• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV Mobile


Commentaire de Étirév

sur Crime et châtiment de Dostoïevski : peut-on s'affranchir de la morale ? (De la souffrance à la rédemption)


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Étirév 11 avril 11:01

« Crime et châtiment de Dostoïevski : peut-on s’affranchir de la morale ? »
Au fait, qu’est-ce que la morale ? La morale a t-elle une origine ?
Si la physiologie nous montre ce qu’est le mécanisme de nos organes, si la psychologie nous apprend quelles sont nos facultés mentales et sentimentales, la morale nous enseigne l’usage que nous devons en faire.
La physiologie nous dit ce que nous pouvons, la psychologie ce que nous faisons, la morale ce que nous devons.
On peut la définir ainsi : « C’est l’ensemble des règles qui doivent guider la libre activité de l’homme. »
Ces règles doivent être basées sur les vérités éternelles ; elles doivent reposer sur les principes mêmes qui ont créé la vie et dirigé l’évolution humaine. Sans cela ce n’est pas la morale.
Ces principes étant partout les mêmes, sur notre terre, tous les hommes doivent être soumis aux mêmes règles de conduite puisqu’ils sont soumis aux mêmes lois physiologiques. Donc, la morale doit être une, elle doit être universelle comme les vérités premières qui doivent être l’origine et la fin de tous les devoirs de la vie.
L’histoire nous montre, en effet, que les préceptes de morale, observés chez tous les peuples de la terre, reposent sur un fond commun d’idées.
Le code du devoir a toujours été à peu près le même. La pensée souveraine qui a traversé tous les âges et qui semble être née spontanément dans toutes les parties du monde, est l’écho des lois immuables qui gouvernent la nature humaine.
Les vérités morales, nécessaires à la vie sociale de l’humanité, ne sont le privilège d’aucun temps, d’aucun peuple, d’aucun individu. Partout la conscience humaine est soumise aux mêmes lois et se développe dans la même direction.
Il ne doit y avoir qu’une morale, comme il ne doit y avoir qu’une science.
La morale universelle, unie à la science universelle doit devenir la Religion suprême, celle qui dirigera tous les peuples, qui régnera dans toutes les nations.
Mais les causes premières sur lesquelles se base la loi morale échappent à l’entendement actuel de l’humanité.
Elles sont à l’origine de la vie sociale, comme les causes qui ont dirigé l’évolution des êtres sont à l’origine de la substance organisée.
L’idée que nous avons d’une loi morale n’a pas son origine dans notre moi actuel, nous l’apportons en naissant, c’est un lot de l’héritage ancestral. Nous pressentons les lois de l’ordre moral, nous les proclamons et nous nous y soumettons avant de les comprendre : C’est un phénomène d’atavisme. Nous pouvons même dire que, dans l’état actuel de l’esprit humain, les causes n’en sont plus du tout comprises.
Et, cependant, il semble qu’une voix intérieure révèle à l’homme la différence qui existe entre le bien et le mal, le juste et l’injuste. Mais la cause de ces différences lui échappe.
C’est un flambeau que les générations se passent de mains en mains sans que personne ne songe à demander qui a allumé ce flambeau, où, quand et pourquoi.
Les causes morales doivent être cherchées dans les principes mêmes qui ont créé la vie et dirigé l’évolution puisqu’elles sont inhérentes à la nature humaine. Mais il faut savoir quel est le rapport qui peut exister entre ces principes et les actions des hommes ; pourquoi la nature humaine est organisée de telle sorte qu’en suivant ses impulsions l’homme ne va pas toujours vers le bien ? Quelle signification on doit donner au mot bien et au mot mal, quel est le but que l’homme doit chercher à atteindre, en un mot, qu’est-ce que la perfection morale ?
Pour répondre à ces questions, nous avons dû remonter le cours de l’évolution humaine, chercher quand et comment le mal a commencé, car, de même que nous ne comprenons l’existence de nos organes qu’en les étudiant dans leur développement, de même que nous ne comprenons leurs fonctions qu’en remontant dans l’évolution physiologique, ainsi de même, nous ne pouvons comprendre la raison des rapports établis aujourd’hui entre l’homme et ses semblables qu’en remontant le cours de l’évolution psychique de l’humanité.
C’est donc à la science que nous avions à faire appel puisque, elle seule pouvait nous éclairer en nous montrant les faits dans leur évidence, les causes dans leur origine.
Sans cette évidence, que la science seule nous donne, nulle autorité n’a le droit d’imposer à l’homme un précepte à observer, un devoir à remplir.
Toute prescription non justifiée par une loi de la Nature est arbitraire et doit être suspecte. La loi doit avoir sa cause et cette cause doit être démontrée ou démontrable.
Si l’ignorant a pu se soumettre à des préceptes imposés arbitrairement, c’est parce que, sentant sa faiblesse, il a eu confiance dans ceux qu’il a accepté pour maîtres, dans ceux à qui il a laissé le soin de penser pour lui.
Mais celui qui se sent fort veut savoir le pourquoi des actes qu’on lui impose.
Nous devons croire à la raison d’être des choses, pour les accepter. Sans cette condition première : la foi, rien ne peut entrer dans l’esprit des hommes.
Pour pratiquer le bien et éviter le mal, il faut savoir où est le bien et où est le mal, il faut connaître les causes qui font que telle action est bonne, que telle action est mauvaise.
C’est la mission de la vraie science de faire cette recherche ; c’est sa mission d’en imposer les conclusions après en avoir rendu la nécessité évidente.
Gardons-nous bien de séparer la morale de la science comme ont eu la malencontreuse idée de le faire certains philosophes qui, tout en proclamant l’infaillibilité de la science, n’ont pas su pousser jusqu’au bout, les conclusions de leurs affirmations.
En effet, il est une science qui régit les mœurs, et qui n’est pas autre chose qu’un chapitre de la physiologie.
Comment se fait-il qu’ils ignorent cela ?
C’est parce que, comme bien d’autres, ils confondent la vraie morale avec la fausse morale qui, elle, n’a pas de bases scientifiques.
« La société nous a imposé une certaine forme de morale, mais cette société n’est que le reflet de l’ensemble de l’humanité. Or, à en croire la société et sa morale, il est permis d’être avide ; il est permis de tuer son prochain au nom de Dieu, de la patrie, ou d’un idéal ; il est permis d’être compétitif, envieux, dans les limites de la légalité. Une telle morale n’est absolument pas digne de ce nom. Il faut la renier au plus profond de soi de manière radicale » (Jiddu Krishnamurti, La vraie lumière en nous La vraie méditation).
Voyons maintenant en quoi ces deux morales diffèrent l’une de l’autre.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès