L’UEJF fait interdire Marine Le Pen à Paris-Dauphine
Marine Le Pen était invitée, mardi 6 décembre, à débattre à l’université Paris-Dauphine (fac d’économie et de gestion de l’ouest de Paris) par l’association apolitique Dauphine discussions débat (« DDD »). Elle devait venir à 17h15... mais à 16h55, Grégoire de Rugy, le président de l’association, a téléphoné à Marie-Christine Arnautu, proche de Marine Le Pen, pour leur dire de ne pas venir.
En effet, à 16h45, environ 200 jeunes pépites de la nation étaient réunies devant l’amphi numéro quatre de Dauphine, pour crier « Marine Le Pen à Dauphine, pas question » ou « Nous sommes tous des enfants d’immigrés ». Depuis l’entre-deux-tours de 2002, les slogans n’ont pas beaucoup évolué...
Une poignée d’étudiants de Dauphine étaient certes mobilisés, mais ce sont surtout, comme le signale Rue 89, des militants venus de l’extérieur qui ont mené le mouvement, dont des membres de plusieurs associations et partis politiques (Unef, UEJF, SOS-Racisme, NPA). Parmi eux :
- Jonathan Hayoun, président de l’UEJF (Union des étudiants juifs de France) : « Elle est en recherche de légitimité dans le monde universitaire et dans la communauté juive. Nous sommes là pour éviter cette instrumentalisation » ;
- Amel Djerdoubi, présidente de l’Assemblée générale des étudiants de l’Unef à Paris-III : « Ce n’est pas normal qu’une université, même semi-publique, accueille un leader d’extrême droite » ;
- Marouane Zaki, responsable national des étudiants de SOS-Racisme.
Mais aussi Valentine Arditti, co-présidente de la section dauphinoise de l’UEJF, qui déclare : "Ce n’est pas le rôle d’une association étudiante de donner la parole à un représentant d’un parti qui est ouvertement xénophobe, raciste, négationniste et antisémite." Selon Melle Arditti, Marine Le Pen nie l’existence des chambres à gaz... car elle dit assumer le passé de son parti comme celui de la France.
Un représentant de l’Unef assume aussi le blocage de l’université, arguant que le FN n’est pas un parti démocratique (appréciez le fond sonore, qui vous rajeunira de dix ou vingt ans : "A bas ! à bas le Front national ! et F comme Fasciste ! et N comme Nazi !") :
Théoriquement les universités devraient être des lieux où prime le discours rationnel, pas les slogans... en théorie seulement. Certains profs donnent d’ailleurs le bon exemple... Ainsi, le maître de conférences en sociologie Philippe Chanial s’oppose à la venue de la présidente du FN dans son université, au motif que son père, Jean-Marie Le Pen, a été condamné pour "antisémitisme incidieux, apologie de crime de guerre, banalisation des crimes contre l’humanité", et que sa fille n’aurait jamais démenti ses propos. Si ce prof parle de la question des chambres à gaz, Marine Le Pen s’est bel et bien désolidarisée des propos de son père... Philippe Chanial semble aussi bien informé que Bernard-Henri Lévy, qui a sorti le même argumentaire fallacieux sur le plateau de Zemmour & Naulleau vendredi dernier.
On se demande pourquoi, avec le même type d’argument, nos grands démocrates ne bloquent pas la venue des membres du PS et de l’UMP. Chirac n’avait-il pas parlé, sous les acclamations et les rires gras de son parti, du bruit et de l’odeur des immigrés qui viennent prendre le travail des Français ? Kouchner ne cherchait-il pas "les Blancs au milieu de tous ces..." dans l’équipe de France de football ? Manuel Valls ne voulait-il pas plus de "white et de blancos" dans sa bonne ville d’Evry ? Brice Hortefeux ne considère-t-il pas que quand il y a trop d’arabes, pardon trop d’auvergnats, ça pose des problèmes ? Et Chirac encore, avec Juppé, qui blaguent sur le caractère peu français d’un de leur compatriote d’origine maghrébine ? Le député UMP Alain Marleix n’a-t-il pas traité Jean-Vincent Placé de "Coréen national" ? Que dire des propos racistes, anti-européens et anti-chinois, du socialiste Oscar Temaru ? Et que dire encore de l’amitié de François Mitterrand avec René Bousquet, l’organisateur des grandes rafles de Juifs durant la Seconde Guerre mondiale et complice de la solution finale du Reich ? Ne faudrait-il pas censurer aussi tous ceux qui ne renient pas publiquement Mitterrand et Chirac ?
Rue 89 rapporte que les élèves de l’association DDD qui protégeaient l’amphi quatre se sont fait bousculer. Certains ont voulu appeler la police pour contenir les militants hostiles au débat démocratique. Constatant le "bordel" causé par ces associations politiques et communautaires, le président de l’université Dauphine, Laurent Batsch, a lâchement décidé que la visite de Marine Le Pen serait annulée. Il n’a pas souhaité s’exprimer.
Les perturbateurs ont été hués par de nombreux étudiants de Dauphine à leur sortie. Par exemple, Nadir, 19 ans, "un musulman", en première année : "Je suis déçu. J’étais venu ici pour écouter. On écoute puis on argumente. Là, ils descendent au niveau de Le Pen et ils tuent la réputation de Dauphine." Nadir, étudiant en première année, serait bien inspiré d’aller donner des cours de civisme au maître de conférence susnommé...
Grégoire de Rugy, président de DDD, était, nous dit Rue 89, au bord des larmes. Le voici annonçant l’annulation de la réunion, après le saccage des lieux par les militants NPA, Unef, SOS Racisme et UEJF. Il nous apprend que du matériel a été détruit et des étudiants frappés. C’est donc par la terreur que les "antifas" font régner la démocratie (telle qu’ils la conçoivent). "Ces gens n’ont aucun respect, ils prônent la démocratie, mais ils ne veulent pas de liberté pour les ennemis de la liberté, et cela a un nom : être totalitaire", conclut-il avec lucidité.
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La réaction furieuse de Marine Le Pen ; elle demande la dissolution de toutes les associations qui ont empêché sa venue à Paris-Dauphine :
Marine Le Pen a demandé aux responsables de gauche et au candidat François Hollande de condamner solennellement les procédés utilisés pour l’empêcher de s’exprimer. En effet, les Jeunes Socialistes auraient été impliqués dans les violences.
Son voeu n’a pas été exaucé, puisque, ce matin sur RTL, le socialiste Michel Sapin, chargé du projet présidentiel de François Hollande, a dit qu’il comprenait la manifestation anti-Le Pen. Il n’a rien trouvé à y redire.
Tags : Racisme Démocratie Censure FN Université Marine Le Pen Liberté d’expression
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