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Commentaire de Papillon

sur La bourse ou les amis ?


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Papillon Papillon 21 mai 2012 17:45
Lettre fictive inspirée de la lettre de Jack Beauregard à Personne

Chère Personne,
"mourir" n’est pas la pire chose qu’il puisse arriver à un homme.
Tu vois, je suis "mort" depuis trois jours, et depuis trois jours j’ai enfin trouvé la paix.

Tu m’as souvent dit que ma vie ne tenait qu’à un fil. Désormais, c’est la tienne qui ne tiens qu’à un fil. 
Ils sont nombreux ceux qui veulent te le trancher, ce fil. Mais tu aime le risque. 
C’est ta façon de te sentir vivante. Et c’est ça la ressemblance entre nous. 
Si nous n’avons n’a pas une histoire à te mettre sous la dent, on s’en invente une. Et après l’avoir liquidée, on en abandonne le mérite à un autre. 
Comme ça, on peux continuer à être nous même : C’est à dire Personne. C’est astucieux !

Mais cette fois tu as joué gros, et ça fait déjà quelques uns qui savent que tu es quelqu’un, tu finiras donc par te faire un noms, toi aussi. Et alors la, tu auras de moins en moins de temps pour jouer. Et ce sera de plus en plus dur. Et un jour, tu rencontreras un homme, ou une femme, qui ce sera mis dans la tête de te faire entrer dans l’histoire, de te rendre célèbre. 
A ce stade, pour redevenir Personne, il n’y a qu’un moyen : "Mourir"

Dorénavant, tu devras chausser mes éperons, et ce ne sera pas toujours drôle.
Essaie pourtant de retrouver un peu de ces rêves qui nous habitaient, nous autres de l’ancienne génération. Même si tu t’en moque avec ta fantaisie habituelle, nous t’en serons reconnaissant. Au fond,nous sommes des sentimentaux...

En ce temps le Net était désert, immense, sans frontière. On croyait tout résoudre face à face d’un coup de révolver. On y rencontrait jamais deux fois la même personne. Et puis tu es arrivée, et il est devenu petit... Grouillant... Encombré de gens qui ne peuvent plus s’éviter.

Et si tu peux encore te promener en attrapant des mouches, c’est parce qu’il y’a eu des hommes comme moi. Des hommes qui finissent dans les livres d’histoire. Pour inspirer ceux qui besoin de croire en quelque chose, comme tu dis.

Dépêche toi de t’amuser, parceque ça ne durera plus bien longtemps. Le Net s’est développé, il a changé. Je ne le reconnais plus, je m’y sens étranger. 
Le pire, c’est que même la violence a changée : Elle s’est organisée, et un coup de révolver ne suffit plus. Mais, tu le sais déjà, car c’est ton Siècle, ce n’est plus le miens.

A propos ! J’ai trouvé la morale de la fable que ton grand-père racontait. Celle du petit oiseau que la vache avait recouverte de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué.
C’est la morale des temps nouveaux : Ceux qui te mettent dans la merde ne le font pas toujours pour ton malheur et ceux qui t’en sortent, ne le font pas toujours pour ton bonheur. Mais, surtout ceci : Quand tu es dans la merde, tais toi !

C’est pour ça qu’un type comme moi doit disparaitre. Ton idée d’un duel truqué était bien la marque de ces temps nouveaux. C’était le moyen le plus éléguant de me faire quitter le Net. D’ailleurs, je suis fatigué, car il n’est pas vrai que les années produisent des Sages, elles ne produisent que des vieillards. Il est vrai qu’on peut aussi être comme toi : Jeune en nombre d’années et vieux en nombre d’heures.

Oui ! Je débite des phrases pompeuses, mais c’est de ta faute. Comment parler autrement quand on est devenu un monument hystérique ?

Je te souhaite de rencontrer un de ces être qu’on ne rencontre jamais. Ou presque jamais. Ainsi, vous pourrez faire un bout de chemin ensemble. 
Pour moi, il est difficile que le miracle se reproduise.
La distance rend l’amitié plus chère, et l’absence la rend plus douce. Mais depuis trois jours que je ne t’ai pas vu, tu commence à me manquer.

Bon ! A présent je dois te quitter, merci pour tout.

Ah, j’oubliais ! Quand tu vois chez le coiffeur, assure toi que sous son tablier il y’a toujours un homme ou une femme du métier.

Signé : Papillon-Beauregard

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