Les paradis fiscaux se sont développés à partir de la première guerre
mondiale, offrat un refuge aux fortunes et revenus fuyant l’effort
fiscal exigé à cette époque. Mais Shaxson note que c’est l’invention de
l’euromarché dans les années 1950 qui a provoqué la véritable explosion
de la finance off-shore. Après-guerre, les mouvements
transfrontaliers de capitaux sont sévèrement contrôlés ; les banques
n’acceptent des dépôts et n’effectuent des transactions en monnaie
étrangère que pour réaliser des opérations spécifiques avec leurs
clients.
Pourtant la City londonienne ne tarde pas à trouver une
échappatoire. Les banques remplacent la livre sterling par le dollar
dans leurs opérations internationales de prêt. Au-lieu de sévir, la
Banque d’Angleterre couvre le procédé. Elle considère que ces opérations
n’ont pas lieu en Grande-Bretagne et n’ont donc pas à être
réglementées. Mais comme cette activité n’a pas lieu dans d’autres pays,
ces derniers ne peuvent intervenir. Dorénavant les banques tiennent une
double comptabilité, une comptabilité off-shore où aucune des parties n’est britannique et une comptabilité on-shore où
au moins l’une des parties contractantes est britannique. Ce vide
réglementaire va engendrer un marché qui devient le principal
fournisseur mondial de capitaux, un marché débarrassé de toute
contrainte réglementaire. Londres, qui vient de perdre son empire
colonial, se retrouve à la tête d’un nouvel empire, celui de la financeoff-shore.
http://www.domainepublic.ch/articles/21346