Affaire DSK : Duhamel et Aphatie blanchissent... la presse !
Lundi dernier, alors que la nouvelle de l’arrestation de DSK était arrivée la veille, Alain Duhamel et Jean-Michel Aphatie dialoguaient au sujet de l’affaire sur RTL. Le premier s’est notamment illustré (3’45") par une remarque particulièrement hautaine à l’égard de ceux qui oseraient penser que la presse française n’a pas été exemplaire sur le cas DSK.
Verbatim : "C’est complètement stupide. Ce qui était le secret de Polichinelle, c’est qu’il aimait les femmes et qu’il était un séducteur compulsif, ça c’est vrai. Mais pour le reste, on ne cachait pas des horreurs qu’il aurait commises, il faut être d’extrême-droite pour soutenir ça."
Le mot est lâché : extrême-droite. Conformément à ses habitudes, Alain Duhamel ne supporte pas la moindre critique adressée à l’encontre de sa corporation, et sort brusquement de la modération dans laquelle il se complaît en temps normal... Il est entendu que le personnage s’est donné pour mission de pourfendre le "populisme" à tout bout de champ. Souvent pour se passer d’examiner scrupuleusement les faits dérangeants qu’on aimerait lui soumettre...
En effet, depuis l’arrestation, très curieusement des témoignages ne cessent de se succéder (ou de réémerger) dans les médias pour rendre compte que DSK, par moments, n’était pas qu’un simple séducteur, mais tombait clairement dans le harcèlement.
Face à Alain Duhamel, Jean-Michel Aphatie se contentera de poser quelques interrogations sur la possibilité de traiter une telle chose, et craint qu’en mettant le doigt dans l’engrenage, on ne sombre dans une société orwellienne. Mais qui a préconisé une seule seconde d’espionner DSK ? En revanche, il se gardera bien d’aborder l’affaire Tristane Banon, alors qu’il fut lui-même témoin du récit de la jeune femme lors de son fameux passage dans "93, Faubourg Saint-Honoré". Alors qu’on l’a sollicité à ce sujet, M. Aphatie a hier affirmé sur son blog : "L’histoire du dîner mérite d’être racontée. J’y ai souvent repensé. Mais j’ai le droit, je crois, de le faire quand je l’aurai décidé, où je voudrais, et sous des formes que je choisirai." Tristane Banon ayant déclaré qu’elle pourrait porter plainte, la presse française sera probablement amenée à faire son examen de conscience.
L’affaire, effectivement, était grave : pouvait-on se permettre de la laisser en suspens ? Que ce soit pour laver DSK de tout soupçon, ou pour venir en aide à Tristane Banon, il est évident que des investigations auraient dû être menées. Seulement, il eût fallu faire preuve d’un certain courage et d’une certaine indépendance : deux valeurs manifestement rares, voire inexistantes dans la presse française quand il s’agit d’aborder ce genre de sujet. Car la caste journalistique ne s’est pas contentée de passer l’affaire sous silence : elle a tout fait pour l’enterrer, et s’est même parfois réjouie qu’elle soit enterrée (à l’instar de Daniel Schneidermann, qui a semble-t-il décidé de changer de rôle en voyant le vent tourner - voir l’article de la veille signé par l’équipe d’AgoraVox).
La protection de la vie privée est sans doute un principe à l’honneur de la presse française, mais elle est parfois poussée jusqu’à son extrême, et inhibe les journalistes lorsqu’il s’agit de traiter le sujet du harcèlement sexuel, qui ne relève plus tout à fait de la vie privée et qui doit être traitée à la mesure de sa gravité.
Tags : Politique Scandale Médias DSK
17 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON