Strauss veut ressortir de la caverne, revenir à la manière classique de penser la politique, car elle seule permet un regard critique sur al réalité ; elle nous montre la voie pour redonner à la pensée le courage de ses qualités les plus hautes : l’intention de vérité, le jugement selon le bien et le mal, le devoir-être - sans l’accompagner d’une volonté de transformation du réel.La réalité est permanente, la nature humaine également.C’est à la pensée de se respecter elle-même : elle seule peut faire l’évènement.C’est pourquoi le parcours de Strauss dans le passé philosophique constitue, symboliquement et concrètement, un "retour à Aristote".Un temps d’arrêt est nécessaire aux débuts de la pensée moderne incarnée par Machiavel ; car pour clarifier les problèmes, il faut se placer aux moments où ils étaient les plus brillants.Pour Arendt également, les "hommes socialisés" [...] sont des hommes qui ont décidé de en jamais quitter ce qui pour Platon était la "caverne" des affaires humaine quotidiennes", et le penseur responsable, soucieux du monde, ne peut se satisfaire d’une telle place.Mais un retour n’a pas de sens car c’est la réalité elle-même qui a changé, au point précisément de placer la pensée dans une situation d’urgence.En revanche, un parcours libre à travers le passé philosophique s’impose.A travers les expériences authentiques dont les théories, les concepts, le langage portent la trace, il est possible de trouver les ressources pour une pensée qui doit acquérir une intimité relationnelle avec le réel.C’est ainsi, notamment, qu’Arendt va découvrir chez Augustin l’expérience de l’existence humaine comme commencement, et qu’elle va lire dans la théorie kantienne du jugement l’idée de la mentalité élargie, condition essentielle de l’exercice de la pensée, dans ce monde où le problème de la pensée est devenu un problème politique.