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KEYNES LOACH

Ken Loach a choisi le noir et blanc pour rendre l’esprit de 45. Son film mêle images d’archives et entretiens (avec des témoins et quelques économistes dissidents) : souvenirs et analyses. D’aucuns jugeront que le noir et blanc est la révélation d’une vision binaire qui divise le monde en deux. Les propagandistes libéraux anglo-états-uniens s’offusqueront d’être peints en noir par de plus en plus d’impertinents. D’un autre côté, ils continuent de dénoncer un "axe du mal "qui va de Téhéran à Caracas.

 

 

Les sociaux-libéraux qui règnent au sommet de l’Etat français depuis un an et dans la presse de gauche depuis longtemps émettront des réserves fort convenues (1). Ils semblent vouloir prendre la relève des « libéraux purs » dont la doctrine est de plus en plus contestée et oseront bientôt défendre un « libéralisme à visage humain ». Eux-mêmes en France s’emploient à revenir sur les « mesures sociales » qu’avaient imposées le Conseil National de la Résistance, mais avec moins de brutalité que Madame Tatcher, avec plus de communication managériale.

 

Mais ont-ils remarqué que l’esprit de 45 avait déjà sévi en 1919, à la fin de la Première Guerre Mondiale. Pourtant les lignes qui suivent ont une résonnance très actuelle :

 

« Ainsi, la croissance de ce remarquable système reposait à la fois sur le mensonge et sur la fraude. D’une part, les classes laborieuses acceptaient une situation où elles ne pouvaient prétendre qu’à une très petite part du gâteau qu’elles, la nature, et les capitalistes, avaient travaillé ensemble à produire. Elles agissaient de cette façon, soit par ignorance, soit par impuissance, soit forcées, persuadées ou trompées par l’habitude, les conventions, l’autorité et l’ordre bien établi de la Société. Et. d’autre part, les classes capitalistes étaient autorisées à prétendre au meilleur morceau du gâteau et libres, théoriquement, de le consommer. Mais, en pratique, une convention tacite leur en faisait consommer fort peu. Le devoir « d’épargner » devint les neuf-dixièmes de la vertu, et l’élargissement du gâteau l’objet de toute vraie religion. Autour de la non-consommation du gâteau poussèrent tous les instincts d’un puritanisme qui, en d’autres temps, s’était retiré du monde et avait négligé les arts productifs aussi bien que récréatifs. Et, ainsi, le gâteau s’accrût. Pour quelles fins ? On n’y réfléchissait pas. On exhortait fréquemment les individus, non pas tant à s’abstenir qu’à remettre et à entretenir les plaisirs sûrs que causent les joies prévues. Il fallait épargner, disait-on, pour votre vieillesse et vos enfants. Mais ce n’était là qu’une théorie, - et la grâce du gâteau était qu’il ne serait jamais mangé ni par vous, ni par vos enfants après vous. » (KEYNES, LES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES DE LA PAIX)

 

http://www.dailymotion.com/video/xy...

http://www.rfi.fr/france/20130508-k...

http://www.lemonde.fr/culture/artic...

http://cinema.nouvelobs.com/article...

 

(1) « L’Esprit de 45 est un documentaire et l’on est confronté à un distillat presque pur de la pensée du cinéaste britannique, bref à une œuvre de propagande, destinée à mettre bas un système honni. Mais comme la plupart de ses congénères, ce film a peu de chance de contribuer aux fins de l’auteur. (Notez l’emploi des mots distillat et congénères) Il n’est pas pour autant dépourvu d’intérêt (…)Ken Loach ne s’arrête pas à cette interprétation exaltée des réformes travaillistes, il en fait un programme pour aujourd’hui. La seconde partie du film est consacrée au démantèlement d’une bonne partie de ces conquêtes par les gouvernements conservateurs ou travail listes, à partir de l’élection de Margaret Thatcher. Si ce démantèlement est un fait irréfragable, Loach ne prend jamais en compte les limites des réformes de 1945 – l’échec de l’urbanisme social ou celui des entreprises nationalisées. Tout juste consent-il à attribuer ces manquements au manque d’ardeur révolutionnaire des travaillistes, à la mollesse des dirigeants syndicaux. Plus le film avance, plus il martèle que la seule solution est un retour aux valeurs et aux méthodes de 1945, comme si le monde n’avait pas changé, comme si la classe ouvrière britannique était restée immuable, telle une statue soviétique posée sur la grand place d’une ville depuis longtemps convertie au capitalisme le plus libéral. » (Thomas Sotinel, L’Immonde.fr)

Tags : Economie Cinéma Histoire




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1 réactions à cet article    


  • 2 votes
    nuccia nuccia 15 mai 2013 17:10

            Un film très émouvant , sobre , précis . 


     
            On apprend beaucoup , en particulier sur l’ampleur de cette politique travailliste dont les mesures avancées en matière de santé et de logement ont permis un effondrement de la mortalité et morbidité infantiles en particulier . Et , ne serait ce que pour cette raison là , elle est infiniment respectable . 

           A voir absolument ( à Paris au cinéma Le Panthéon ) .
     


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