@yoananda2
Pour répondre
à cette question « c’est entièrement imprévisible et ça dépends des choix
(arbitraires) à tout moment, ou bien il y a des forces systémiques qui se
déploient dont on peut tenter de cerner les contours et donc, anticiper
l’évolution des choses. »
Ce n’est pas
l’un ou l’autre. C’est l’un et l’autre. Oui, il y’a des forces systémiques qui
se déploient dont on peut tenter de cerner les contours et donc, anticiper
l’évolution des choses. Et oui, il y’a de l’imprévisible et ça dépend aussi des
choix fait à des moments donnés.
On en avait
déjà parlé et je t’avais dit ceci : « je ne suis pas du tout opposé à
la systémique, c’est une grille de lecture très importante pour la
compréhension. Mais je considère qu’il faut aussi avoir un recul critique
vis-à-vis d’elle et la combiner à d’autres grilles de lecture. Je vois bien
qu’il y’a des phénomènes dynamiques étalé dans le temps qui imposent un cadre
contraint qui s’auto-entretient mais je ne considère pas que ces contraintes
soient absolues au point de faire abstraction de la volonté et des choix des
acteurs. »
Et pour moi,
c’est ça la clé : combiner les outils d’analyses. Et c’est dans la grille
de lecture événementielle qu’on ressent le poids du choix des acteurs. L’exemple
adéquat, ce serait celui d’une bataille. On peut voir les raisons qui ont mené les
généraux à chercher ou éviter la bataille, à disposer les troupes d’une telle
façon plutôt que d’une autre, à voir leurs rapports avec leurs lieutenants et
leurs troupes, leurs rapports avec l’ennemi etc. Et on constate que le général
fait des choix. Il a des alternatives, qui ne sont clairement pas infinies
(donc ses choix sont réduits) mais qui restent multiples. Chaque choix a des
conséquences différentes sur les événements. Et ces choix s’enchainent de façon
séquentielle. Et c’est ainsi qu’on distingue les bons généraux et les mauvais
généraux, les chefs d’armées médiocres et les prodiges etc. Remplacer l’un par
l’autre peut changer totalement le cours d’une bataille.
Ce qui est
vrai pour les armées, l’est également pour les Etats, les entreprises ou autre :
il y’a de bons chefs, d’autres qui sont médiocres, d’autres qui sont géniaux
etc. Donc quand bien même il y a des forces systémiques qui se déploient, il y’a du brouillard, de l’incertitude, du
chaos, de l’imprévisible qui font naitre un champ de probabilité de scénarios
différents qui sont souvent le résultat du choix des acteurs ou même de hasard.
Un exemple
historique : Hitler et Staline auraient pu faire des choix totalement différents.
Et ces choix auraient donné une place totalement différente à l’Allemagne et à
la Russie dans l’histoire. Est-ce que ça veut dire qu’ils étaient totalement
libres ? Certainement pas. Mais ils
avaient des choix à faire et ils ont tranché d’une façon ou d’une autre, ce qui
a mené leur nation vers tel résultat plutôt que tel autre.
Donc : les
US sont plus fort et vassalisent tout le monde ad vitam aeternam ? Non, je
ne crois pas. Pour moi, la dissolution de la puissance US était l’élément
structurant des relations internationales. La guerre en Ukraine (donc un
événement) m’a totalement fait changer d’avis : l’effondrement US n’est en
rien une certitude, finalement celui de la Russie est bien plus probable en
comparaison. En cela, le choix d’envahir l’Ukraine en 2022 était désastreux.
Là je m’exprime
superficiellement mais on peut entrer dans les détails.