Forcément, la levée des casques est un symbole assez revitalisant pour
tous les philosophes humanistes de comptoir, les Chouardiens agoraphiles, les
Femens, les Anonymous et autres indignés de toute catégorie, les gauchos, les
rêveurs...
Et alors ?
Ne faudrait-il pas exhorter celui qui met en doute les conventions qui
distinguent le policier du citoyen ? Au même titre que celui qui
bouleverse un dogme sociétal inconscient, en donnant, d’un geste attentif, une
petite pièce à un pouilleux ? Ou l’activiste, qui, en réaction à une
représentation raisonnablement probable d’une certaine vision écœurante de la
réalité, casse la vitrine d’une banque ?...
Faire tomber les protocoles pour laisser place aux valeurs innées,
est-ce si effrayant ?..
Au moment où j’écris, ça n’épouvante que deux antagonistes et ravit 28
autres votants. Heureusement.
Mais surtout, ce qui est rassurant ici, c’est que ce suspicieux, mais
néanmoins jouissif, élan d’espérance "pure" sera contrecarré par
l’opinion rigoureuse, adroite, perspicace mais pourtant, dans le fond,
optimiste d’un Eric Guéguen, par exemple. (à qui je me dois de répondre à une
conversation sur l’indignation)
Bref, je me méfie des fausses joies que pourraient provoquer les
avènements comme la levée des casques (ça sonne bien, jvais en faire une
expression).
Comme un bon grec à l’ancienne, je cherche à me délier des
asservissements du sentiment, de toutes ces appétences éphémères et
fortuites.
Je les utilise ensuite pour aiguiller ma pensée.
Evidemment, pour rester fidèle à ma raison, je me dois également de
m’improviser "avocat du diable" comme ceux qui paraissent pessimistes
en fournissant un important (et respectueux) travail de réflexion.
Alors pour illustrer mes inspirations profondes ;
Je suis d’avis, que si on lâche tous les bisounours, ça finirait en
massacre, style Happy tree friends (référence très bas de gamme, je
sais.)
Mais au vu du pathos qui m’habite,
je ne peux m’empêcher d’imaginer la révolution que ça engendrerait dans le
rapport des gens à l’état si la moitié des flics du pays feraient pareil.
Je me demande alors, quel est le "potentiel de révolution" qui sommeille dans les peuples ?
Et accessoirement,
Quel serait l’impact historique de notre génération suite à une profonde (et tant espérée) insurrection ?
"l’indignation est le mode d’être de ceux qui aiment paraître, et seulement paraître attentifs au sort des autres."
Cependant, ceux qui agissent selon leurs valeurs sont en général les indignés de toutes catégories. Je ne vois pas en quoi l’indignation est incompatible avec la raison et l’humilité.
Il est toute fois vrai, malheureusement, que beaucoup usent leur temps et leur énergie pour réparer perpétuellement certaines conséquences absurdes d’un dit "système". Il y en a même qui font les offusqués par souci d’image. Je suppose que c’est ces indignés là que vous pestez.
Mais beaucoup essayent, expérimentent, cherchent, trouvent des pistes. L’indignation, c’est le début de quelque chose et il faut l’encourager, même pour ceux qui choisissent la manière de Sisyphe. Je pense que Hessel, dans "indignez-vous" a surtout voulu motiver l’héritage de la résistance par peur que l’on finisse à consentir d’être prit pour des cons. Rien de plus. Il serait content d’apprendre que ce n’est pas arrivé.
Plus la misère s’installe, plus l’indignation se propage. Là haut, ils n’arrivent plus à contenter tout le monde. Ils savent, rien qu’en considérant la course irrémédiable à la croissance, couplée à un endettement national qui défriche tout sur son passage, qu’on court vers la catastrophe. Le bien public se transformera en un fossé bien rempli de merde, en un égout putride infesté de rats malades, à l’odeur corrosive et aux poils gras !
Néanmoins, ce chaos général sera une des rares occasions pour transférer plus de pouvoir vers le peuple et transformer le bien public en jardin d’Eden plutôt qu’en fast food.
Oh oui, bonne idée, ça fera de la croissance. D’ailleurs, on devrait même taxer les activités cérébrales trop importantes lorsqu’elles ne concernent pas la consommation. Je dirais même mieux, en plus des légumes, il faudrait qu’on standardise la pensée, comme ça, c’est plus facile de faire avaler les petites astuces de ce genre...
..Hein ? Pardon ? Ah c’’est déjà entrain de se faire.. Ouf ! j’ai eu peur qu’un jour la croissance s’arrête.
Effectivement, je ne peux démontrer qu’un régime démocratique, au sens stricte, est inapplicable. De même, vous ne pouvez démontrer comment l’appliquer. C’est d’ailleurs le débat principal des agoraphiles et des agoraphobes.
Si je veux attendre qu’une démocratie à l’échelle d’un pays s’expérimente pour réfléchir à la question, je peux aller me rendormir quelques décennies.
Mais je ne dis pas QUE ça.
Je sous entend que, comme ça n’a jamais existé dernièrement, et qu’en plus, au vu de la carence de solutions qui ressortent en général d’un débat politique entre des particuliers, il faut que les débats des gens s’orientent sur les choses qui concernent directement le patelin où ils habitent !
Je dis donc aussi qu’une démocratie directe est possible à très petite échelle.
Et si je regarde alors dans cette direction, j’aperçois alors beaucoup plus de lumière que si je tentais de démontrer l’application d’une démocratie directe.
Je réfléchis donc à une infinité d’auto-souverainetés locales, collaborant avec un état mère (la France proprement dite).
La permaculture pourrait en être l’élément central, et j’admet la nécessité d’un régime représentatif, mais représentatif de petites parties de territoire plutôt que vainement représentatif d’un peuple.