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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Crime et châtiment de Dostoïevski : peut-on s’affranchir de la morale ? (De la (...)

Crime et châtiment de Dostoïevski : peut-on s’affranchir de la morale ? (De la souffrance à la rédemption)

 Dostoïevski « nous donne à voir en plongeant au plus profond de l'âme d'un homme, en l'occurrence Raskolnikov, ce qu'il se passe lorsqu'on est profondément nihiliste, lorsqu'on a cru qu'on pouvait s'affranchir de la morale, du bien et du mal, qu'on pouvait vivre en actant que Dieu est mort, selon la fameuse formule de Nietzsche, et faire preuve d'un relativisme absolu.
 Et au fond, la question que pose Dostoïevski [1] dans ce roman est la suivante : est-il légitime de tuer une personne qui fait du mal ? » (La Quête du Sens)

 

 « Crime et Châtiment [2] est un roman de l’écrivain russe Fiodor Dostoïevski publié en feuilleton en 1866 et en édition séparée en 1867. Archétype du roman psychologique, il est considéré comme l'une des plus grandes œuvres littéraires de l'Histoire. » (Wikipédia

 

 La Quête du Sens nous propose une vidéo qui résume et analyse le roman de Dostoïevski. On trouvera plus bas une transcription partielle de la vidéo, et différents contenus liés au sujet.

 

La Quête du Sens | De la SOUFFRANCE à la RÉDEMPTION | Crime et châtiment - Dostoïevski (31:41)

(Sortie le 19 déc. 2024)

Peut-on s'affranchir de la morale ?

C'est la question à laquelle Fiodor Dostoïevski répond dans son chef d'œuvre Crime et châtiment, que je résume et analyse aujourd'hui.

00:00 Introduction
01:20 Qui est Fiodor Dostoïevski ?
02:40 L'élément déclencheur
03:32 Qui est Raskolnikov ?
04:12 De la dépravation à la tentation du crime
06:43 Le songe de Raskolnikov
12:38 La place du crime dans le roman
17:49 L'essence du message de Dostoïevski
19:15 Le rôle symbolique de Sonia
21:21 La résurrection par l'amour
27:47 De Raskolnikov à Taxi Driver
30:35 Conclusion

 

(début de la transcription, 17:50) « Et c'est là qu'on peut en venir à ce que je crois être l'essence même du message de Dostoïevski dans Crime et Châtiment et plus largement dans son œuvre tout entière : l'auteur nous donne à voir en plongeant au plus profond de l'âme d'un homme, en l'occurrence Raskolnikov, ce qu'il se passe lorsqu'on est profondément nihiliste, lorsqu'on a cru qu'on pouvait s'affranchir de la morale, du bien et du mal, qu'on pouvait vivre en actant que Dieu est mort, selon la fameuse formule de Nietzsche, et faire preuve d'un relativisme absolu.
Et au fond, la question que pose Dostoïevski dans ce roman est la suivante : est-il légitime de tuer une personne qui fait du mal ?

L'exemple de Raskolnikov est implacable : vivre une liberté totale, choisir de tuer, choisir en toute conscience le mal plutôt que le bien est possible, mais invivable, car choisir le mal est insoutenable. Insoutenable, du fait du poids de la responsabilité que cela entraîne : la folie la paranoïa, la détresse, les sueurs, la fièvre, la culpabilité, la peur de se faire attraper... Car comme nous le rappelle Dostoïevski par les mots de Mitia dans Les Frères Karamazov [3] : "si Dieu n'existe pas, alors tout est permis". [4]

Et c'est ici, par le questionnement sur Dieu, sur le divin, qu'on peut faire le pont avec le deuxième point que je voulais aborder : le rôle de Sonia.

