@beo111
D’accord. Je généralise le concept de novlangue, ce que vous
ne faites pas. Stricto sensu, le procédé d’ajout de suffixes pour renforcer le
sens d’un mot ou dire son antonyme, ça n’a pas pris dans notre langue (ni celle
de Shakespeare, apparemment). Le procédé étant trop rudimentaire pour que ça
fonctionne, ou bien c’est encore trop tôt. Donc cette novlangue n’existe pas,
vous avez raison. Et je ne connaissais pas l’histoire avec Eugène Lanti, merci
pour l’info.
J’utilisais le mot novlangue (et peut-être maladroitement)
en terme de finalité, et non de procédé. Pour la finalité, c’est la définition
que je vous avais donnée dans mon message précédant. J’aurais dû dire, par
exemple : « la pensée orwellienne sur le langage », mais c’est
moins impactant. Et en ce sens, oui, l’action de la doublepensée, telle qu’il l’explique
dans 1984 est évidente sur la langue, que j’ai présentée dans ce fil avec des
oxymores. Et faire la chasse aux oxymores
qui polluent le langage est en soi une nécessité à valoriser et tout un programme.
De façon plus générale, donc, c’est le langage comme
instrument de pouvoir qui était sa réflexion, notamment par la destruction de la pensée qui ruine toute velléité de contestation. Dans « La ferme aux animaux » c’est
le changement imperceptible et progressif de mots, pour ruiner une charte ou un
contrat. Nous sommes dans un pays démocratique. Quelle démocratie ? On
s’en fout, c’est la démocratie. On retrouve ça fréquemment dans les textes juridiques. Changer les apparences pour ne pas changer le réel. Par exemple, la loi contre la pédophilie, en 2018, votée à grands renforts des tambours médiatiques comporte toutes sortes de points de fuites difficiles à
comprendre sans être juriste qui, en définitive, ne renforcent guère la
protection de l’enfance.
Donc la langue comme instrument de partage des expériences
humaines dans une société, versus celle comme instrument de consolidation de
pouvoir qui en est un détournement (mais dit comme ça, ce n’est pas très joli).