Il y a essentiellement deux manières de faire de l’abstraction :
Soit on tire nos considérations abstraites à partir de phénomènes réels (réalisme).
Soit on tire nos considérations abstraites à partit de principes idéels (idéalisme).
L’abstraction est une bonne chose quand elle consiste à opérer avec son intelligence sur des perceptions (comme quand le scientifique déduit de son expérimentation), mais elle est une mauvaise quand elle pousse à fausser ses perceptions pour complaire à son intelligence (comme quand le scientifique interprète ses résultats expérimentaux de manière à sauver sa théorie).
Tu prétends ne jamais faire d’abstraction ? Mais tout idée que tu as, toute parole que tu dis, est quelque chose tirée hors du réel, c’est-à-dire une abstraction... Donc tu mens (en fait tu imites surtout la rhétorique de Machiavel, ce qui prouve une absence de réflexion chez toi)
Maintenant, ce n’est pas parce que tu tires apparemment tes abstractions du réel que celles-ci sont nécessairement vraies. En effet, il est toujours possible de soigneusement sélectionner parmi les faits ceux qui arrangent tes idées préconçues, ce qui est particulièrement aisé en matière historique étant donné la quantité des faits à considérer : cela revient alors à manipuler ses perceptions afin de confirmer ses préjugés.
Cette soigneuse sélection des faits se retrouve dans les théories machiavéliques et marxistes, qui sont donc des théories manipulatoires, de fausses abstractions.
L’art politique, c’est l’art de régler la coexistence des populations. Pour cela il faut connaître les hommes et leurs sociétés non seulement d’un point de vue général, mais encore d’un point de vue particulier. En ce sens, il ne peut y avoir de théorie politique universelle, il y a toujours des considérations pratiques à prendre en compte : on ne peut pas se dire « j’ai la théorie parfaite, et maintenant je peux agir en fermant les yeux » ...
Ce qui complique encore un peu plus la chose, c’est que l’homme ne peut prendre conscience de son fonctionnement que par l’idée, et sur ce point, dans sa connaissance intérieure, l’homme ne peut plus se reposer précisément sur des phénomènes réels. Par conséquent, les abstractions concernant l’âme humaine ne peuvent dériver que d’idées, et il s’ensuit que la philosophie n’est qu’une abstraction idéelle de l’homme sur lui-même. Dans ce cas, l’on jugera de la pertinence d’une abstraction philosophique sur l’honnêteté, la sincérité du philosophe.