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@yoananda2
Je vais te donner un exemple qui est personnel et vécu. C’est une synchronicité typique et spectaculaire, qui est en même temps ce que j’interprète comme étant une manifestation du libre-arbitre.
Cela s’est passé il y a cinq ou six ans. Je vivais à Moscou, où je donnais des cours particuliers. Un jour, je me rends chez un nouvel élève pour lui donner son premier cours. Les parents de l’enfant avaient obtenu mon numéro de téléphone par une connaissance commune ou un ancien élève. Je fais le cours. À la fin du cours, la mamie (les parents étaient au travail) me tend l’argent. Je m’aperçois immédiatement que la somme correspond à mon ancien tarif. J’avais changé le tarif de mes cours depuis plus d’un an. J’ai vite compris que la personne qui leur avait transmis mon numéro de téléphone leur avait indiqué mon ancien tarif. Durant quelques secondes, les pensées se sont bousculées dans ma tête. Ma première idée était d’informer la mamie du changement de tarif. Mais en regardant autour de moi, dès mon arrivée, j’avais compris que c’était une famille relativement modeste sans être pauvre non plus. Très vite, j’ai pris ma décision, la décision de ne rien dire au sujet du nouveau tarif (plus élevé). Je prends l’argent et sors de l’appartement pour me diriger vers l’ascenseur. J’appuie sur le bouton. Après un temps d’attente assez court, la porte de l’ascenseur s’ouvre. Et là, que vois-je ? Une élève (adulte) que je n’avais pas vue depuis plusieurs mois et qui me devait un cours, un cours qu’elle n’avait pas pu me régler car elle n’avait pas eu le temps de retirer de l’argent. Tu imagines mon étonnement… Elle m’a proposé de me conduire jusqu’à l’entrée de métro la plus proche. Dans la voiture, elle m’a payé le cours qu’elle me devait. Elle m’a raconté qu’elle avait rendu visite à ses parents, qui habitent dans l’immeuble où je venais de donner le cours à mon nouvel élève.
C’est une synchronicité incroyable. Imagine la taille de Moscou, une mégapole d’au moins 13 millions d’habitants (12 millions recensés). Imagine la probabilité de rencontrer quelqu’un que tu connais dans un immeuble de Moscou. Imagine la probabilité que cette personne se rende le même jour que toi et à la même heure à cet endroit. Imagine la probabilité pour que l’ascenseur dans lequel elle descend s’arrête à mon étage, c’est-à-dire la probabilité pour qu’elle prenne l’ascenseur juste avant moi de telle sorte que quand je l’appelle il s’arrête à mon étage, avec elle à l’intérieur. Imagine la probabilité que pour ce soit précisément cette personne et pas une autre que je rencontre alors que je traversais une période un peu difficile financièrement. C’est peu de dire que la probabilité est infinitésimale.
Le choix que j’ai fait était d’écouter non pas mon intérêt mais ma conscience. C’est ce qui me fait dire que j’ai exercé mon libre-arbitre. Mais là, je te l’accorde, on entre dans ce qui est de l’ordre de l’interprétation. Le soi, le moi supérieur, un ange, que sais-je, m’a envoyé un signe fort et indubitable, en tout cas pour moi, que mon choix était conforme à ma nature profonde. Je ne peux pas le prouver, mais tu comprends bien que pour moi ça n’a pas d’importance.
@maQiavel
" Sinon, j’ai une approche fonctionnelle du langage, je ne suis pas attaché aux mots comme à totem, seulement, pour être compris, un mot doit renvoyer à un contenu précis, s’il renvoie à deux ou plusieurs contenus et qu’ils se confondent tous, on ne peut plus se comprendre."
Tu as raison, il faut définir ce qu’on entend par fascisme, sans quoi ce mot ne sert qu’à désigner commodément l’ennemi absolu (usage propagandiste), sans se rendre compte qu’on est en train de lui ressembler : cela m’évoque les antifas, ou un Manuel Valls. Je me souviens ici de ce que disait Bégaudeau au sujet de Manuel Valls : sa haine du FN, exprimée avec une telle férocité dans un discours de je ne sais plus quelle campagne électorale, nous fait penser qu’il y a "des molécules fascistes qui s’agitent en lui".