C'est encore une fois un personnage féminin qui va faire renaître notre personnage principal Raskolnikov ; il s'agit de Sonia, dont l'étymologie même du prénom correspond à la sagesse. Elle est la fille de Marmeladov qui, je vous le rappelle, l'a prostituée pour s'acheter de l'alcool et subvenir aux besoins de sa famille. Et malgré la débauche de sa vie, Sonia a le cœur profondément pur, du fait d'une foi chrétienne simple mais ardente. Une foi qui d'ailleurs est totalement étrangère à Raskolnikov, tout au long du roman, et de laquelle il semble même se moquer, ne manquant à aucun moment de souligner à Sonia l'absurdité de croire en Dieu, et de croire en un Dieu qui ne la protège même pas de sa condition déplorable. Mais cette même foi dont se raille Raskolnikov, c'est également celle qui va permettre à Sonia, alors même qu'elle est au courant des crimes de ce dernier, de faire preuve d'une infinie compassion et d'un amour sans faille à l'égard du jeune homme. Alors même qu'il pensait être perdu, Sonia lui apporte l'amour qu'il n'aurait jamais espéré mériter : "Un sentiment qu'il ne connaissait plus depuis longtemps jaillit comme une vague dans son âme et l'adoucit d'un seul coup. Il ne lui résista pas : deux larmes se formèrent sur ses yeux et se figèrent sur ses cils."

Alors même qu'il avait voulu se croire homme extraordinaire, s'extraire du monde humain, Sonia l'a ramené dans la communauté des hommes. Et cet amour, c'est précisément l'amour christique auquel Dostoïevski semble tout le temps revenir, comme solution à la damnation humaine. Comme il le fait dans Les Frères karamazov ou dans l'Idiot, qui sont des romans pour lesquels je consacrerai des épisodes à part entière.

Sonia va donc encourager, par tous les moyens, Raskolnikov à avouer ses crimes à Porphyre Petrovitch, le juge d'instruction. Et par sa bienveillance, par son amour, en voulant le ramener dans le monde des hommes, elle y parviendra. » (fin de la transcription, 21:37)

 

 

[1] « Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski, né le 11 novembre 1821 à Moscou et mort le 9 février 1881 à Saint-Pétersbourg, est un écrivain russe.

Après une enfance difficile, il est élève d'une école d'officiers et se lie avec le mouvement progressiste de Saint-Pétersbourg. Arrêté en avril 1849, il est condamné à mort, mais, après un simulacre d'exécution, est finalement déporté dans un bagne situé à Omsk (extrême-ouest de la Sibérie) où il passe quatre ans. Redevenu sous-lieutenant, il démissionne en 1859 et s'engage complètement dans l'écriture. Épileptique, joueur couvert de dettes et d'un caractère sombre, Dostoïevski fuit ses créanciers et mène en Europe une vie d'errance au cours de laquelle il abandonne toutes ses convictions socialistes et progressistes, devenant un partisan convaincu de l'Empire russe et de la religion orthodoxe. À l'opposé de ses contemporains Léon Tolstoï, Ivan Tourgueniev et Ivan Gontcharov, l'activité d'écriture de Dostoïevski fut semée de difficultés matérielles constantes. Il trouve durant les dix dernières années de sa vie une stabilité matérielle et une reconnaissance dans tout le pays.

Écrivain admiré à la suite de la publication de Crime et Châtiment (1866) et de L'Idiot (1869), il publie ensuite ses deux œuvres les plus abouties : Les Démons (1871) et Les Frères Karamazov (1880). Ses œuvres ne sont pas des romans à thèse, mais plutôt des œuvres polyphoniques où s'opposent idées et points de vue multiples, à travers des personnages qui se construisent eux-mêmes, au travers de leurs actes et de leurs interactions sociales.

Les romans de Dostoïevski sont parfois qualifiés de « métaphysiques » : les questions du libre arbitre, de l'existence de Dieu, ou la figure du Christ sont au cœur de sa réflexion angoissée. Au travers d'une variété de thèmes relatifs à la nature, à la religion, Dostoïevski s'attache à la description de l'homme et de sa condition dans l'atmosphère sociale et politique de la Russie du XIXe siècle.

