« C’est
toujours des exemples absurdes. Y a un immeuble en feu ; vous êtes pompier ;
dans cet immeuble en feu, vous ne pouvez sauver qu’une personne, soit un
prix Nobel de Médecine qui va bientôt soigner le cancer, soit votre mère
femme de ménage. Qu’est-ce que vous allez faire ? Alors, ce qui est le plus
affreux, c’est qu’en fait il faut rajouter "votre mère femme de ménage"
parce qu’on suppose qu’au fond, s’il y avait un prix Nobel de Médecine et
une femme de ménage, le choix serait vite fait : pour Singer, on sauve le
prix Nobel. Ma mère femme de ménage, ça se discute, il faut réfléchir. On
sait pas trop. Je pense qu’il choisirait le prix Nobel de Médecine
puisqu’il sauvera plus de vies. Donc, si c’est un problème purement
quantitatif. Sur tout, le problème, c’est que ça n’existe pas. De telles
situations n’existent jamais. On sait bien par exemple que dans la
médecine
de
catastrophe
ou
d’urgence , que les choix se font sur des critères qui sont beaucoup plus
subtils, beaucoup plus fins, beaucoup plus variables ; et l’idée comme ça
qu’on pourrait choisir de mettre à mort ou laisser vivre, qu’on peut
étouffer.... L’idée-même qu’on peut étouffer un enfant, c’est simplement,
je crois qu’on n’a jamais eu un enfant entre les bras. Bon, je ne vais pas
faire de sentimentalisme mais pourquoi on n’étouffe pas un enfant ? Ben,
parce qu’on n’étouffe pas les enfants. »
Quels critères subtils, fins et variables ? Les urgentistes prennent des
critères vitaux, techniques, et pas du tout moraux : ils vont essayer de
sauver le jeune plutôt que le vieux, le plus sauvable que le moins
sauvable, et donc peuvent sauver par conséquent un malfaiteur (criminel)
plutôt qu’un bienfaiteur.
S’il avait parlé à des professionnels de la santé, il aurait pu apprendre
que l’euthanasie est bien plus pratiquée qu’on ne le dit publiquement, par
exemple sur «
les comateux irréversibles
»
(04:23) ou des
«
malades atteints d’un Alzheimer ». "Cachez
ces pratiques de médecins que je ne saurais voir.", en toute hypocrisie.
Braunstein
fait de la dénégation en disant ne pas vouloir faire de sentimentalisme,
car il en fait. Des mères tuent même leur bébé, dont elles viennent
d’accoucher, et ça a été en plus médiatisé récemment, surtout depuis l’affaire
Véronique Courjault, du nom de la mère dont le mari avait retrouvé le
cadavre de deux bébés congelés par son épouse, qui avait déjà tué un
premier bébé.