« Interdire l’expression du racisme, c’est tout simplement militer pour le refoulement, pour le secret, le renfermement et la conspiration. Et à terme, pour plus d’attentats, plus de meurtres. »
Serge July, alors directeur du quotidien Libération, "La liberté d’expression des racistes", Libération, 24 novembre 1978.
LIBERTÉ D’EXPRESSION : dans le bloc de constitutionnalité, c’est la première des libertés, la liberté y étant elle-même le premier des quatre droits de l’homme d’août 1789, avec la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression.
« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. » Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, article 10, proposé par Boniface Louis de Castellane (1758-1837, emprisonné sous la Terreur) et l’évêque Jean-Baptiste Gobel (1er septembre 1727 - mort guillotiné le 13 avril 1794).
« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Déclaration ..., article 11, proposé par le duc Louis-Alexandre de La Rochefoucauld d’Enville (1743 - tué le 4 septembre 1792 par des volontaires qui faisaient la chasse aux aristocrates).
La liberté d’expression doit donc valoir pour tous, et pour tous les sujets, même les croyances subjectives (religieuses notamment). À défaut, ce ne serait qu’un privilège. Cette liberté est, bien au delà de son aspect de démocratie politique, la condition de l’objectivité de la connaissance et de la transmission non dogmatique des savoirs.
Il se disait ce trait d’esprit que feu François Mitterrand avait deux avocats, Robert Badinter pour le droit, et Roland Dumas pour le tordu. Je montre ici qu’à l’occasion Robert Badinter sait faire dans le tordu.
ROBERT BADINTER (né en 1928) : « Chacun de nous est libre de critiquer ou d’approuver l’homosexualité, chacun est libre de choisir ou de ne pas choisir tel ou tel comportement sexuel ; cela relève du choix intime de la personne ; plus ce choix est intime, plus il est secret et mieux cela vaut. » Sénat, séance du 5 mai 1982, Journal Officiel [Débats Sénat], page 1634. [Par la suite, Badinter approuva la loi Halde de 2004 qui introduisait la notion de propos discriminatoires à l’égard des homos et qui permit des condamnations à l’égard du député Vanneste, condamnations annulées en cassation].
Une société de connaissance ouverte, héritière des cultures grecque et romaine, peut difficilement accepter une telle disposition qui soumet le débat public présent et futur à des décisions d’un tribunal militaire (accords de Londres du 8 août 1945), prises il y a plus de 68 ans, alors même que l’histoire de la Seconde guerre mondiale en était au point zéro. N’est-ce pas Georges Clémenceau qui disait "La justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique" ? La France qui supprima la justice militaire de la Cour de sûreté de l’État (loi du 4 août 1981) institue l’histoire militaire ...