@maQiavel
Précisément, depuis quelques années des rumeurs font état de discussions pour un partage européen du siège permanent des Français au conseil de sécurité, il semblerait que récemment, lors d’une conférence à Harvard l’ambassadeur allemand à l’ONU ait confirmé l’information qui circulait déjà par de nombreux canaux officieux. Il semblerait également que du côté de l’ambassadeur français actuel, François Delattre, il y ait une réelle volonté d’atteindre cet objectif.
Tu as des sources (officielles) ? Je n’ai trouvé qu’un article sur RT et un article d’un média iranien (https://www.presstv.com/Detail/2018/10/08/576391/FranceAllemagne-un-sige-pour-deux—lONU, présenté sur wikipedia comme une chaîne d’information internationale de propagande iranienne en langues française et anglaise) qui n’avance aucun élément tangible ni aucune source pour étayer les propos que l’ambassadeur allemand aurait tenu durant cette conférence au sujet de pourparlers officiels engagés avec les Français. L’article parle d’ailleurs de "propos attribués", donc, en clair, ils n’en savent rien.
https://francais.rt.com/international/54444-vers-siege-franco-allemand-conseil-securite-onu
La seule "preuve" c’est la citation sur le compte tweeter de la conférence germano-américaine à Harvard :
https://twitter.com/Harvard_GAC/status/1048689748678778881
Or, les propos de l’ambassadeur évoquent seulement son "rêve d’avoir Merkel au
conseil de sécurité" ce qui n’est pas vraiment un scoop. En revanche, il n’y a rien sur des pourparlers ou des discussions officielles avec l’ambassadeur français. L’ambassadeur allemand fait sans doute référence au fait que l’Allemagne va occuper un siège - non permanent — au conseil de sécurité à partir de 2019 :
https://www.sudouest.fr/2018/06/08/onu-5-pays-dont-l-allemagne-au-conseil-de-securite-en-2019-5128807-4803.php
— ce que confirme la suite des tweets publiés sur le même compte, où l’ambassadeur abordent les sujets que les Allemands veulent porter au sein du conseil de sécurité :
https://twitter.com/Harvard_GAC/status/1048692951294074882
Bref, il s’agit d’une "fake news" avec des extrapolations mensongères basées sur des informations partielles, ou restituées de façon partielle.
L’article cite ensuite des propos de Philippot qui prétend avoir entendu une conversation à ce sujet entre des diplomates allemands et français, bref...
C’est d’autant plus étonnant que comme l’a rappelé l’ambassadeur français aux USA, seuls des Etats peuvent siéger à l’ONU, et les membres permanents sont désignés par la charte qu’il faudrait donc amender, procédure qualifiée "d’inconcevable".
Sur le "partage" de la dissuasion nucléaire, là encore, il n’est pas question de partager mais d’inscrire éventuellement une déclaration actant que "la dissuasion nucléaire française participe à la défense de l’Allemagne" et non l’inverse ("l’Allemagne participe à la dissuasion nucléaire française"). On ne peut pas toujours "faire fi", précisément, des nuances diplomatiques. Comme le rappelle l’article, cela serait perçu comme un "signal négatif" par les Américains puisqu’à l’heure actuelle c’est la dissuasion nucléaire américain qui "participe à la défense de l’Allemagne". J’y vois plutôt une tentative un peu désespérée des Français de vendre à l’Allemagne l’Europe de la Défense, dont cette dernière ne veut pas réellement, préférant le confort apporté par le parapluie américain à un système plus ou moins organisé autour de l’outil de défense français.
Il faut être hyperrigoureux sur ces sujets....
Je suis en revanche d’accord sur le dernier paragraphe. Les Allemands sont trop malins et conscient du poids de l’histoire pour assumer ouvertement leur domination (même si la tentation est là). On le voit déjà au sein de l’Europe où ils ont flanqué Moscovici d’un chaperon finlandais pour s’assurer qu’il reste dans les clous de la politique définie par Berlin :
https://www.nouvelobs.com/politique/20140901.OBS7800/commission-europeenne-le-oui-mais-de-merkel-a-moscovici.html
On voit d’ailleurs en ce moment pourquoi les Allemands ont accepté la nomination de Moscovici à ce poste : c’est Moscovici, et non un Allemand, qui est envoyé en première ligne pour "rappeler à l’ordre" les populistes italiens sur leur budget. Salvini l’a bien compris et tape d’autant plus fort sur les Français (un coup Macron, un coup Moscovici) tout en évitant soigneusement d’aller au clash avec Berlin (qui tient les cordons de la bourse). Stratégiquement, c’est bien vu, il donne le change à son électorat eurosceptique sans s’attaquer au coeur du système.