Il ne faudrait pas induire que c’est la bible judéo-chrétienne qui a inventé la dot, c’était la réalité répandue dans le monde antique. Les sociétés, à peu d’exception près, étaient faites pour les hommes, pas pour les femmes, au point qu’on peut se demander si ce n’est pas anthropologique. Même chez les chasseurs cueilleurs, le matriarcat n’apparaît pas comme une évidence générale.
Au chapitre trois, le vidéaste va un peu vite en besogne sur la condition féminine comparée selon les sociétés de l’antiquité, emporté par son procès contre le christianisme.
En Grèce préchrétienne, elle variait pas mal selon les cités (qui se sont agglomérées avec le temps pour faire cette civilisation hellénistique). A Athènes, comme dans nombre de cités, le rôle des femmes se réduisait aux tâches domestiques, elles n’avaient pas de droit de vote ni de participation à la vie politique. Mais à Sparte, la cité guerrière, les femmes avaient au contraire des droits comparables aux hommes, un peu comme les walkyries chez les vikings, ou les amazones des sauromates/scythes (ou aujourd’hui les combattantes kurdes du PKK). Il semble qu’en Crète, société pré-hellénistique, voire racine de la civilisation, les femmes avaient un réel pouvoir domestique, politique comme religieux (déesse aux serpents, femmes nombreuses en scènes publiques sur les fresques minoennes).
Chez les Romains, le droit préchrétien était déjà codifié à partir du paterfamilias, qui avait la tutelle sur sa femme, ses enfants, ses esclaves et son « domus ». Il semble qu’ils aient tiré justement la version la plus patriarcale de la Grèce antique.
Pour l’Egypte, joker, je ne connais pas, il semble en effet que les femmes avaient des droits réels en domestique comme en société.
Les Dravidiens de l’Indus, avant les invasions aryennes, étaient industrieux et commerçants réputés jusqu’en Chine et au bout de la péninsule arabique : divers artefacts indiquent une égalité de droits entre les hommes et les femmes.
Ce que le christianisme a détérioré, c’est l’activité sexuelle, généralisant la femme fautive, la peur avec, jusqu’à la brûler au bûcher, même si ce n’est pas une invention propre à cette religion. Alors que dans nombre de sociétés, la crainte est le bébé non prévu, pas l’activité sexuelle qui est un bienfait, ou du moins dans l’ordre des choses. Ce qui a au contraire renforcé la femme, dans le christianisme, était l’idée qu’avec l’âme éternelle et divine, les humains étaient inappropriables, pas des biens meubles, puisqu’appartenant à dieu. C’est l’imposition du mariage chrétien par consentement mutuel, avec témoins autres que les parents (le Tametsi : « voulez-vous pour époux/épouse…. »). Par ailleurs, la controverse de Valladolid est à l’origine de la fin de l’esclavage (dans le temps long). Le christianisme ne prescrit pas non plus la circoncision, ni l’excision, sans doute encore l’idée d’un corps inaltérable, support de l’âme divine.
Il y a un paradoxe. L’abrahamisme a détruit l’évidence commune aux autres religions que le féminin et le masculin sont des principes naturels créateurs. Avec la réduction à un seul dieu, masculin, unique principe (auto)créateur. La première femme, Eve, est une ravissante idiote, née de façon abracadabrantesque, rebelote avec Marie, que son mari n’a même pas pénétrée… En polythéisme, foultitude de déesses sont dotées d’une large étendue de fonctions et/ou de superpouvoirs. Pourtant, les sociétés chrétiennes et post-chrétiennes sont les plus avancées en condition féminine. Pas la peine de décrire en pays musulman. Dans ceux d’Amérique du Sud, à dominante largement chrétienne, les jeunes femmes se promènent sans problème en public en crop-top, et il ne doit pas être simple de trouver une jolie fille pour se marier qui soit vierge. Par contre, que la destruction des identités sexuelles naisse en pays post chrétiens n’a rien d’une surprise dans la mesure où l’abrahamisme a détruit conceptuellement les essences de la féminité et de la masculinité.