@Gollum
Fin du game.
En effet, fin du game car il est communément admis que la laïcité a un fort lien avec le protestantisme
https://shs.cairn.info/revue-apres-demain-2018-4-page-34?lang=fr
L’histoire de la laïcité est toutefois plus ancienne et elle est le fruit, peut-être inattendu, d’un long processus civilisationnel dont l’éclosion n’est pas sans relation avec l’histoire même du protestantisme.
« Il n’y a jamais eu de saint qui ne se soit préoccupé de questions sociales ou politiques », écrit Luther en 1533, dans son commentaire du psaume 127. Cette phrase du Réformateur autorise à relire l’histoire du protestantisme avec un esprit critique concernant le rapport du politique au religieux.
Par ce message, toutes les dimensions d’un engagement croyant dans la cité sont ainsi concernées, y compris, par conséquent, les dimensions sociale, économique, éthique, juridique et politique. Ce XVIe siècle aura illustré combien la conviction religieuse et l’autorité du Prince auront dû apprendre à vivre ensemble, telles des sœurs jumelles, sans n’être que des rivales. Il se trouvera aussi qu’avec la Réforme, le rapport entre ces deux instances sera repensé, reformulé, revisité en quelque sorte et les tentatives pour libérer l’Église de la puissance publique aboutiront peu ou prou, dans la traditio reformata, à de nouveaux équilibres politiques, confessionnels et territoriaux. Ces équilibres seront difficiles à tenir mais deviendront nécessaires pour que le message puisse rester force de libération, pour que l’Église reste libre de ses choix, de même que le Prince (Paix d’Augsbourg dans l’Empire, 1555, Édit de Nantes, en France, 1598).
La Réforme introduit, avec cette distance nouvellement comprise entre politique et religion, un lent et complexe processus qui mènera peu à peu en Europe à la reconnaissance d’un espace public, dans des sociétés occidentales saturées de religieux d’une seule doctrine (catholique ou protestante), un espace où s’exprimeront la diversité des confessions et peu à peu la pluralité des convictions y compris dans leurs traductions politiques et morales.
Philippe Mélanchton, dans un texte fondateur intitulé « La Confession d’Augsbourg », énoncera en 1530 combien les deux sphères du religieux et du politique ont chacune leurs responsabilités et leurs prérogatives et combien, sans les confondre, ni les séparer totalement, elles sont présentes au cœur de la cité et au cœur de chacun. « Il ne faut pas confondre le pouvoir ecclésiastique et le pouvoir civil » écrit-il dans le paragraphe 68. Ou encore « il ne faut pas mêler et confondre les deux pouvoirs, le spirituel et le temporel » « car le pouvoir spirituel a la mission de prêcher l’Évangile et d’administrer les sacrements. Il ne doit pas empiéter sur un domaine autre que le sien, ni établir ou destituer des rois, ni abolir ou ruiner l’obéissance dûe aux autorités, ni prescrire ou imposer des lois au pouvoir temporel… ».
CQFD 