Considéré aux côtés de Léon Tolstoï comme un des plus grands romanciers russes, il a influencé de nombreux écrivains (Albert Camus, André Gide, André Malraux ; les russes Alexandre Soljenitsyne, Anton Tchekhov ou encore Mikhaïl Boulgakov) et philosophes (Friedrich Nietzsche et Jean-Paul Sartre), ainsi que l'émergence de l'existentialisme et du freudisme. Ses livres ont été traduits dans plus de 170 langues et presque tous sont l'objet d'adaptations cinématographiques. » (Wikipédia)

 

[2] « Crime et Châtiment est un roman de l’écrivain russe Fiodor Dostoïevski publié en feuilleton en 1866 et en édition séparée en 1867. Archétype du roman psychologique, il est considéré comme l'une des plus grandes œuvres littéraires de l'Histoire.

Le roman dépeint l'assassinat d’une vieille prêteuse sur gage et de sa sœur par Rodion Raskolnikov, ancien étudiant de Saint-Pétersbourg tombé dans la pauvreté et l'exclusion sociale avec une analyse minutieuse de l'évolution de l'état émotionnel, mental, physique et socio-économique du meurtrier ainsi que des causes et des conséquences du crime. » (Wikipédia)

 

Crime et Châtiment
 Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski
 Traduit par Victor Derély, 2 tomes, Plon, 1884.
 (Wikisource)

 

ARTE | Crime et châtiment de Fiodor Dostoïevski | ARTE Book Club | ARTE (20:16)

(2 août 2023)
0:00 Introduction
1:30 Résumé du livre : Crime et châtiment
2:37 Une peinture de St Pétersbourg
6:07 Un pamphlet nihiliste
9:10 Un engagement personnel
11:57 Une inspiration shakespearienne
15:12 Lecture d’un extrait
18:05 Conclusion

Crime et Châtiment de Fiodor Dostoïevski, c’est une enquête policière pleine de suspense et de tension, de personnages denses, de scènes incroyablement marquantes, un trop-plein d’existence, un mélange étonnant de grotesque et de beauté. Un roman monstre qui sera toujours plus que ce qu’on pourra en dire.

 

[3] « Les Frères Karamazov est le dernier roman de l'écrivain russe Fiodor Dostoïevski.

Publié sous forme de feuilleton dans Le Messager russe de janvier 1879 à novembre 1880 (la première édition séparée date de 1880), le roman connut un très grand succès public dès sa parution.

Le roman explore des thèmes philosophiques et existentiels tels que Dieu, le libre arbitre ou la moralité. Il s'agit d'un drame spirituel où s'affrontent différentes visions morales concernant la foi, le doute, la raison et la Russie moderne. » (Wikipédia)

 

Les Frères Karamazov (1923)
 Fédor Dostoïevski
 Traduction par Henri Mongault.
 2 tomes
 NRF, 1935.
 (Wikisource)

 

[4] École normale supérieure - PSL | « Si Dieu n’existe pas, tout est-il permis ? » - Paul Clavier | ENS-PSL (55:12)

(14 mars 2016)

Fiodor Dostoïevski avait écrit : « Si Dieu n'existait pas, tout serait permis ». Qu'a-t-il voulu dire ? A-t-il raison ? Dans une conférence passionnante, Paul Clavier, normalien, agrégé et docteur en philosophie s'interroge sur la question. Question provocatrice ou boutade théologico-morale qui explicite une forme de chantage entre Dieu ou le chaos moral, découvrez comment Paul Clavier envisage ce qui doit être discuté « comme un biconditionnel (si et seulement si) à valeur causale et fondationnelle ».

00:00 ► Introduction
03:42 ► Version épistémique du conditionnel
05:40 ► Réfutation par l'athéisme vertueux ?
07:19 ► Réfutation par le libertinage théiste « accomodant » ?
08:16 ► « Si Dieu n'existe pas, tout est-il permis ? » : Deux fois deux réponses
11:55 ► Réponse 1 : « Oui Dieu n'existe pas donc détendez-vous »
14:30 ► Réponse 2 : « Dieu existe, mais s'il n'existait pas.... »
18:36 ► Réponse 3 : « Non, même si Dieu n'existait pas, la morale serait sauve »
19:37 ► Réponse 4 : « Non, Dieu meurt, la morale demeure »
20:37 ► Une simple implication matérielle ?
21:50 ► Une relation biconditionnelle, causale et fondationnelle
23:25 ► une solution triviale, trois problèmes cruciaux
26:35 ► Le cahier des charges de « tout n'est pas permis »
30:55 ► Discussion de la solution

