@Auxi
Bel exemple de schizophrénie républicaine...
http://www.librairal.org/wiki/George_Orwell:1984_-_Deuxi%C3%A8me_Partie_-_Chapitre_IX
« Mais la stupidité ne suffit pas. Au contraire, l’orthodoxie, dans son
sens plein, exige de chacun un contrôle de ses processus mentaux aussi
complet que celui d’un acrobate sur son corps. La société océanienne
repose, en fin de compte, sur la croyance que Big Brother est omnipotent
et le Parti infaillible. Mais comme, en réalité, Big Brother n’est pas
omnipotent, et que le Parti n’est pas infaillible, une inlassable
flexibilité des faits est à chaque instant nécessaire.
Le mot clef ici est noirblanc. Ce mot, comme beaucoup de mots
novlangue, a deux sens contradictoires. Appliqué à un adversaire, il
désigne l’habitude de prétendre avec impudence que le noir est blanc,
contrairement aux faits évidents. Appliqué à un membre du Parti, il
désigne la volonté loyale de dire que le noir est blanc, quand la
discipline du Parti l’exige. Mais il désigne aussi l’aptitude à croire que le noir est blanc, et, plus, à savoir
que le noir est blanc, et à oublier que l’on n’a jamais cru autre
chose. Cette aptitude exige un continuel changement du passé, que rend
possible le système mental qui réellement embrasse tout le reste et qui
est connu en novlangue sous le nom de doublepensée.
Le changement du passé est nécessaire pour deux raisons dont
l’une est subsidiaire et, pour ainsi dire, préventive. Le membre du
Parti, comme le prolétaire, tolère les conditions présentes en partie
parce qu’il n’a pas de terme de comparaison. Il doit être coupé du
passé, exactement comme il doit être coupé d’avec les pays étrangers car
il est nécessaire qu’il croie vivre dans des conditions meilleures que
celles dans lesquelles vivaient ses ancêtres et qu’il pense que le
niveau moyen du confort matériel s’élève constamment.
»