Cette vidéo est intéressante, parce qu’elle a le mérite de replacer l’étiquette "libéralisme" dans son contexte historique.
Néanmoins vous vous heurtez à des difficultés conceptuelles lorsque vous définissez la liberté du seul point de vue d’un individu hypothétiquement indépendant qui n’a jamais existé.
Cette vision revient à nier la nature sociale des êtres humains et leur état d’interdépendance ainsi que le conflit qui provoque, dans toutes les cultures, la domination des uns et la soumission des autres.
Le libéralisme n’a fait que remplacer le pouvoir absolu de l’Etat par le pouvoir absolu des industries, un monopole pour un autre en somme.
De plus l’étiquette "libéralisme" est de plus en plus utilisée de manière dogmatique, exactement à l’image des discours religieux que les libéraux étaient sensés combattre.
Ici il n’est plus question de droit à l’existence ni d’égalité des citoyens devant la Loi, mais d’idéaux philosophiques et religieux que l’on voudrait faire passer pour une science économique.
La liberté est un idéal religieux inventé par des hommes d’Eglise chrétiens par réaction à la culpabilité qui a marqué depuis les origines notre civilisation, et qui a été repris par les libéraux sur un versant plus philosophique.
Rousseau, bien au contraire d’être un adversaire de la liberté, a su donner des clefs pour devenir plus libre, en prenant simplement conscience des limites de la liberté de chaque individu, des contraintes inhérentes à la vie humaine en société.
Nier ces contraintes dans l’idéalisme, ce n’est pas être libre.
Bien au contraire, pour devenir indépendant et autonome, il faut prendre conscience de ce qui dans la collectivité et au cœur même de notre individualité (instincts, pulsions, conditionnements) restreint notre liberté, afin de prendre de la distance et de gagner peu à peu en liberté. La liberté est toujours relative aux autres, à notre culture, à la société dans laquelle nous vivons.
Elle ne peut pas à mon avis être absolue, à moins de se réfugier dans des idéaux irréel de même nature que la monarchie absolue.
Sans État, il n’y a pas de domaine public, et donc pas de propriété pour les "dominés", pas de sécurité ni de justice, pas de service public et pas de démocratie.
Aujourd’hui les libéraux sont à mon avis dans l’erreur lorsqu’ils attaquent les étatistes, nient la légitimité des impots et du pouvoir public.
L’Etat est devenu un de nos derniers remparts contre l’absolutisme qu’il faut protéger, paradoxalement, parce que les lobbys industriels, "Etat dans l’Etat" font désormais la Loi, sans aucune participation des citoyens.
Les états démocratiques ont le mérite de prévoir une structure dans laquelle les pouvoirs sont formellement séparés. Cette structure, qui est en train d’être détruite par les néolibéraux, est en danger, et avec elle les droits et les libertés des citoyens : éducation, vie privée, partage des cultures et des technologies.
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