 

 

[ANNEXES]

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[Livre] Crime et châtiment
Fédor Dostoïevski
Le Livre de Poche
Édition de Jean-Louis Backès
Traduction d'Élisabeth Guertik

 

[Article, Revue Esprit] Juger et punir chez Dostoïevski
Georges Nivat
août/sept. 2007

 

[Article, AgoraVox TV] Dostoïevski : quand la haine de soi devient "un plaisir amer et désespéré" qui vous enferme au sous-sol

Connaissez-vous les Carnets du sous-sol de Fédor Dostoïevski ? En quoi ce texte est-il porteur d'une théorie du désir ? Pourquoi le plaisir et la souffrance sont-ils liés ? Pourquoi l'amour et la haine de soi sont-ils incompatibles ? (Kosmos)

 

[Podcast] Série « Philosopher avec Dostoïevski » (sept. 2011)
Épisode 2/4 : Crime et Châtiment

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/dostoievski-2-4-crime-et-chatiment-rediffusion-6130551

[disponible aussi sur YouTube, Rien ne veut rien dire ]

Adèle Van Reeth s'entretient avec Jean-Louis Backès de "Crime et Châtiment" (1866-1867) de Dostoïevski.
Avec Jean-Louis Backès, professeur de Littérature comparée à l'Université de Paris IV ; spécialiste de littérature russe ; romancier

Est-il normal, souhaitable et moralement justifiable d’estourbir la vieille usurière Aliona Ivanovna ? Telle est l’idée à laquelle aboutit Raskolnikov. A partir de Crime et châtiment, Jean-Louis Backès, professeur de Littérature comparée à l'Université de Paris IV et spécialiste de littérature russe, propose une réflexion sur l’acte gratuit, la justice et la folie chez Dostoïevski.

 

Kosmos | LE ROMAN D'UNE VIE - DOSTOÏEVSKI (51:45)

(1 mai 2023)
Qui était vraiment Fiodor Dostoïevski ? Pourquoi a-t-il failli mourir devant un peloton d'exécution à l'âge de 28 ans ? Etait-il un révolutionnaire... ou au contraire un conservateur ? Comment est-il devenu le maître du roman psychologique ? Comment a-t-il sombré dans la dépendance au jeu ? Pourquoi a-t-il brûlé certains de ses manuscrits ? Quel était son caractère ? Et son rapport avec les femmes ? Bref... était-il un monstre ou un génie ? voire les deux à la fois ?

 

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[Livre] Crime et châtiment tomes 1 & 2
Fédor DOSTOÏEVSKI
Babel
Traduit par André MARKOWICZ

 

[Liens]

La Quête du Sens [YouTube] & [Linktree]

Kosmos [YouTube]

Valyria Tanit [AgoraVox TV] & [X]

 

Tags : Livres - Littérature Religions Justice Spiritualité Philosophie Culture Russie




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20 réactions à cet article    


  • 1 vote
    Gollum Gollum 11 avril 11:00

    Bravo pour ce sujet bien développé et écrit. Cela devient rare ici..

    J’ai lu deux romans du bonhomme, Crime et châtiment Les frères Karamazov..


    Mais j’avoue ne pas avoir vraiment accroché.

    Vous avez mentionné une influence sur Camus.. Et maintenant que j’y songe il est vrai que sa pièce Les Justes aurait pu être écrite par Dostojevski.


    • vote
      Valyria Tanit Valyria Tanit 11 avril 11:43

      @Gollum
      Merci pour la réaction smiley
      Dans mon souvenir, j’avais plutôt apprécié Crime et châtiment Les frères Karamazov. Je les relirai, un de ces jours, pour en avoir le coeur net... et surtout pour m’apercevoir de tout ce que j’avais raté à la première lecture... smiley

      C’est bien possible pour Les Justes ; je ne connais pas cette pièce.