Ceci étant dit, je suis pour l’usage du mot fascisme pour la force de répulsion qu’il véhicule. La question n’est pas d’en faire un totem aux contours volontairement flous, c’est d’en donner une définition qui englobe des réalités en apparence différentes. C’est le travail du concept. Quand je vois un caniche, un fox à poil ras, un basset, un bouledogue ou un setter irlandais, je ne vais pas dire qu’on ne peut pas les ranger dans la catégorie « chien » sous prétexte qu’ils sont très différents. Le concept doit être jugé à l’aune de son efficacité épistémique. Est-ce qu’il nous permet de mieux comprendre le réel ou pas ? En reprenant l’exemple des chiens, si je vois pour la première fois un chien d’une race qui m’est inconnue, vais-je oublier le concept de chien incluant le fait qu’il peut mordre ? Non, bien sûr, je serai prudent.
@yoananda2
Merci à toi aussi de m’avoir obligé à clarifier ma pensée, à expliciter ce que je pensais jusqu’alors de manière intuitive.
Avant de parler du libre-arbitre, deux remarques :
D’abord, se méfier de la raison raisonneuse, de la raison qui s’écoute parler, qui se regarde raisonner, qui se trouve très belle dans le miroir... L’intellectualisme est un usage immodéré de la raison : celle-ci ne touche plus terre et se croit toute-puissante, ignorant son propre dogmatisme comme un média mainstream qui se croit sans idéologie. Pas besoin de Kant pour comprendre ça.
Seconde remarque, qui est le corollaire de ce qui
précède : l’érudition n’est pas
la connaissance, la connaissance livresque n’est pas prépondérante,
d’ailleurs les plus grands maîtres n’ont rien écrit. Un
simple paysan ou un simple bûcheron peut, par son contact avec la
nature joint à un tempérament inné qui le porte à la
contemplation, avoir une sagesse bien plus profonde que
Saint-Augustin, qui était tributaire du contexte intellectuel de son
époque et lié par la nécessité de
défendre un dogme dominant. La notoriété
d’un personnage ne doit pas nous égarer. Il ne faut idolâtrer
personne ni déifier la science. On ne va pas faire comme au temps de
la scolastique, en concluant l’argumentation par un « Aristoteles
dixit » !
Au sujet du libre-arbitre. Je t’avoue, et n’y vois rien de personnel, que je suis fatigué par le scientisme rationaliste et matérialiste. Il est sur le point d’être dépassé, notamment grâce à la physique quantique. Et comme dans tous les changements majeurs de paradigme, il se heurte à une forte résistance. À en croire Thomas Kuhn, cette résistance est bon signe.
Deux tendances s’opposent, mais elles sont les deux faces d’une même pièce : d’un côté le déterminisme myope et jusqu’au-boutiste qui ignore la conscience, le « je », l’observateur ; de l’autre la croyance populaire de ceux qui s’imaginent que la liberté est l’absence de contrainte.
Il y a, selon moi, deux erreurs, qui empêchent de comprendre ou du moins de cerner le libre-arbitre :
Le libre-arbitre est la
négation du déterminisme, il
est impossible et
illusoire car cela
équivaut à s’extraire de toute détermination, à être
hors du monde et omniscient.
Le libre-arbitre est
chimiquement pur ou n’est pas : c’est la conséquence de ce
qui précède ; on ne peut pas être plus ou moins libre, on est
soit libre soit entièrement déterminé, soit libre soit esclave.
Le libre-arbitre ce n’est pas un calcul, c’est
une guidance. La métaphore qui, à mes yeux, illustre bien ce qu’est le
libre-arbitre, c’est la boussole, pas l’ordinateur. Appréhender
le libre-arbitre avec comme critère la raison (choix rationnel)
c’est comme mesurer la vitesse d’un coureur avec un thermomètre.
La raison n’est qu’un outil qui permet d’offrir une palette de
choix plus large et surtout des choix sensés. Elle est un conseiller
– souvent un bon conseiller – qui peut faire peser la balance
dans un sens plutôt qu’un autre. Mais ce n’est pas la raison qui
décide. De même que ce n’est pas le désir, ni l’émotion ni
même l’habitude. Pense aux choix quelquefois irrationnels du
capitaine Kirk, choix que monsieur Spock ne comprend pas et
n’approuve pas, mais qui se révèlent toujours justes. On
ne va pas chipoter en disant que c’est du cinéma, l’essentiel
c’est que tu comprennes ce que je veux dire.
