Toutefois, juste une remarque : prétendre être en mesure de juger de la bêtise risque de n’avoir rien à envier à toute prétention à juger de la mauvaise foi. ( Qualité du procès ? - jugement contradictoire ? - de sa légitimation ? )
Noter qu’un certain Louis Scutenaire disait : "C’est étonnant combien les honnêtes gens ont une connaissance parfaite de la saloperie"
rappel d’une remarque, dans "du contrat social" Chapitre
1.9 Du domaine réel
«
[…] Je
terminerai ce
chapitre et ce livre par une remarque qui doit servir
de base à tout système social ;
c’est qu’au lieu de détruire
l’égalité naturelle, le pacte
fondamental substitue, au contraire, une égalité
morale et légitime à ce que la nature avait pu
mettre d’inégalité physique entre les
hommes, et que, pouvant être inégaux en force ou
en génie, ils deviennent tous égaux par
convention et de droit.
[…]
»
Attention à ne pas jeter le bébé (l’idéal démocratique) avec l’eau du bain (le système de pouvoir établi) avec ce ressenti de "dictature de la majorité" !
Si JJ Rousseau a écrit "du contrat social" c’est bien qu’il n’en est pas resté au mythe du "bon sauvage". Pour se civiliser voilà la clé démocratique qu’il suggère : "Trouver une forme d’association qui défende et protège
de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé,
et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant
qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant. " Tel
est le problème fondamental dont le contrat social donne la solution."
Dès lors, par intérêt collectif autant que personnel bien compris individuellement il ne saurait être question de contraintes subies, de la part d’un pouvoir (même faillible) que chacun pourrait accepter en son for intérieur comme moralement légitime.
C’est le processus de légitimation qui détermine la nature du pouvoir officiel établi. Tout régime, quel qu’il soit (même dictatorial) établit une légitimité officielle : unique et plutôt clairement définie ou définissable. Pour l’individu, le hic ressenti, se situe dans l’écart entre - sa conception individuelle de légitimité morale (conception qui ne saurait être absolue - et restera fatalement au moins aussi multiple que la population ... et plutôt floue ) - et l’unique et procédurière légitimité officielle bien arrêtée.
Alors par quelle légitimation déterminerait-on ou laisserait-on se faire préciser des "principes présidant à l’établissement de la loi" ? Cela ressemble au serpent qui se mord la queue : car pour résoudre cette question de façon démocratique il faudrait avoir déjà établi (sans consensus ???) un régime démocratique !
Aïe ! J’ai bien peur que ce concept de "principes présidant à l’établissement de la loi" soit une fausse "bonne idée" fort inquiétante.
Cela laisserait à penser que la démocratie soit une question quasi mathématique à résoudre dans l’Absolu une bonne foi pour toutes - En gros, dès lors qu’on aurait déterminé La bonne Constitution, ne resterait plus qu’à la respecter (ou la faire respecter).
Je suis au contraire convaincu qu’il serait d’une dangereuse prétention de croire pouvoir atteindre l’idéal démocratique.
C’est la tension pour approcher un idéal, et la conscience de nos imperfections, qui seule peut nous permettre de nous corriger et de nous amender (voire seulement de nous adapter) indéfiniment.