Macron avait pensé "acheter la paix sociale" avec les 100 euros de prime d’activité, mais en faisant le choix d’une mesure catégorielle, il n’a rien résolu sur le fond quant aux problèmes de décrochage du pouvoir d’achat, alors que bien des revenus ne sont plus revalorisés et que l’inflation repart. Une baisse de la TVA sur les produits de première nécessité s’appliquant à tous, une indexation des revenus sur l’inflation, une meilleur contribution des profits à la solidarité nationale, voilà ce qui aurait concerné chacun. Le grand débat, qui pouvait être une bonne idée de démocratie participative, est verrouillé, le gouvernement dicte les thèmes et propose les réponses (et frappe d’interdit certains thèmes). Alors comme le mouvement lui échappe, il tente de le discréditer, avec le soutien des média.
Cette phrase n’est évidemment pas à prendre isolément ni au pied de la lettre, c’est tout un contexte et l’amplification symbolique (tout comme par exemple le texte de la Marseillaise). Par contre lorsque dans des discours à froid, les gouvernants traitent l’ensemble des Gilets Jaunes de fauteurs de violence, homophobie ou antisémitisme, il y a là un amalgame volontaire, qui monte le taquet de la véhémence verbale en retour.
Donc on peut dire que cette phrase est un certes excès regrettable (ce n’est pas l’épouse du président qui est en cause dans la situation sociale), dans un cadre de révolte contre les injustices et le mépris envers la population.
La question de la sélectivité du CICE selon la taille de l’entreprise n’est pas forcément identifié explicitement sur les ronds points, mais cela fait partie de la notion générale de justice fiscale et d’équité entre les "gros" qui profitent du système, et les "petits" qui raquent.
Le jeune représentant des GJ est d’une trempe supérieure à bien des porte paroles plus ou moins politisés, il a explicitement mentionné l’indexation des revenus sur l’inflation, car le décrochage du pouvoir d’achat vient non seulement de la hausse de la pression fiscale, mais en plus (double peine) de l’érosion par l’inflation de certains revenus quasiment "gelés". Alors que pour les fameux 1% (ou 2, ou 3) du haut de la pyramide, la pression fiscale a baissé (fin ISF sur les capitaux financiers, flat tax...), et les revenus ont augmenté bien plus vite que l’inflation et que la moyenne des revenus. C’est ce hiatus qui a conduit à la protestation et au soutien par 80% des Français au pic du mouvement. Rien n’est réglé, car des "primes" payées par le budget sont une esquive, le vrai problème est le partage des fruits de l’activité économique où la part du capital s’accroit, au détriment des revenus et des impôts sur les profits.