D’autre part, le libre-arbitre ce n’est pas tout ou rien, il y a une question de degré : un choix est d’autant plus libre qu’il est plus conscient. Se fier à la raison vaut mieux que se fier à l’émotion. De même, mettre plus de conscience dans son choix est supérieur à l’habitude, qui est mécanique, qui est l’état minimal de la conscience, et qui n’est donc pas un choix en tant que tel.
Qu’un choix prenne naissance dans le magma du subconscient avant de se frayer un chemin jusqu’à la conscience, ne remet pas en question la capacité de choisir parmi plusieurs scénarios possibles. Il y a un film qui pose bien ce problème du libre-arbitre, c’est "Minority report". La question que pose le héros, Anderton (joué par Tom Cruise) à Lamar, le directeur de Précrime, "Qu’allez-vous faire maintenant ?" montre que le choix qui va être fait n’est pas nécessairement le plus probable parmi les divers futurs possibles en concurrence, et qu’il n’est pas la simple résultante d’un déterminisme plus puissant que les autres. C’est qu’il y a autre chose que le simple déterminisme. Mais attention à ne pas céder à l’illusion rétrospective du vrai. En effet, l’erreur consisterait, après ce choix effectué, à croire, par une illusion rétrospective, que ce choix devait nécessairement se produire puisqu’il s’est produit et qu’il est pour ainsi dire "sorti vainqueur" des autres déterminismes avec lesquels il était en concurrence.
Il y a un physicien qui pose de manière nouvelle le problème du libre-arbitre, c’est Philippe Guillemant. C’est difficile, il faut s’accrocher, mais c’est fascinant. J’aime beaucoup sa manière d’expliquer le libre-arbitre avec la métaphore du GPS.
Une petite vidéo de vulgarisation pour s’initier à sa pensée : https://www.youtube.com/watch?v=VROmp7z38zs
Pour approfondir : https://www.youtube.com/watch?v=CSVmxrri2RY&t=330s
Sur le libre-arbitre en particulier : https://www.youtube.com/watch?v=P0xJ-vnnTR4&t=1817s
et celle-ci, plus didactique : https://www.youtube.com/watch?v=la_jVYZicpE&t=1298s
@yoananda2
Au sujet de ton long post en deux parties.
Très intéressante ta vision des choses. Certaines de tes idées me semblent pertinentes et j’ai tendance à y adhérer, notamment la notion d’égrégore, l’importance accordée à l’information et à l’idée que l’humain est un récepteur, ainsi que la notion de non-séparation (notion de séparation illusoire). Mais j’aboutis à des conclusions opposées. Ce qui me chiffonne dans ton paradigme, c’est qu’il est parfait pour justifier le fascisme. Ce n’est pas une accusation, on fait ce qu’on peut, toi comme moi, pour comprendre, et c’est déjà énorme. C’est juste que je me demande si tu t’en rends compte ou pas.
Ce que je te « reproche » c’est d’être séduit par les connaissances que tu as acquises et que tu assembles en un tout cohérent pour en constituer un paradigme. L’impression qu’on en retire c’est que tu avais une thèse qui s’est formée petit à petit au cours de tes lectures et que le processus d’acquisition des connaissances s’est transformé en recherche de confirmation de l’hypothèse de départ (le fameux biais de confirmation). C’est flagrant, notamment, quand tu expédies la Genèse en décrétant que c’est un mythe. Genre « Bon, ça c’est fait. » Ce n’est pas une mauvaise chose en soi (il y a aussi des confirmations valides), sauf que ça a tendance, si on n’y prend pas garde, à réduire notre champ de perception intellectuel, concrètement à éviter ou à ne pas voir des explications alternatives.
La cohérence ne suffit pas : tu peux construire une théorie parfaitement cohérente mais fausse. Un peu comme une géométrie non-euclidienne : aussi cohérente soit-elle sur le papier, cela ne nous dit rien de sa pertinence en tant que modèle s’appliquant à la réalité. Une somme d’idées justes ne fait pas un tout qui est juste.
Le point de divergence entre nous c’est ton hyper-déterminisme. Pour faire court, tout ce que tu dis au sujet de nos déterminations est vrai, mais cela ne s’applique qu’à l’ego. L’originalité de ta démarche, c’est que tu mélanges des éléments matérialistes (les gènes), scientifiques et mathématiques (les fractales) avec des éléments pour le moment considérés comme spiritualistes, comme la notion de pensée indépendante de la matière et donc du cerveau. De ce mariage bizarre entre matérialisme et platonisme, tu es heureux d’en déduire l’absence d’individualité, et donc l’absence de conscience individuelle, et donc l’absence de libre arbitre. L’humanité se réduit à un ensemble d’égrégores en concurrence sur le marché des pensées et des désirs, et chaque être humain n’est que le jouet des forces qui le traversent.