    • 1 vote
      Gollum Gollum 11 avril 12:03

      @Valyria Tanit

      Ben moi j’ai dû en rater pas mal des trucs.. smiley

      Sinon la pièce de Camus se passe en Russie avec des bolchéviques (bon c’est de mémoire hein) qui se posent la question de faire péter une bombe sur le trajet du Tsar et de faire périr des innocents et notamment des enfants.. Une cause peut-elle être juste si cela se paye de la mort d’enfants innocents.. ? Voilà en gros le thème de la pièce..


    • vote
      Valyria Tanit Valyria Tanit 11 avril 13:19

      @Gollum
      On retrouve les thématiques des romans de Dostoïevski (crime, morale, justice, nihilisme, rédemption, etc), en effet.

      [une vidéo de 6min] "Un petit classique ?" Les justes d’Albert Camus (Résumé / analyse)


    • vote
      Étirév 11 avril 11:01

      « Crime et châtiment de Dostoïevski : peut-on s’affranchir de la morale ? »
      Au fait, qu’est-ce que la morale ? La morale a t-elle une origine ?
      Si la physiologie nous montre ce qu’est le mécanisme de nos organes, si la psychologie nous apprend quelles sont nos facultés mentales et sentimentales, la morale nous enseigne l’usage que nous devons en faire.
      La physiologie nous dit ce que nous pouvons, la psychologie ce que nous faisons, la morale ce que nous devons.
      On peut la définir ainsi : « C’est l’ensemble des règles qui doivent guider la libre activité de l’homme. »
      Ces règles doivent être basées sur les vérités éternelles ; elles doivent reposer sur les principes mêmes qui ont créé la vie et dirigé l’évolution humaine. Sans cela ce n’est pas la morale.
      Ces principes étant partout les mêmes, sur notre terre, tous les hommes doivent être soumis aux mêmes règles de conduite puisqu’ils sont soumis aux mêmes lois physiologiques. Donc, la morale doit être une, elle doit être universelle comme les vérités premières qui doivent être l’origine et la fin de tous les devoirs de la vie.
      L’histoire nous montre, en effet, que les préceptes de morale, observés chez tous les peuples de la terre, reposent sur un fond commun d’idées.
      Le code du devoir a toujours été à peu près le même. La pensée souveraine qui a traversé tous les âges et qui semble être née spontanément dans toutes les parties du monde, est l’écho des lois immuables qui gouvernent la nature humaine.
      Les vérités morales, nécessaires à la vie sociale de l’humanité, ne sont le privilège d’aucun temps, d’aucun peuple, d’aucun individu. Partout la conscience humaine est soumise aux mêmes lois et se développe dans la même direction.
      Il ne doit y avoir qu’une morale, comme il ne doit y avoir qu’une science.
      La morale universelle, unie à la science universelle doit devenir la Religion suprême, celle qui dirigera tous les peuples, qui régnera dans toutes les nations.
      Mais les causes premières sur lesquelles se base la loi morale échappent à l’entendement actuel de l’humanité.
      Elles sont à l’origine de la vie sociale, comme les causes qui ont dirigé l’évolution des êtres sont à l’origine de la substance organisée.
      L’idée que nous avons d’une loi morale n’a pas son origine dans notre moi actuel, nous l’apportons en naissant, c’est un lot de l’héritage ancestral. Nous pressentons les lois de l’ordre moral, nous les proclamons et nous nous y soumettons avant de les comprendre : C’est un phénomène d’atavisme. Nous pouvons même dire que, dans l’état actuel de l’esprit humain, les causes n’en sont plus du tout comprises.
      Et, cependant, il semble qu’une voix intérieure révèle à l’homme la différence qui existe entre le bien et le mal, le juste et l’injuste. Mais la cause de ces différences lui échappe.
      C’est un flambeau que les générations se passent de mains en mains sans que personne ne songe à demander qui a allumé ce flambeau, où, quand et pourquoi.
