@ gaijin et Ozimandias
Ce que vous mentionnez est très intéressant.
La symbolique de l’axe tourné vers le Nord se retrouve sur la statue d’Atlas, dans le Rocher abbateur Center, pas loin. Le Taureau dont vous mentionnez fait peut être référence à l’autre principal symbole de ce complexe de bâtiments commerciaux : La Fontaine de Prométhée…
Je ne suis jamais allé à New York, cela ne m’a jamais fait rêvé. La statue de la liberté non plus d’ailleurs. J’exagère, elle m’a peut-être fait rêvé dans le film Titanic à l’époque. On sait tous comment ça s’est fini... Mais aujourd’hui, je dois dire que je serai curieux de voir des mes yeux toutes ces « œuvres d’art » contenues dans ce complexe qui, le mot n’est pas trop fort, est une véritable terre sacrée du monde moderne.
Prométhée, enseignant dans tous les arts, a introduit le feu qui s’est avéré être pour les mortels un moyen pour de puissantes fins. (Inscription devant la fontaine)
J’ai une connaissance assez vague de la culture hellénistique. Cela ne m’a jamais accroché. Disons plutôt que la façon dont on me l’a enseigné ne m’a pas donné, jusque là, envie de m’y intéresser. Oui, c’est d’un compliqué toutes ces intrigues entre ces « dieux », mais what the fuck quoi ? Comme dirait un langage « moderne ». Ceux qui ne sont pas tombés de la dernière pluie ont peut être eut plus de chance à cet égard.Je n’avais jamais fait le rapprochement entre Prométhée et Lucifer.
Oui ce pauvre Prométhée qui veut aider les hommes, et qui ne fait qu’apporter le feu à ces derniers ; la lumière, le progrès ! Bon j’exagère à peine, on sait tous que Prométhée est un peu roublard, il a défié Zeus, tout comme Atlas. Mais mon image candide s’arrêtait là. Aussi, pour toute tradition de philosophes et de poètes, Prométhée est le symbole même de l’humanisme. C’est avant tout lui qui a apporté à l’humanité le progrès, la technique et la civilisation. Il est injustement puni par des dieux cruels, qui veulent maintenir l’humanité dans l’ignorance. C’est ce que pensent Platon, Voltaire, Hugo, Marx etc.
Jusqu’à ce que je découvre Jean Pierre Vernant.
- https://www.youtube.com/watch?v=Pgpf-aPvctQ
- (en option sur Prométhée : https://www.youtube.com/watch?v=Z0QlDuBWV8g&spfreload=10)
Merveilleux monsieur que celui-ci, qui vient de m’éveiller à un autre monde. L’histoire de Prométhée (Prévoyance) et de son frère Épiméthée (Irréfléchi) se déroule en trois actes. Le début du premier acte décrit un véritable âge d’or où il n’y avait que des hommes. Ils n’avaient pas à travailler, le blé et autres denrées poussaient tout seuls. Ils pouvaient se nourrir de nuées, d’aromates naturels. Il n’y avait pas de vieil âge, on vivait des centaines d’années, et on finissait par s’endormir, comme un arbre, le rêveur allant rejoindre Hypnos.
Déjà ici, je ne peux pas ne pas penser au Zhuangzi. Il fait mention exactement du même mythe d’un âge d’or tout au long de l’œuvre. Un aperçu. Chapitre I « Voler, voguer, vaquer » :
(Un personnage dit avoir entendu une fable extravagante, racontée par un fou)
« Sur les lointains monts Kou-cheu habitent des immortels au teint de neige, délicats comme des vierges, qui, au lieu de se nourrir de céréales, aspirent le vent et boivent la rosée. Montés sur un char de nuages tiré par des dragons ailés, ils voyagent en dehors des bornes de l’univers. Il leur suffit de concentrer leur esprits pour écarter les maladies et fructifier les récoltes. Jugeant qu’il s’agissait là de propos abracadabrants, je n’y ait pas prêté foi […] ».
Hommes et Dieux sont mélangés, et mangent à la même table. (Communication entre le Ciel et la Terre) Puis, Zeus commence à en avoir marre de ces hommes qui se comportent comme des dieux, mais qui n’en sont pas. Mi-dieu mi-mortel. C’est quoi ça ? Il ne va pas utiliser la violence, mais l’homme manque de dignité. Il faut faire quelque chose. Il demande alors à Prométhée, qui a ressenti la requête de Zeus comme une injustice faite aux hommes. Il décide donc de tromper Zeus lors d’un banquet sacrificiel, qui devait sceller le destin de l’humanité entière. Oui rien que ça… On sacrifie un taureau ou un bœuf, là je sais pas trop. Zeus voit bien la combine de Prométhée (Prévoyance), mais fait semblant de jouer le jeu. Il fait choisir Zeus, entre une part où il n’y a que des os, mais qui sont tartinées de bonne graisse blanche, et la chair de l’animal, qu’il enveloppe avec le tissu de l’estomac, d’aspect rebutant. Zeus choisit alors la belle graisse blanche, et se rend compte que Prométhée l’a bel et bien berné. Il est alors furieux. Prométhée (Prévoyance) s’est, par orgueil, posé comme le bienfaiteur de l’humanité. Il a joué sur les apparences.
Le sacrifice rituel, au moins autant qu’en Grèce antique, a une importance prépondérante dans la société de la Chine archaïque. Il est chargé d’une symbolique de premier ordre. Ce sont sur les os mêmes où l’on applique un tison incandescent qu’on communique avec les dieux, qu’on fait de la divination. Et c’est aussi comme ça qu’est inventé l’écriture chinoise. Le rituel sacrificiel sous les Zhou était une véritable institution, qui permettait de rappeler à chacun sa place dans la société, où les plus nobles mangeaient les meilleurs parts de l’animal qu’on rôtissait à l’occasion… Bref, il y aurait mille choses à dire. Mais le plus important. L’issu de ce banquet cannibale (à la Freud, ce grand dégénéré…).