As-tu déjà pratiqué la méditation ? Dans l’état méditatif, les déterminations ne sont pas supprimées, elles cessent de nous déterminer. L’individu comprend que la notion de séparation est illusoire, mais l’individualité n’est pas pour autant abolie. Tous les mystiques ont recherché l’unité avec un principe supérieur, qu’ils sentent au fond d’eux-mêmes et auquel ils veulent se relier. C’est dans ce choix de l’unité avec le principe divin qui gouverne l’univers, ou dans le choix inverse de l’ignorer et de rester à jouer dans le bac à sable qu’est le monde matériel, que réside notre liberté. Et le libre-arbitre est la possibilité, en théorie possible à tout instant, de suspendre les déterminismes en se connectant à la Source.
L’homme est une créature qui fait le détour par l’individualité et par la séparation pour expérimenter l’unité qui ignore ce qu’elle est tant qu’elle n’a pas expérimenté son contraire, de même que le poisson ne sait pas ce qu’est l’eau tant qu’il n’en est pas sorti.
@maQiavel
Je tiens à préciser que je ne suis pas un antifasciste, pour la bonne et simple raison que je ne me définis pas (si tant est que je me définisse) comme étant contre quelque chose ou quelqu’un. Je ne sais pas comment tu as fait pour discuter avec un antifa. Moi, je n’ai pas réussi. Pour moi, les antifas sont des fascistes qui s’ignorent. Ils ont le même profil psychologique, fait d’intolérance et de haine. Dans l’époque orwellienne qui est la nôtre, il faut regarder derrière les étiquettes. Si on met de côté les étiquettes et qu’on s’intéresse aux faits, au réel, on constate qu’il y a deux formes de fascisme : il y a les fascistes « cool » (1) (les antifas) et les fascistes « pas cool » (les fascistes canal historique et autres néonazis). C’est la même haine, la même intolérance, la même violence et la même méchanceté ; il n’y a que le contenu idéologique qui change.
Les antifas ont beau jeu de dire qu’ils combattent le fascisme. Ils combattent d’abord et avant tout ceux qui dérangent l’ordre établi : leurs cibles principales sont les dissidents, notamment les anti-sionistes, mais aussi les penseurs qui s’écartent de la doxa européiste, atlantiste et mondialiste. En bons fascistes, ils sont contre la liberté d’expression. Ils trouvent normal d’empêcher, par exemple, Jean Bricmont de faire une conférence sur la physique à cause de ses positions politiques sur Israël... Bref, ils pratiquent sans vergogne et sans mauvaise conscience le terrorisme intellectuel.
Pour démasquer l’imposture des antifas, ces nouveaux fascistes, il suffit d’observer les faits. Les antifas sont comme les écologistes bobos qui sont pour le tri sélectif et la taxe carbone mais qui ne vont pas toucher aux grands pollueurs et aux grands empoisonneurs que sont les multinationales, qui polluent et détruisent la planète. Ils sont un soutien objectif du pouvoir néolibéral, ils sont les chiens de garde, version brutale, de l’oligarchie. Il ne manquerait plus qu’ils soient armés et qu’ils opèrent en tant que milices pour que les gens ouvrent les yeux sur ce qu’ils sont réellement derrière leur pseudo anti-fascisme. Soit ils se trompent de combat et d’ennemis, auquel cas ils sont les idiots utiles du pouvoir, soit ils font ce qu’ils font et sont ce qu’ils sont en connaissance de cause. Ou peut-être seuls leurs leaders savent-ils ce qu’ils font et manipulent leurs adeptes ? Je l’ignore. En tous cas, il est essentiel de ne pas confondre ceux qui sont contre le fascisme, sous quelque forme que ce soit, avec ces imposteurs que sont les antifas et que je considère comme des néofascistes.
(1) Quand je parle de fascistes « cool », j’entends par là qu’ils utilisent le paravent de causes humanistes comme l’anti-racisme, la défense des minorités ou la défense des homosexuels, ce qui pourrait les faire passer pour des gens cool et tolérants. À l’inverse, les fascistes « pas cool » ne s’encombrent pas de tels alibis.
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