pour l’instant, avec un large soutien populaire selon un sondage il y a une semaine. A moins qu’on passe au conflit nucléaire et
ce sera alors réglé pour tout le monde.
La guerre devient non pas hybride, mais multidimensionnelle.
Elle est médiatique. Pour les pays atlantistes + du Commonwealth,
la psyops a été facile, surtout après celle du délire covidique : c’est la
guerre, pour sauver le héros Zelenski contre Poutine le méchant. Pour les autres pays, Poutine est tombé en
Ukraine dans le piège de l’OTAN (avec l’US pour imperium et l’UE pour vassaux).
Elle est une guerre de sanctions. Là aussi, elle est limitée
entre les pays atlantistes contre celles russes. Ni l’Inde, ni la Chine, ni les
pétromonarchies, ni le Brésil, ni la plupart des autres pays ne rentrent dans
le jeu des sanctions. Pustula Von der Pfizer vient d’annoncer que, contrairement
à son 6ème train de sanction annoncé, elle continuera à acheter du
pétrole à la Russie. ("Elle" : parce qu’elle est l’UE a elle toute seule,
maintenant).
Elle est monétaire : effondrer le rouble ou sortir le
dollar de la monnaie du standard monétaire mondial.
Elle est géopolitique. Victoire des thalassocraties au Grand
jeu : il n’est plus question d’une Europe de Lisbonne à Moscou, encore
moins d’une Eurasie. Des alliances de revers se consolident : Russie +
Chine et l’Inde balance. Le soft power US a disparu : Il ne lui reste à son hégémon
que des verrous à tenir : monétaire, militaire avec les bases dans le
monde et numérique. Des mouvements internes en vue dans l’Europe : Suède
et Finlande qui rejoignent le giron OTAN, flottements dans le groupe de
Visegrad et dans les Balkans, retour de la Turquie en Syrie pour occuper la
partie arménienne.
Les maillons faibles.
L’Ukraine sera démembrée entre la Russie, la Pologne, peut-être
la Hongrie. Ou reprendra son intégrité, mais sous forme d’état failli, entretenue artificiellement par les organisations otaniques, sous police politique
russophobe. Avec une diaspora ukrainienne et ses forces vives qui ne reviendra
sans doute pas au pays.
L’UE va s’enfoncer financièrement, économiquement et se
déclasser industriellement. Comme cela correspond à l’agenda oligarchique,
les européens seront enfermés politiquement (et numériquement) dans la cage. Le projet
mondialiste, cependant, sera sans doute réduit au monde atlantiste +
Commonwealth.
Emeutes, famines, djihadismes et changements de régimes à
prévoir dans des pays du monde : Au Sri Lanka, dans certains pays d’Afrique
noire, inquiétude en Egypte du fait de sa dépendance alimentaire.