Vive les « Napoléon » ?
Rappelons tout d’abord que le militarisme a pris sa forme moderne en 1558 ; cette date est celle de l’année où fut créé le premier régiment de France. Notons cependant que c’est Charles VII, le premier, qui prit en mains le commandement suprême des compagnies de guerre et imagina la création d’une armée nationale. Les armées furent d’abord composées de simples bandes de pillards de profession, ou de vilains. Aussi, c’est à partir de Louis XIV que les hommes reçurent une solde régulière et furent appelés « soldats ». On les appelait aussi « soudards », parce qu’ils étaient « soudoyés » ; c’était un métier méprisé. Et, en effet, quoi de plus méprisable que de recevoir de l’argent pour tuer des hommes ?
Donc, les conditions d’une Paix durable sont, d’abord, le rétablissement d’une Autorité morale qui fasse contre-poids aux instincts brutaux de l’homme.
Les hommes se battent pour deux motifs : pour conquérir des territoires et pour accaparer l’hégémonie spirituelle du monde.
L’hégémonie spirituelle du monde a été le prétexte des guerres de religion qui ont ensanglanté la Terre. Sous prétexte d’unification religieuse, l’homme a jeté dans l’humanité un surnaturel absurde : il a semé la terreur et étouffé la vérité.
L’unification politique de l’homme a créé le despotisme : son unification religieuse a créé le règne du mensonge.
La centralisation, c’est-à-dire l’unification masculine est toujours dirigée contre les libertés féminines et contre les progrès de l’Esprit. Aussi, ces tentatives sont toujours suivies de débâcles. C’est ainsi qu’ont disparu les grands empires des Alexandre, des César, des Charlemagne, des Napoléon. Ce qui prouve bien que, sans le Pouvoir spirituel de la Femme, l’homme ne peut rien faire de durable. Toutes les grandes ambitions masculines sombrent, à la fin, dans l’oubli.
Aussi, que reste-t-il des conquêtes des grands envahisseurs masculinistes ? Après les désastres matériels, lorsque la vie reprend son équilibre, il reste un code de lois qui a pour but de justifier le masculinisme, auquel on donne tous les droits et qui, en même temps, humilie la Femme en la montrant comme un être inférieur et dangereux qui a besoin de la protection de l’homme.
Après César : le Droit romain. Loi de l’homme, code infâme, qui donne à l’homme le droit de vie et de mort sur l’esclave, sur la femme et sur l’enfant.
Après Charlemagne : les Capitulaires. L’ignorante histoire des modernes nous dira qu’on désigne sous le nom de Capitulaires les lois faites dans les anciennes assemblées nationales, sous Charlemagne et ses successeurs. Ce nom leur vient, dit-on, de ce qu’elles étaient rédigées par articles nommés « chapitres » ou « capitules ». En réalité, c’était la copie des Chapitres qui constituaient les grades des « Mystères johannites », qui servaient encore de direction spirituelle et morale. Ce mot « Chapitre » passa aussi dans le culte catholique. Ce sont ces anciennes lois morales que les masculinistes ne peuvent jamais détruire complètement.
Après Napoléon : le Code qui porte son nom. La composition des articles du Code, dit Napoléon, entièrement, confiée à des jurisconsultes, tout imprégnés de l’esprit aride de la loi romaine, est une œuvre qui porte la marque du despotisme, digne d’un tyran qui voyait dans la famille un camp et voulait avant tout l’obéissance. La liberté féminine n’eut pas d’adversaire plus décidé. La femme est privée non seulement de ses droits civils et politiques, mais encore de ses droits naturels : traitée en esclave et assimilée aux criminels, aux escrocs, aux interdits, aux fous, etc. En revanche, les devoirs lui sont généreusement octroyés : obéissance, soumission, résignation, dévouement, esprit de sacrifice ! Toutes vertus d’esclave. Ce Code barbare s’est inspiré des principes du catholicisme ; religion toute de fabrication masculine, dont les femmes sont exclues comme impures. Notons qu’il y avait encore des femmes médecins et professeurs de médecine jusqu’à la Révolution française, et que c’est à Napoléon qu’on doit la masculinisatîon définitive de l’enseignement universitaire. Enfin, les modernes n’auraient jamais connu le Sépher primitif (qui servira à faire le premier Livre de la Bible, la Genèse, qui en sera la caricature) si un homme d’un génie extraordinaire, Antoine Fabre d’Olivet (1767-1825), n’avait entrepris de reconstituer l’hébreu primitif et de refaire la traduction des dix premiers chapitres du Sépher. Fabre d’Olivet fut tout de suite remarqué par Napoléon comme un homme qui pouvait restituer la vérité. Cela lui valut une persécution effroyable (Il dut quitter la France et s’exila en Angleterre), parce qu’on s’apercevait que sa grande science allait permettre de reconstituer le texte primitif de la Bible, caché depuis 3.400 ans, et que les rabbins, qui connaissent les substitutions de sexes qui ont été faites par les prêtres quand ils ont révisé les Écritures, continuaient à dénaturer complètement (les « Bibelforscher » ou « chercheurs Bibliques » ont toujours fait l’objet de persécution à travers les siècles).
NB : Il y a deux manières de faire revivre le passé : l’une consiste à le remettre sous nos yeux en y réintégrant les deux sexes qui en ont été les auteurs ; l’autre expose sommairement ce que les hommes de l’époque étudiée on dit ou fait, en se gardant de rien ajouter au témoignage de ceux qui se justifiaient de crimes, de délits, de fautes commises ; ceux-là multiplient les références parce qu’ils savent que les gens sincères peuvent leur reprocher leur partialité, puisqu’ils suppriment le rôle joué par la femme à l’époque qu’ils étudient. Ceci prouve qu’il y a toujours eu, dans le monde, deux partis bien tranchés représentant les deux sexes : primo, des féministes affirmant leurs droits naturels et cherchant la justice dans le présent et dans le passé ; deusio, des masculinistes donnant les droits féminins aux hommes et défendant leur usurpation par des ruses, des hypocrisies, des mensonges.
L’histoire écrite par les auteurs masculins s’occupe exclusivement de ce que font les hommes : la guerre d’abord, la conquête, le commandement, puis l’industrie et quelques notions concernant la vie privée, les mœurs, et ce qu’ils entendent par le mot religion. Tout cela dans le but d’affirmer les droits donnés aux hommes par les codes masculins. Quant à la vie morale et spirituelle des femmes, il n’en est jamais question ; non seulement on néglige ce chapitre, mais on l’amoindrit en le désignant dédaigneusement sous le nom de fables ou de Mythologie. C’est cependant cette partie de l’histoire qui explique toutes les origines, en même temps que toute la vie intellectuelle des peuples.
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