Jean Raspail chez Taddeï : qui peuplera demain la France ?
Frédéric Taddeï recevait dans Ce soir ou jamais, le 3 février 2011, Jean Raspail, auteur du sulfureux et prophétique roman Le Camp des Saints, publié la première fois en 1973 et réédité cette année.
Cet ouvrage, narrant la submersion de la France par l’échouage sur nos côtes d’un million de réfugiés indiens, est paré de vertus prophétiques par ses défenseurs mais aussi encore et toujours conspué, près de 40 ans après sa première publication, par tous ceux qui y voit un pamphlet raciste.
Raspail s’inquiète de qui peuplera la France, ce pays deux fois millénaire qu’il dit aimer d’un amour charnel, d’ici 2050. Le vieil homme rappelle les prévisions de certains démographes selon lesquelles les "Français de souche" seront devenus minoritaires dans les zones urbaines entre 2045 et 2055. La France sera alors peuplée majoritairement d’extra-européens.
C’est une question assez profonde que pose Raspail : un peuple (quel qu’il soit, l’écrivain est un grand voyageur qui s’est intéressé à de nombreuses cultures) doit-il se sentir attaché à son identité "ethnique" séculaire et la défendre, ou accepter le mélange et le métissage, voire, à terme, la disparition ? Et, au fond, qu’est-ce qu’un peuple ?
La question n’intéressait guère les autres invités de l’émission, qui, sur le thème de la France en déclin, se sont bornés à parler d’économie, de déficit, d’emploi, de république aussi... Au terme du débat, au cours duquel il resta largement silencieux, Jean Raspail fit remarquer qu’à aucun moment il n’avait entendu les débatteurs parler de la France... perdue derrière les considérations politiques et économiques.
Chacun des autres intervenants expliquait le pessimisme des Français en fonction de son domaine de compétence. Ainsi, l’économiste donnait son avis du point de vue de l’économie, Lauvergeon donnait son point de vue du haut de sa multinationale, la prof en géopolitique donnait son explication suivant la place de la France dans le monde, le prof en littérature nous expliquait que tout allait bien car le français est beaucoup parlé... Jean Raspail, lui, évoque le remplacement de population. Si les Français sont pessimistes, c’est, selon lui, parce qu’ils savent qu’ils seront bientôt minoritaires dans leur propre pays. Bref, ils craignent pour leur identité. Qui a l’explication la plus pertinente ? Evidemment, cela dépend des Français... qui n’ont pas tous la même sensibilité, et les mêmes causes de déprime.
Au fond, l’amour charnel de la France qu’affiche le vieil écrivain n’est-il pas surranné ? N’est-ce pas ringard, sous l’ère Sarkozy, d’aimer la France comme une mère ? Raspail ne représente-t-il pas un type d’homme en train de disparaître, habité par l’âme de son vieux pays ?
Les autres invités de Taddeï étaient : Jean-Pierre Chevènement, Marie-France Garaud, Anne Lauvergeon, Michel Godet, Claude Hagège et Philippe Dessertine.
Tags : France Economie Politique Racisme Immigration Démographie
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