@Gollum
"Dire que les miracles sont des signes c’est le genre de jargon qui ne veut rien dire, sinon que le but est plus ou moins d’embrouiller les esprits..."
Être incapable de comprendre ce qu’est un signe est une triste condition mentale. Et comment faire pour séparer ce qui "ne veut rien dire" et ce vous ne comprenez pas ? Le texte suivant désembrouillera peut-être un peu votre esprit :
Dans le célèbre tableau de Raphael sur La Transfiguration qu’on voit au musée du Vatican, on distingue trois niveaux : en haut, en état de lévitation, de « corps glorieux », Jésus entouré d’Elie et Moïse ; au niveau intermédiaire, sur le plateau sommital du Thabor, les trois apôtres Pierre, Jean et Jacques, accroupis, aveuglés par la nuée éblouissante dont ils ne peuvent supporter la vue : ils tiennent d’ailleurs la main à hauteur des yeux pour s’en protéger disons que ce sont des hommes de science, pas encore de connaissance ; en bas, au pied du mont, les autres disciples et la foule, incapables eux aussi de regarder la nuée (certains, les yeux baissés, désignant seulement la lumière du doigt) — ce sont des érudits, ils ne créent rien, ils ne savent que par ouï-dire ; mais, dans le coin droit du tableau, une famille amène un enfant possédé pour le faire exorciser par Jésus : cet enfant est le personnage clé de l’ensemble, son visage est révulsé, mais seul il lève la tête et tient les yeux ouverts sur la nuée éblouissante. C’est cet enfant qui symbolise la présence, dans tout acte de transfiguration, des essences du bas les plus basses, les moins reliées, les moins intégrées, les plus soumises au dia-bolisme de la multiplicité. Entre Jésus et cet enfant, Maître Eckhart dirait que tous les autres personnages ne sont désormais plus rien, « un pur néant ». Je crois qu’il faut voir le « retour aux choses mêmes » de cette façon : un court-circuit instantané entre le réalisme analytique de la science et l’idéalisme transcendantal de sa transfiguration.
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