Je crois qu’il faut se résoudre à l’inexplicable. Ce qui n’est pas dire qu’il faut arrêter de se poser des questions et de chercher scientifiquement. Mais qu’il faut rester humble, comme tu le disais plus haut.
C’est notre prétention folle à tout pouvoir et tout savoir qui irrigue les cultures individualistes et les économies de marchés.
Je pense que nous disons différemment à peu près la même chose.
Pour revenir sur : .
"Je n’appelle pas cela du matérialisme au sens de Marx par exemple et de loin. Ni le matérialisme de la science moderne."
Le pantheisme de Spinoza est bien un matérialisme philosophique en ces sens qu’il n’y a pour lui aucune transcendance, tout émane de "Dieu". . Le matérialisme historique de Marx est quant à lui une approche de l’histoire qui accorde la prépondérance aux rapports sociaux, l’histoire serait essentiellement une émanation de ceux-ci. . Donc effectivement la méthode de Marx ne doit pas être assimilé au matérialisme de Spinoza.
. "En tous les cas la vison de Spinoza est très proche de la vision Traditionnelle."
L’absence de transcendance rend la conception du Dieu de Spinoza justement très différentes des conceptions traditionnelles (à part les courants épicuriens) qui envisagent pour la plupart des lieux au-delà ou parallèles au monde humain.
On suppose d’ailleurs que Spinoza s’est fait bannir de sa communauté religieuse pour son rejet de la transcendance qui niait du même coup l’origine divine de la loi juive.
C’est pour cette opposition radicale aux conceptions traditionnelles, dans lesquelles il y a toujours une extériorité qui donne sens à la réalité, qu’il a été considéré comme hétérodoxe.
Je voulais rajouter que le matérialisme ne prétend pas épuiser le sens, il n’est pas contradictoire avec le mysticysme par ex. (même s’il exclue par construction que la communication mystique se fasse entre deux entitées distinctes), il entend juste ramener l’homme à sa finitude et à son incapacité naturelle à embrasser tout le sens puisqu’il n’est qu’une partie du tout. . Le matérialisme ne désenchante rien, tout au contraire il rend le mystère insoluble et éternel. Il ouvre un espace tolérant avec toute forme de conception transcendentale, c’est juste qu’il exclue toute résolution du sens de ce transcendental.
Gollum "Ils ont aussi très bien vu que la théorie moderne des univers parallèles
en nombre infini dans lesquels forcément il y en aura au moins un dans
lequel apparaîtra l’homme est une ultime tentative, pitoyable, pour
sauver le matérialisme et le hasard…" . Pourquoi, ils sont en danger ? :) . Plus constructivement, Un
materialisme comme celui de Spinoza (monisme) ne fait que concevoir que
"Dieu" serait la totalité des choses, car "Dieu" est le concept de la
perfection infinie. Ce que l’on reconnait comme "Dieu" ne peut donc être
tronqué, partiel. . La substance serait universellement "Dieu", tout serait "Dieu". Un
"en dehors" serait une contradicition avec l’idée de sa complétude
parfaite et infinie, et, le cas échéant, cet "en dehors" serait donc
toujours forcément part de "Dieu". . Personnellement c’est la
conception selon laquelle quelque chose puisse être en dehors de "Dieu"
que je ne comprend pas. Car elle fait alors appel à l’idée d’une entité
créatrice, soulevant du même coup la question de sa propre origine, d’un
avant et d’un après elle, ne faisant que repousser à un autre niveau
l’atteinte de la perfection infinie. . Si cette entité est limité spatialement, elle est finie et imparfaite, et donc contradictoire avec l’idée de perfection infinie. Si cette entité est limité temporellement, pareil. Et
si on considère que cette entité n’a pas "d’avant" ni "d’après" elle,
spatiotemporellement, alors c’est qu’elle est "tout le temps partout",
la totalité des choses. . Mais l’imperfection des gens qui ne
concilient pas leur conception de la "perfection" avec leur conception
de la "nature de Dieu" n’est qu’une imperfection relative puisqu’ils
sont de toute manière une facette de "Dieu". :D
C’est la condition humaine, comme de tout être fini, que de ne pouvoir concevoir qu’incomplètement la perfection infinie.
.
Quant
aux conceptions paternalistes de "Dieu" (les dieux créateurs,
designer...) elles me semblent plus psychologiquement et politiquement
fonctionnelles qu’autre chose.
Ils sont comme les autres sous la pression des contraintes actionnariales et concurrentielles.
Ils sont comme beaucoup d’autres leurrés par des lobbies qui ne les représentent pas, tels le MEDEF, et qui leur font croire, avec succès, que leurs intérêts naturels sont du côté des actionnaires (stock options). . Les patrons sont nécessaires à l’économie, pas les actionnaires. Ne nous trompons pas de cible.