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Commentaire de ffi

sur Les savants poètes de l'infiniment petit | Au cœur de la matière


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ffi 21 août 2024 08:09

@Gollum
"Remettre tout en question de façon systématique pour ne pas dire systémique... et on en arrive à remettre en question le Big Bang, l’existence des virus, l’existence du temps, que sais-je encore..

"
Tu n’as pas de raison de paniquer comme ça. Il y a des critères précis pour se questionner. Mais celui-ci n’est évidemment pas le degré de "consensus".

Ce qu’il faut regarder, c’est la quantité d’hypothèses sous-jacentes à l’affirmation.

Les virus, et bien, il suffit de regarder au microscope, et comme je ne vois aucune raison de douter que l’image grossie au microscope est bien fidèle à la réalité, il n’y a pas lieu de douter de leur existence. Quant à savoir si tel ou tel virus est bien l’origine de telle ou telle maladie, il y a un autre pas à franchir, qui n’est pas résolu par l’imagerie, mais je ne doute pas que cela soit possible.

En revanche, l’hypothèse du Big Bang, oui, elle, repose sur de nombreuses hypothèses qu’il ne faut pas oublier : la théorie de la relativité (pour l’espace-temps), la mécanique quantique (pour l’analyse spectres), la théorie des céphéides (pour l’analyse des vitesses stellaires), le modèle standard.

Premier problème : la relativité et la MQ sont incompatibles entre elles, donc déjà on s’aperçoit que la théorie est fondée sur des piliers contradictoires.

Ensuite, chacune de ces théories, relativité, MQ, sont elles-mêmes dépendantes d’autres hypothèses.

Par exemple, la théorie de la relativité s’est fondée sur la conception d’un éther statique (éther de Lorentz), conception pourtant réfutée par l’expérience de Michelson, mais finalement sauvée par l’astuce de contracter les distances et dilater le temps dans le sens du mouvement de l’interféromètre. Certes, Einstein a évacué ensuite la notion d’éther, encore que pas totalement (cf conférence de Leyde), mais tel est le fondement de la relativité. Mais il existait d’autres conceptions de l’éther, comme celle de Stokes, circulant avec les astres, pour lesquelles l’expérience de Michelson ne posait pas de problème (mais le phénomène de l’aberration lumineuse, oui)

La MQ, elle, est fondée sur la généralisation d’un paradoxe théorique concernant les phénomènes lumineux, où les phénomènes d’interférences avaient reçu une explication ondulatoire, tandis que les phénomènes photoélectriques avaient reçu une explication corpusculaire. Mais l’équation de base de la MQ peut recevoir plusieurs interprétations. Par exemple, elle peut être mise sous forme hydrodynamique (cf équation de Madelung). Il y a aussi eu des travaux de David Bohm sur ce sujet.

On pourrait encore remonter et considérer toutes ces hypothèses qui ont aboutit aux hypothèses qui ont aboutit à la relativité et la MQ et les discuter. Puis remonter encore et encore.

C’est un truc à tiroir. Quelles sont les hypothèses sous-jacentes à cette théorie ? Sont-elles vraiment incontestables ? Quelles sont les hypothèses sous-jacentes à ces hypothèses ? ...etc

Et ainsi, par analyse, on peut descendre récursivement dans l’ordre des hypothèses, sachant que les conséquences plus d’autant plus considérables si l’erreur se trouve dans les hypothèses les plus fondamentales.

Symboliquement, on peut noter quelque chose comme :

MQ(faits) = f(g(h(i(j(k(faits))))

où f, g, h, i ,j ,k sont des couches hypothétiques successives, historiques

C’est bien connu : avec des "si" on met Paris en bouteille (de Leyde)...

Mon critère est donc :
Plus il y a de tiroirs à ouvrir, plus il faut prendre les affirmations avec prudence.
Plus l’empilement des hypothèses est haut, plus il faut devenir humble quant à ce qu’on croit avoir déterminé.

C’est pourquoi l’idée que Dieu a tout créé est bonne. Dieu peut tout. On peut tout fonder sur cette simple et unique hypothèse. Grace à cette conception, on peut tenir des propos parfaitement contradictoires entre eux (puisque tel fut la volonté de Dieu) et atteindre la mauvaise foi la plus absolue : On n’est plus tenu à la cohérence des discours. Du coup, on peut échapper à toute idéologie et on peut ainsi trouver la force de discuter des fondements hypothétiques de nos déductions, plutôt que de se laisser aller pavlovement à nos penchants idéels.

Mais, attention à l’usage de cette possibilité outrageusement libératoire : il s’agit de se tenir absolument à rester en cohérence totale avec les faits.

Tel est le critère (et le seul scientifique !) : la cohérence avec les faits. Mais attention encore une fois, ces faits, malheureusement, on n’y accède qu’indirectement, toujours via une opération d’interprétation, qui regorge de paradigmes...

Bref, voilà une boussole bien éloignée de cette conférence pseudo-scientifique livrée par Vilani où les quelques maigres faits du monde réel rapportés sont finalement complètement masqués et occultés sous un déluge de considérations hypothétiques qu’il prend à priori pour déjà entendues.


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