@Gollum : " Elle n’était pas catholique, nuance. Mais elle était bien chrétienne. "
Pour être chrétien il faut être baptisé, qu’on soit catholique, orthodoxe, copte, ou d’une des innombrables sectes protestantes. Il ne suffit pas de considérer que la Christ était un grand sage, les évangiles sources d’une morale admirable et de s’efforces de la suivre, ni même de croire que Jésus était de nature divine, le Messie.
" Elle rejetait l’Église vue comme quelque chose de quasi diabolique (au même titre que le Dieu de l’AT). "
C’est pour les Romains qu’elle avait une animadversion opiniâtre qui fait sourire, mais qui est très dans la tradition talmudique étant donné qu’ils ont détruit le temple (qui, soit dit en passant, était de construction romaine en pierre pour remplacer un temple e bois, Hérode n’était pas juif). Elle considérait le IIIe Reich comme la continuation de l’Empire Romain.
Le séjour de Simone Weil (1909-1943) en France en 1941 s’est fait par les réseaux de l’Église catholique, sous la protection de Gustave Thibon (1903-2001), proche de Vichy, qui a fait éditer ses premières oeuvres chez Plon. Il écrit en 1948 dans l’Introduction à "Le Pesanteur et la Grâce" : " En juin 1941, je recevais d’un ami dominicain, le R.P. (Joseph-Marie Perrin 1905-2002), résidant alors à Marseille, une lettre que je n’ai pas conservée, mais qui contenait en substance ceci : "Je connais une jeune fille israélite, agrégée de philosophie et militante d’extrême-gauche qui, exclue de l’Universié par les nouvelles lois, désirerait travailler quelque temps à la campagne comme fille de ferme. Une telle expérience aurait besoin, à mon sens, d’être contrôlée, et je serais heureux que vous puissiez prendre cette jeune fille chez vous." (...) Mon premier réflexe fut donc négatif. (...) Le désir d’accueillir la proposition d’un ami (...) me fit revenir ensuite sur mon premier mouvement. (...) Quelques jours après, Simone Weil débarquait chez moi (en Ardèche). Nos premies contacts furent cordiaux mais pénibles. Sur le plan concret, nous n’étions d’accord à peu près sur rien. Elle discutait à l’infini, d’une voix inflexible et monotone, et je sortais littéralement usé de ces entretiens sans issue. Je m’armais alors, pour la supporter, de patience et de courtoisie. (...) Elle commençait alors à s’ouvrir de toute son âme au christianisme ; un mysticisme sans bavures émanait d’elle : je n’ai jamais rencontré, dans un être humain, une telle familiarité avec les mystères religieux ; jamais le mot de surnaturel ne m’est apparu plus gonflé de réalité qu’à son contact. (...) Je la vis pour la dernière fois au début de mai 1942. Elle m’apporta à la gare (de Marseille) une serviette bourrée de papiers en me priant de les lire et d’en prendre soin pendant son exil. (...) Je la regardai un moment s’éloigner dans la rue. Nous ne devions plus nous revoir."
" (Elle rejetait l’Église vue comme) quelque chose de quasi diabolique au même titre que le Dieu de l’AT. "
Dans l’Ancien Testament, il y a deux dieux, avec trois appellations : le dieu universel de la Genèse (Dieu ou l’Éternel) qui est aussi celui de Jésus et de la Nouvelle Alliance ouverte à toutes les autres nations, et le dieu tribal, le dieu des armées des Hébreux, le dieu partisan appelé Yahvé (le dieu de Netanyaou). Je suppose que c’est ce dernier qu’elle rejetait.