J’observe même, comme disait Nietzsche "l’homme aux rets du langage", puisque c’est la voie passive en grammaire de la conjugaison, qui invoque un auteur, quand on dit "l’Être est réglé"...
C’est un truc de gens qui veulent se prendre pour le réel-même, tout comme le nom du dieu signifierait « je suis celui qui suis » (plus précisément avec l’inchoatif hébreu : « j’adviens tel que j’adviens »). Il y a beaucoup de stupéfaction devant le cosmos, de stupeur, donc de stupidité, dans tout cela. Je le dis sans méchanceté. Car c’est très simple : effectivement, le cosmos ne pouvait être réglé que comme il est réglé, pour être le cosmos que nous expérimentons. Cela s’appelle l’Être. Pas de quoi en faire leur drame. C’est juste chouette de pouvoir en dégotter la règle. Or c’est bien parce que le monothéiste n’accepte pas l’Être tel qu’il est réglé, qu’il tient à ce que l’Être ait un dieu-auteur, pour s’aider psychologiquement à accepter cette implacabilité de la règle, en forme de volonté théologique, anthropomorphique… car sa thèse reste le supplément gratuit de l’absolutisme d’une sorte d’absolution naturelle par la gratuité d’une règle néanmoins absolue, à la contingence sidérante, que nous sommes seuls à trouver psychologiquement. Nous nous prenons pour de petits miracles narcissiques. Psaume 139:14 : « je te loue ô seigneur de ce que tu m’as fait chose si admirable » – admirable : même étymologie au miroir, que miracle. Il s’agit de (se) mirer en en prenant plein les mirettes. Ce n’était pourtant que dans la tête des supplémenteurs monothéistes : c’étaient eux, qui le présupposaient dans leur psychologie. Que faisaient les polythéistes ? S’ils avaient parfois un dieu-tout (le Allah pré-islamique était un tel dieu-tout, à inscrire au registre de l’hellénique Pan, dans son genre)… les polythéistes, eux, prenaient l’Être tel qu’il est, certes en lui racontant des origines mythiques souvent, mais qui n’impliquaient pas les dieux (un chaos immense, la rencontre du froid et de la glace, etc.). Les dieux interviennent dans l’Être sur le même registre que les humains, avec leur surpuissance divine, naturellement, et peuvent contribuer à la formation du monde tel que nous le connaissons. Mais ils en sont agents, pas auteurs radicaux. Si moralement, vous êtes frustrés et désirez un auteur radical, je vous renvoie à ce que je disais ci-dessus au sujet du monothéisme. Remarquez : les Dieux voulaient peut-être en passer par là, afin que nos ancêtres développent la méthodologie scientifique que n’avaient pas les Anciens, quoique ces Anciens inventèrent philosophiquement l’esprit scientifique et que nos Dieux durent subirent un black out avant nos jours… En tout cas, il était logique que les plus intelligents entre nous en viennent aux méthodes scientifiques, qu’ils (re)connaissent ou non leur Antiquité Spirituelle.