      Les causes morales doivent être cherchées dans les principes mêmes qui ont créé la vie et dirigé l’évolution puisqu’elles sont inhérentes à la nature humaine. Mais il faut savoir quel est le rapport qui peut exister entre ces principes et les actions des hommes ; pourquoi la nature humaine est organisée de telle sorte qu’en suivant ses impulsions l’homme ne va pas toujours vers le bien ? Quelle signification on doit donner au mot bien et au mot mal, quel est le but que l’homme doit chercher à atteindre, en un mot, qu’est-ce que la perfection morale ?
      Pour répondre à ces questions, nous avons dû remonter le cours de l’évolution humaine, chercher quand et comment le mal a commencé, car, de même que nous ne comprenons l’existence de nos organes qu’en les étudiant dans leur développement, de même que nous ne comprenons leurs fonctions qu’en remontant dans l’évolution physiologique, ainsi de même, nous ne pouvons comprendre la raison des rapports établis aujourd’hui entre l’homme et ses semblables qu’en remontant le cours de l’évolution psychique de l’humanité.
      C’est donc à la science que nous avions à faire appel puisque, elle seule pouvait nous éclairer en nous montrant les faits dans leur évidence, les causes dans leur origine.
      Sans cette évidence, que la science seule nous donne, nulle autorité n’a le droit d’imposer à l’homme un précepte à observer, un devoir à remplir.
      Toute prescription non justifiée par une loi de la Nature est arbitraire et doit être suspecte. La loi doit avoir sa cause et cette cause doit être démontrée ou démontrable.
      Si l’ignorant a pu se soumettre à des préceptes imposés arbitrairement, c’est parce que, sentant sa faiblesse, il a eu confiance dans ceux qu’il a accepté pour maîtres, dans ceux à qui il a laissé le soin de penser pour lui.
      Mais celui qui se sent fort veut savoir le pourquoi des actes qu’on lui impose.
      Nous devons croire à la raison d’être des choses, pour les accepter. Sans cette condition première : la foi, rien ne peut entrer dans l’esprit des hommes.
      Pour pratiquer le bien et éviter le mal, il faut savoir où est le bien et où est le mal, il faut connaître les causes qui font que telle action est bonne, que telle action est mauvaise.
      C’est la mission de la vraie science de faire cette recherche ; c’est sa mission d’en imposer les conclusions après en avoir rendu la nécessité évidente.
      Gardons-nous bien de séparer la morale de la science comme ont eu la malencontreuse idée de le faire certains philosophes qui, tout en proclamant l’infaillibilité de la science, n’ont pas su pousser jusqu’au bout, les conclusions de leurs affirmations.
      En effet, il est une science qui régit les mœurs, et qui n’est pas autre chose qu’un chapitre de la physiologie.
      Comment se fait-il qu’ils ignorent cela ?
      C’est parce que, comme bien d’autres, ils confondent la vraie morale avec la fausse morale qui, elle, n’a pas de bases scientifiques.
      « La société nous a imposé une certaine forme de morale, mais cette société n’est que le reflet de l’ensemble de l’humanité. Or, à en croire la société et sa morale, il est permis d’être avide ; il est permis de tuer son prochain au nom de Dieu, de la patrie, ou d’un idéal ; il est permis d’être compétitif, envieux, dans les limites de la légalité. Une telle morale n’est absolument pas digne de ce nom. Il faut la renier au plus profond de soi de manière radicale » (Jiddu Krishnamurti, La vraie lumière en nous La vraie méditation).
      Voyons maintenant en quoi ces deux morales diffèrent l’une de l’autre.


      • vote
        Valyria Tanit Valyria Tanit 11 avril 17:58

        @Étirév
        "Toute prescription non justifiée par une loi de la Nature est arbitraire et doit être suspecte. La loi doit avoir sa cause et cette cause doit être démontrée ou démontrable."
        Les lois morales doivent découler des lois de la Nature ?
        Qu’est-ce que ça veut dire ?


