@yoananda2
S’il fallait attendre qu’un gus désire la fille super canon qui est devant moi pour que je m’autorise à la désirer à mon tour, si t’es dans un lieu assez désertique tu fais comment ? 
Tiens un petit extrait de son plus féroce critique :
René Girard vise la même clientèle que Roland Barthes : les jobards. Comme lui, il a compris que, pour les ébahir, il ne fallait pas craindre de prendre le contre-pied du sens commun et d’aller résolument à l’encontre de l’expérience universelle. C’est ce qu’il fait en soutenant, c’est la thèse centrale de son livre, que nous ne désirons jamais que des objets déjà désirés par un autre et que nous ne les désirons que parce qu’il les désire. Selon lui, nos désirs ne sont jamais spontanés : ils nous sont toujours dictés ou suggérés par un tiers qu’il appelle le « médiateur ». Le désir ne va jamais directement du sujet à l’objet ; passant toujours par un médiateur, il n’est jamais linéaire, mais toujours « triangulaire ». Croire à l’autonomie du désir est une illusion « romantique ». De telles affirmations devraient faire sauter au plafond n’importe quel lecteur a un peu de bon sens et de psychologie. Mais, à l’instar de Roland Barthes et de tant d’intellectuels de notre temps, René Girard affiche le plus parfait mépris pour le bon sens et la psychologie qui ne peuvent fournir, selon lui, que des « explications dérisoires [3] ». Pourtant le simple bon sens nous dit tout de suite que, si le désir était toujours second, si nous ne pouvions jamais désirer qu’on objet déjà désiré par un autre, personne n’aurait jamais encore éprouvé le moindre désir. Car il faut bien que quelqu’un commence, il faut bien que quelqu’un donne l’exemple, il faut bien que l’objet que nous désirons parce qu’un autre l’a désiré avant nous, lequel ne l’avait lui-même désiré que pour la même raison, il faut bien que cet objet ait d’abord été désiré de façon spontanée. Tous les maillons d’une chaîne sont reliés à celui qui les précède, sauf le premier. Mais ce n’est pas seulement la logique qui condamne sans appel la théorie de René Girard, ce sont aussi les faits. À ne s’en tenir qu’à leur expérience personnelle, la plupart des individus, pour ne pas dire la quasi totalité d’entre eux, auront beaucoup de mal, et souvent n’y parviendront pas, à trouver des objets qu’ils n’ont désirés que parce qu’un autre les avait été déjà désirés. Ils n’auront, en revanche, que l’embarras du choix, tant ils leur paraîtront innombrables, pour trouver des objets qu’ils ont désirés de manière tout à fait spontanée. Qu’importe ? René Girard écrit pour les jobards et il sait que plus c’est difficile à avaler et plus ils se régalent.