Message à ARTHUR MAGE
Vous écrivez, M. Mage : "Le journalisme, qui plus est d’un média public, n’a pas à prendre parti pour ou contre qui ou quoi que ce soit." (Référence à une opinion de R. Labévière, pour qui avoir une lecture pro-palestinienne ou pro-arabe n’est aujourd’hui plus permis.)
Il me semble qu’il y a dans vos propos quelque chose de naïf. Personne ne peut être tout à fait neutre. Même si un journaliste est honnête, même s’il ne commet aucune inexactitude, sa présentation des faits sera forcément influencée (consciemment ou non) par ses convictions ou ses sentiments. En ce qui concerne le conflit israëlo-palestinien, il est clair qu’on peut, par exemple, s’appesantir longuement sur les victimes israëliennes d’un attentat terroriste en minimisant les agressions physiques ou morales subies quotidiennement par les civils palestiniens. On peut aussi faire l’inverse...
Enfin, j’ajouterai qu’être pour les Palestiniens ne signifie pas forcément qu’on est contre les Israëliens. Je connais mal Labévière, mais il y a des gens (aussi bien Juifs qu’Arabes, aussi bien Israëliens que Palestiniens) qui pensent que la politique de l’Etat d’Israël ne rend pas du tout service, en fin de compte à la population israëlienne. Il est raisonnable de penser, par conséquent, que défendre les droits des Palestiniens - en présentant concrètement les injustices dont ils sont victimes - peut contribuer à l’instauration d’une paix juste au Proche-Orient. En ce sens, on est à la fois pro-palestinien et pro-israëlien (c’est-à-dire favorable aux intérêts bien compris des Israëliens, mais non à leurs gouvernements).