      • vote
        Mao-Tsé-Toung Mao-Tsé-Toung 11 avril 18:40
        Valyria Tanit 11 avril 17:58

        @Étirév
        "Toute prescription non justifiée par une loi de la Nature est arbitraire et doit être suspecte. La loi doit avoir sa cause et cette cause doit être démontrée ou démontrable."
        Les lois morales doivent découler des lois de la Nature ?
        Qu’est-ce que ça veut dire ?

        °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
        @Valyria Tanit
        (d’abord merci beaucoup pour votre article)

        "Les lois morales doivent découler des lois de la Nature ?
        Qu’est-ce que ça veut dire ?

        "

        1/
        Lisez-moi quand je distingue
        —Dharma
        —svaDharma
        —svaBhava

        2/
        Lisez ce qu’en dit la BG !

        CQFD
        Comprenne qui pourra



      • vote
        Valyria Tanit Valyria Tanit 11 avril 19:30

        @Mao-Tsé-Toung
        La Bhagavad Gîtâ ?
        J’avais commencé à la lire, commentée par Swami Chinmayananda. Il faut que je m’y remette...

        (La Bhagavad Gîtâ (Poche) — Commentaire du texte intégral par Swami Chinmayananda)


      • vote
        Mao-Tsé-Toung Mao-Tsé-Toung 11 avril 20:19

        @Valyria Tanit
        A propos de la BG :
        Si vous êtes pressée

        voici l’interprétation d’Aurobindo, le pondichérien, sur le sujet :

        "Mieux vaut [pour chacun] sa propre loi d’action, même imparfaite, que la loi d’autrui, même bien appliquée. Mieux vaut périr dans sa propre loi ; il est périlleux de suivre la loi d’autrui."

        CQFD
        Comprenne qui pourra


      • vote
        Mao-Tsé-Toung Mao-Tsé-Toung 11 avril 20:51

        @Mao-Tsé-Toung
        Nonobstant je ne suis pas un fan d’Aurobindo et d’après moi l’interprétation à donner doit être précédée d’une discussion préalable :
        sur le Dharma, sur le svaDharma et sur le svaBhava, en prenant des exemples dans la vie courante (la vie réelle) un peu comme le fait notre D, avec notamment les frères Karamazov...
        Et là gaffe SVP aux conclusions hâtives, souvent proposées dans notre caboche, par les idéologies dominantes, cad qu’une indispensable méfiance absolue s’impose vu notre conditionnement (formatage) subi, qui peut-être différent selon l’époque !
        Pour moi bien comprendre notre svaBhava serait la clef ; épuicétout !

        CQFD
        Comprenne qui pourra


      • vote
        yoananda2 11 avril 21:44

        @Mao-Tsé-Toung

        "Mieux vaut [pour chacun] sa propre loi d’action, même imparfaite, que la loi d’autrui, même bien appliquée. Mieux vaut périr dans sa propre loi ; il est périlleux de suivre la loi d’autrui."

        on pourrait rebaptiser ça la loi du nombril, ce serait un peu comme le succésseur de la loi du karma en somme.

        comprenne qui comprendra


      • vote
        yoananda2 13 avril 10:58

        @Valyria Tanit

        Les lois morales doivent découler des lois de la Nature ?
        Qu’est-ce que ça veut dire ?

        ça ne veut rien dire. 

        L’appel à la nature est un sophisme qui a été identifié il y a longtemps.


      • vote
        Gollum Gollum 13 avril 11:37

        @yoananda2

        De toute façon l’Etirev serait bien en peine de nous les fournir ses fameuses lois morales découlant des lois naturelles, vu son esprit confus incapable de la moindre logique..


      • vote
        yoananda2 13 avril 12:10

        @Gollum

        l’Etirev serait bien en peine de nous les fournir ses fameuses lois morales découlant des lois naturelles

        au contraire : le masculin c’est mal, c’est la guerre, le féminin c’est bien, c’est la paix. Voila ses lois morales "naturelles" ! 

        hahaha

        dans le genre sophisme grossier


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        Valyria Tanit Valyria Tanit 13 avril 22:13

        En tant qu’animal social, nous portons tous un bagage de lois non écrites qui dictent nos comportements : la soumission à l’autorité, le fait de se conformer au groupe pour ne pas en être exclu...
        Ces lois sont bien connues des groupes avides de pouvoir et elles leur servent à manipuler et exploiter "les foules".
        Est-ce qu’il existe des lois morales simples, puissantes, universelles et intemporelles, qui peuvent protéger "les foules", juste en les appliquant ?


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        Valyria Tanit Valyria Tanit 11 avril 15:42

        « Et ce que Sonia apprend à Raskolnikov, c’est peut-être l’envie de vivre. (…) Sonia l’aidant, il va arriver à échapper au suicide. (…)
        (La culpabibilité de Raskolnikov)
         Mais la culpabilité n’est pas liée au meurtre de la vieille, elle est là avant... Et c’est bien pourquoi un certaine discours de psychologie banal ne mord pas sur ce satané roman. Dostoïevski aurait dit un jour à un de ses proches que il avait, singulièrement, après les crises d’épilepsies, le sentiment d’avoir commis une abomination. Le sentiment d’être responsable d’un crime. Et il n’y a aucune espèce de précision là-dessus. C’est simplement très profondément vécu : le remords ou la honte, on ne sait pas quoi, d’avoir commis on ne sait pas quoi, et qui est simplement affreux. »

         Jean-Louis Backès dans "Épisode 2/4 : Crime et Châtiment" (Adèle Van
        Reeth s’entretient avec Jean-Louis Backès de "Crime et Châtiment",
        sept. 2011)


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          Valyria Tanit Valyria Tanit 11 avril 15:50

          *culpabilité


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          Mao-Tsé-Toung Mao-Tsé-Toung 11 avril 16:54

          Les frères Karamazov ?

          Ils étaient 3 si ma mémoire est bonne ?!

          °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

          Mars 1970 à Paris : excellent mois ensoleillé, début de mes exploits tennistiques qui me mèneront à jouer 2 ans plus tard à RG sur le cours N°1 (pour les connaisseurs seulement) qui se trouvait tout près de l’entrée, à droite...

          Seulemen

          °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

          Mars 1970 à Paris : excellent mois ensoleillé, début de mes exploits tennistiques qui me mèneront à jouer 2 ans plus tard à RG sur le cours N°1 (pour les connaisseurs seulement) qui se trouvait tout près de l’entrée, à droite...

          Seulement 4 à 6 ans plus tard débarquent dans mon Club de la proche Banlieue Sud 3 jeunes malgaches que je baptise : les frères Karamazov

          (ils se reconnaitront peut-être ? Qui sait ?!!!)

          Je jouais donc notamment avec ces Karamazov

          (je me souviens que l’ainé s’étonne alors, un peu de mon "érudition" qui n’avait pas l’air de lui apparaitre très évidente ; surtout que je parlais alors beaucoup svastika et institution des castes dans le contexte hindou ; certains dans le Club étaient de Pondichéry))

          En tant que joueur de 1m65 seulement j’étonnais mon monde par la pratique systématique du service-volée, quel que soit l’adversaire ; les Karamazov

          eux pratiquaient souvent le retour-volée

          En tant que joueur de 1m65 seulement j’étonnais mon monde par la pratique systématique du service-volée, quel que soit l’adversaire ; les Karamazov

          eux pratiquaient souvent le retour-volée (les 3 ou seulement l’ainé ; je ne me souviens plus TB ?)

          (Je dois sortir, la suite au prochain numéro si Dieu le veut !)

          CQFD

          Comprenne qui pourra


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            Gollum Gollum 13 avril 11:38

            @Mao-Tsé-Toung

            l’ainé s’étonne alors, un peu de mon "érudition" qui n’avait pas l’air de lui apparaitre très évidente 

            Ah.. lui aussi.. j’suis pas tout seul donc.. smiley


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            Valyria Tanit Valyria Tanit 13 avril 09:32

            Une vidéo pertinente de 1 livre 1 thé :

            Crime et châtiment de Fiodor Dostoïevski
            Résumé + mon analyse de l’œuvre

            (15 déc. 2021, 28:30)



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